Mariella Enoc, Simona Ercolani et Federica Sciarelli © Vatican Media

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Carême 2020 : « L’Évangile est concret », par Mariella Enoc (traduction complète)

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« Partager la richesse au lieu de l’accumuler », cette invitation du pape François est, pour Mariella Enoc, « l’un des passages les plus intenses » du Message de Carême 2020.

S’interrogeant sur la manière de « mieux réaliser » la mission de La présidente de l’Hôpital des enfants malades « Bambino Gesù » de Rome, qui dépend du Saint-Siège, Mariella Enoc, est intervenue dans la présentation du Message du pape François pour le Carême 2020, lors de la conférence de presse de ce lundi 24 février au Vatican.  Sont également intervenus le card. Peter Kodwo Appiah Turkson, préfet du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, et le p. Bruno-Marie Duffé, secrétaire de ce même dicastère.

La présidente de l’Hôpital Bambino Gesù a souligné le « caractère concret de l’Évangile qui conjugue les paroles et les oeuvres »: « Cette dimension concrète est notre premier devoir moral. La capacité de soigner, alimentée par la recherche scientifique, est notre première forme de charité, notre principale richesse à partager ».

« La science et les compétences acquises dans le domaine clinique ne sont pas une propriété privée à conserver jalousement, mais un talent à mettre à la disposition des autres, dans la logique de l’Évangile », a poursuivi Mariella Enoc: « À travers la formation des médecins et les soins apportés aux enfants du monde entier, évidemment dans les limites de nos possibilités, nous avons cherché à interpréter concrètement la “diplomatie de la miséricorde” du pape François ».

Voici notre traduction, de l’italien, de l’intervention de Mariella Enoc.

HG

Intervention de la présidente de l’Hôpital pédiatrique Bambino Gesù, Mariella Enoc

Le carême est « un temps favorable », une « nouvelle opportunité », nous suggère le pape François dans son message. En ce temps de grâce, nous sommes appelés à nous arrêter, à chercher à recomposer les fractures entre vie et foi, à comprendre comment mieux réaliser notre mission, à faire un discernement.

L’un des passages les plus intenses du message de cette année est l’invitation à partager la richesse, au lieu de l’accumuler. Je me sens profondément touchée par ces paroles, surtout pour mon service en tant que présidente de l’Hôpital pédiatrique Bambino Gesù. Il a deux richesses principales :

–       le savoir, la connaissance médico-scientifique

–       le savoir faire, la capacité de soin et d’assistance

Au cours des ans, l’hôpital s’est beaucoup développé, il est devenu l’un des plus grands centres de soins et de recherche au monde. La tension croissante vers l’excellence n’a pas été simplement un objectif de politique d’entreprise, mais cela a été une tension de type moral, une sorte d’impératif éthique : le devoir d’obéissance – nous a rappelé le Saint-Père à l’occasion de la dernière audience – « à l’autorité morale des enfants malades et souffrants. Ce sont eux qui commandent. Ce sont eux qui commandent nos travaux, nos pensées, nos recherches et nos actions ».

Je crois que la capacité d’apporter une réponse efficace aux problèmes de santé des enfants est un signe du caractère concret de l’Évangile qui conjugue les paroles et les oeuvres. Peut-être n’y a-t-il pas de plus grande pauvreté que celle de ceux qui sont privés de santé à cause d’une maladie grave, d’une maladie chronique – qui t’accompagne toute la vie – ou d’une maladie rare, dont tu ne réussis même pas à découvrir le nom. Quand une famille accompagne un enfant chez nous, elle nous demande avant tout de le guérir, et si nous ne pouvons pas le guérir, de le soigner au mieux. Cette dimension concrète est notre premier devoir moral. La capacité de soigner, alimentée par la recherche scientifique, est notre première forme de charité, notre principale richesse à partager.

La science et les compétences acquises dans le domaine clinique ne sont pas une propriété privée à conserver jalousement, mais un talent à mettre à la disposition des autres, dans la logique de l’Évangile. De cette conscience, sont nées au fil des ans les expériences de coopération internationale de l’Hôpital, qui nous voient aujourd’hui engagés dans des projets qui sont surtout de formation, dans de nombreux pays : de la Syrie à la République centrafricaine, de la Jordanie à la Tanzanie, de l’Inde à l’Éthiopie et de la Chine au Cambodge.

Saint Jean-Paul II parlait de « la charité du savoir qui édifie la paix » (en 1983, dans un discours à l’Académie pontificale des Sciences). Le partage du savoir est exactement le principe qui inspire tous nos projets de coopération sanitaire internationale, la manière principale dont le Bambino Gesù cultive sa vocation d’ « Hôpital des enfants du monde », signe concret de la charité de l’Église et du pape. À travers la formation des médecins et les soins apportés aux enfants du monde entier, évidemment dans les limites de nos possibilités, nous avons cherché à interpréter concrètement la « diplomatie de la miséricorde » du pape François.

Notre expérience de Bangui, en République centrafricaine, où le Saint-Père avait ouvert le Jubilé de la Miséricorde en novembre 2015, représente un modèle original et en même temps exemplaire de notre engagement. Dans les trois années qui ont suivi, nous avons pourvu à la construction du centre pour enfants sous-alimentés et à la restructuration des services, à la formation du personnel médical et sanitaire ainsi qu’à l’accueil à Rome des enfants qui nécessitaient des interventions chirurgicales complexes non réalisables dans la capitale centrafricaine.

L’année dernière, l’Hôpital a accueilli et soigné par la voie humanitaire plus de 100 enfants en provenance du monde entier – pas seulement de Bangui –, prenant entièrement en charge les dépenses, grâce au soutien de sa Fondation et à la générosité d’un grand nombre. Les demandes d’aide sont nombreuses, il est difficile de dire non à celui qui cherche une espérance.

Mais ce temps de carême nous demande à nous aussi de ne pas considérer comme acquis ce que nous faisons. Il est nécessaire que nous revenions au sens profond de nos actions. Pour le Bambino Gesù, cette période est par conséquent une occasion de vérification. Pour comprendre si nos gestes de partage sont vraiment des semences de solidarité, qui sapent l’idéologie de l’économie du rebut. Pour discerner comment trouver chaque jour la juste mesure entre durabilité et ouverture au monde.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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