« Une prière même faible, sincère et humble, si elle est un appel à la force divine qui ne peut être que dans le Seigneur, est l’arme puissante qui nous est donnée pour collaborer à l’avènement du Royaume », a assuré le p. Pietro Bovati lors de la retraite de la Curie romaine à Ariccia, dans la matinée de ce 5 mars 2020. Une retraite que le pape, enrhumé, suit depuis Sainte-Marthe.
Le bibliste jésuite a centré sa méditation sur « l’engagement personnel que le Seigneur demande à chacun de nous, en fonction de la vocation qu’il a reçue, du don de la grâce, avec les devoirs liés à cette grâce ». « Toute forme de négligence, de paresse, a-t-il prévenu, équivaut à de la malice et du mépris à l’égard de Dieu. »
Si « aujourd’hui, dans une société malade, blessée, abandonnée, face à des nécessités urgentes et douloureuses », le prêtre est beaucoup sollicité, « cela ne doit pas faire perdre de vue l’essentiel » qui est d’abord « la prière ». Le p. Bovati a alors donné pour modèle « la figure de Moïse, médiateur non seulement de la Parole de Dieu, mais aussi médiateur de la grâce pour un peuple en danger constant de se perdre » : Moïse « prie continuellement et sa prière est efficace et salvifique ».
Dans l’histoire, a-t-il fait remarquer, « l’ennemi de l’Église a pris des apparences diverses, parfois celles du pouvoir politique et judiciaire, parfois celles de faux prophètes qui ont semé haine et dérision contre les convictions et la manière de vivre des chrétiens. Et cela continue encore de nos jours, sous des formes de persécution ».
Pour le prédicateur, cette persécution a parfois une « virulence inouïe… dans l’intention de démolir toute l’équipe de l’Église, attaquant ceux qui sont plus faibles dans la foi, mal équipés du point de vue spirituel pour accepter la confrontation, le mépris, la marginalisation ». Elle « attaque sournoisement ceux qui ne sont pas préparés » : « D’immenses forces idéologiques et financières, coalisées pour favoriser des intérêts partisans, sont devenues menaçantes et emploient tous les moyens, de l’information déformée aux rétorsions économiques, pour détruire ce que le Christ a fondé. »
« Le roc sur lequel est édifiée l’Église résistera au mal, mais pas sans notre active participation dans la foi et la prière », a affirmé le p. Bovati. « Moïse sur la montagne représente la force secrète qui conduit l’armée au triomphe : l’immersion en Dieu est la condition indispensable pour que le combat sur la terre soit gagné… la victoire s’obtient les bras levés, dans le geste traditionnel du priant : l’issue de la guerre n’est pas dans les mains du guerrier, Josué, mais dans celles de Moïse qui invoque Dieu. »
En outre, constate le secrétaire de la Commission biblique pontificale, Moïse se fait aider par les prêtres Aaron et Hur, qui soutiennent ses bras » : « Chacun est indispensable, mais c’est dans la communion, expression priante de l’alliance entre frères et avec Dieu, que la prière est efficace, notamment parce qu’elle exprime l’amour, la solidarité, l’unité, dans un service identique pour tout le peuple de Dieu ». D’où une invitation à ne pas dissocier « prière et contemplation d’une part et combat et action de l’autre ».
Mais à la prière, doit se conjuguer « un minimum de foi », a-t-il conclu : « La prière n’est pas une simple récitation, elle n’est pas dans la formalité des lèvres : si le cœur n’adhère pas au mystère de Dieu, la prière est vaine. »
Au fil de sa méditation, le p. Bovati a aussi pointé du doigt certaines armes « désuètes, inadaptées, insuffisantes », en particulier dans la formation : « La préparation culturelle en sciences humaines et sciences religieuses doit faire l’objet d’un bon discernement si l’on ne veut pas être ingénu et irresponsable devant une vague agressive de doctrines et de pratiques contraires à l’Évangile, en présence de faux prophètes… La formation humaine et spirituelle des clercs et des laïcs apparaît aujourd’hui comme une priorité apostolique. »
Avec une traduction d’Hélène Ginabat