« Si tu as la foi, tu dois nécessairement sortir de toi, tu dois sortir de toi, et montrer ta foi socialement », a insisté le pape François lors de la messe qu’il célébrait ce 25 avril 2020, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.
« La foi, soit elle est missionnaire, soit elle n’est pas foi », a-t-il affirmé dans son homélie retransmise en direct streaming : « La foi te conduit nécessairement dehors, elle t’amène à la donner, parce que la foi est transmise essentiellement. Elle n’est pas tranquillité. »
Pour le pape, « si je dis que je suis chrétien et que je vis comme un païen, cela ne va pas ! Cela ne convainc personne. Si je dis que je suis chrétien et que je vis comme chrétien, cela attire ». La vie chrétienne, c’est « le service comme façon de vivre ».
Voici notre traduction de son homélie.
Homélie du pape François
Aujourd’hui l’Eglise célèbre saint Marc, un des quatre évangélistes, très proche de l’apôtre Pierre. L’Évangile de Marc a été le premier à être écrit. Il est simple, un style simple, très proche. Si vous avez un peu de temps aujourd’hui, prenez cet Évangile et lisez-le. Il n’est pas long, mais il est plaisant de lire la simplicité avec laquelle Marc raconte la vie du Seigneur.
Et dans l’Évangile – qui est la fin de l’Évangile de Marc, ce que nous avons lu – il y a l’envoi du Seigneur. Le Seigneur s’est révélé comme sauveur, comme le Fils unique de Dieu ; il s’est révélé à tout Israël et au peuple, spécialement aux apôtres, aux disciples, avec plus de détails. C’est l’au-revoir du Seigneur : le Seigneur s’en va, il “fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu”. Mais avant de partir, quand il apparaît aux Onze, il leur dit : “Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création”. C’est le caractère missionnaire de la foi. La foi, soit elle est missionnaire, soit elle n’est pas foi. La foi n’est pas seulement pour moi, pour que je grandisse avec la foi : c’est une hérésie gnostique. La foi te conduit toujours à sortir de toi. Sortir. La transmission de la foi ; la foi doit être transmise, elle doit être offerte, surtout par le témoignage : “Allez, que les gens voient comment vous vivez”.
Quelqu’un me disait, un prêtre européen, d’une ville européenne : “Il y a tant d’incrédulité, tant d’agnosticisme dans nos villes, parce que les chrétiens n’ont pas la foi. S’ils l’avaient, ils la donneraient certainement aux gens”. Il manque l’esprit missionnaire. Car à la racine il manque la conviction : “Oui, je suis chrétien, je suis catholique, mais…”. Comme si c’était une attitude sociale. Sur ta carte d’identité tu t’appelles comme cela, et “je suis chrétien”. C’est une donnée de la carte d’identité. Ce n’est pas la foi. C’est quelque chose de culturel. La foi te conduit nécessairement dehors, elle t’amène à la donner, parce que la foi est essentiellement transmise. Elle n’est pas tranquillité. “Ah, vous voulez dire, père, que nous devons tous êtres missionnaires et aller dans les pays lointains ?”. Non, c’est une partie de l’esprit missionnaire. Cela veut dire que si tu as la foi, tu dois nécessairement sortir de toi, tu dois sortir de toi, et montrer ta foi socialement. La foi sociale est pour tous : “Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création”. Et cela ne veut pas dire faire du prosélytisme, comme si j’étais une équipe de foot qui fait du prosélytisme ou une association caritative. Non, la foi n’est “en aucune façon prosélytisme”. C’est montrer la révélation, pour que l’Esprit Saint puisse agir chez les personnes, et comme témoin par le service. Le service est une façon de vivre: si je dis que je suis chrétien et que je vis comme un païen, cela ne va pas ! Cela ne convainc personne. Si je dis que je suis chrétien et que je vis comme chrétien, cela attire. C’est le témoignage.
Une fois, en Pologne, un étudiant universitaire m’a demandé : “Mais à l’université j’ai beaucoup de compagnons athées. Que devrais-je dire pour les convaincre ?” – “Rien, mon cher, rien ! La dernière chose que tu dois faire est de dire quelque chose. Commence à vivre et eux, en voyant ton témoignage, te demanderont : ‘Mais pourquoi est-ce que tu vis comme cela ?’”. La foi doit être transmise, mais pas pour convaincre, pour offrir un trésor. “Il est là, vous voyez ?”. C’est aussi l’humilité dont parlait saint Pierre dans la Première Lecture : “Bien-aimés, vous tous, les uns envers les autres, prenez l’humilité comme tenue de service. En effet, Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce”. Si souvent dans l’Eglise, dans l’histoire, des mouvements sont nés, des groupes d’hommes ou de femmes qui voulaient convaincre de la foi, convertir … De vrais “prosélytes”. Et comment ont-ils fini ? Dans la corruption.
… Mais où est la sécurité ? Comment puis-je être sûr qu’en sortant de moi-même je serai fécond dans la transmission de la foi ? “Proclamez l’Évangile à toute la création”, vous ferez des merveilles. Et le Seigneur sera avec nous jusqu’à la fin du monde. Il nous accompagne. Dans la transmission de la foi, il y a toujours le Seigneur avec nous. Dans la transmission de l’idéologie il y aura des maîtres, mais quand j’ai une attitude de foi qui est transmise, c’est le Seigneur qui m’accompagne. Je ne suis jamais seul dans la transmission de la foi. Le Seigneur est avec moi pour transmettre la foi. Il l’a promis: “Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde”.
Prions le Seigneur, afin qu’il nous aide à vivre notre foi ainsi : la foi aux portes ouvertes, une foi transparente, pas “prosélyte”, mais qui montre : “Je suis comme cela”. Et par une saine curiosité, tu aides les personnes à recevoir ce message qui les sauvera.
Traduction de Zenit, Anne Kurian