Léontine Dolivet, capture @ YouTube diocèse de Rennes

Léontine Dolivet, capture @ YouTube diocèse de Rennes

Le Dimanche de la Parole à l’école de Léontine Dolivet

« Donner à l’Evangile dans nos classes de catéchisme la place qui lui convient »

Share this Entry

« Désormais le troisième dimanche du temps ordinaire est consacré à la mise en valeur de la Parole de Dieu dans la liturgie, selon l’invitation du Pape François à toute l’Eglise. A la lumière de cet événement, il nous a paru intéressant de découvrir comment la Parole de Dieu a trouvé sa place dans la vie et la catéchèse de Léontine Dolivet » (1888-1974), explique la postulatrice de sa cause de béatification et canonisation, Marie-Anne Boever.

Léontine Dolivet, capture @ YouTube diocèse de Rennes

Léontine Dolivet, capture @ YouTube diocèse de Rennes

***

Nous avons déjà eu l’occasion de dire que Léontine lisait l’Evangile régulièrement et désirait en vivre. Elle écrit en 1918 :  Je m’efforcerai, Dieu aidant, de faire « miennes » les pensées de Jésus. Je les trouve dans le Saint Evangile… Chaque jour je les prendrai successivement à l’Evangile de la messe pour en faire ma nourriture quotidienne, en faisant mes pensées, mes convictions personnelles.

Première place à l’Evangile

L’une des premières phrases, dans l’un de ses carnets de catéchisme où elle inscrit ses principes fondamentaux, nous donne tout de suite l’orientation primordiale de sa pédagogie : Donner à l’Evangile dans nos classes de catéchisme la place qui lui convient : la première. Ce qui ne l’empêchait pas d’enseigner toutes les connaissances du catéchisme « classique » pour former l’esprit chrétien des enfants comme l’Eglise de l’époque le proposait.

Mais elle voulait que Jésus ait la première place, qu’il soit connu et aimé, et surtout qu’il fasse lui-même son œuvre dans le cœur des enfants. Elle voulait se faire petite et s’effacer pour ne pas lui faire obstacle, au prix de sa vie. S’appuyant sur un verset de l’Evangile, elle priait ainsi en 1919 :  Que mon champ d’apostolat reste infécond, je l’accepte si tel est votre bon plaisir, pourvu qu’il n’y ait pas de ma faute, espérant, ô mon Dieu, que dans votre bonté Vous daignerez réaliser en ma faveur la parole évangélique : « Si le grain de blé jeté en terre ne meurt pas… ».

En paroles et en images : Celui qui nous a tant aimés 

Dans cette attitude humble, et joyeusement consentie, Léontine utilisait tout son art et sa foi à raconter aux enfants la vie de Jésus. Même les épisodes douloureux de la Passion faisaient l’objet de son enseignement pour toucher le cœur des petits. En 1914, elle écrit : Le récit de la Passion de Notre Seigneur produit sur ces jeunes âmes une impression profonde. Je n’en ai pas trouvé un cette année qui n’y prenne un vif intérêt. Ils sont « empoignés », les sentiments qui les agitent se traduisent parfaitement sur leur visage ; ils demandent eux-mêmes la suite de ce récit. L’un d’eux disait un jour à son camarade en s’en allant : « On resterait à écouter cela. » Je profite alors de cette disposition d’âme pour leur dire avec toute mon ardeur : « Aimez donc Celui qui vous a tant aimés » et je ne doute pas qu’ils n’aient éprouvé, ne fût-ce qu’un instant, le désir d’aimer Jésus.

Les chrétiens contemporains de Léontine étaient rares à posséder un missel ou une bible. Ils n’employaient pas non plus le terme de « Bonne Nouvelle ». Mais Léontine avait su utiliser pour les enfants les meilleurs moyens techniques de l’époque pour rendre le catéchisme attrayant et enthousiasmant. La récompense, quand ils avaient bien suivi les leçons, était de leur montrer la vie de Jésus dans le « Grand catéchisme en images ». Au presbytère de Betton, on peut encore voir ces grands livres d’images en couleurs qui ont aidé des générations d’enfants à mémoriser l’Evangile. Plus tard viendront les premières projections d’images puis de films en noir et blanc.

La Parole mise en pratique dans ma vie

Si Léontine arrivait ainsi à captiver les enfants en leur racontant la vie de Jésus, autrement dit : en les évangélisant, c’est parce qu’elle-même était habitée par l’Evangile. Sa méditation de la Parole, reçue à la messe quotidienne, a modelé sa vie, éclairé son esprit, nourri sa foi, formé son intelligence et fait grandir sa capacité d’aimer. Tout cela ne pouvait que se transmettre dans sa pédagogie, par son exemple autant que par ses paroles. Sa détermination était claire : Montrer Jésus aux enfants de telle sorte que je puisse leur dire, par ma conduite seulement : « Imitez-moi comme j’imite Jésus. »

Voici quelques bribes de ses méditations, glanées au cours de sa vie.

Je serai le « sel de la terre » en élevant, par mes exemples, les cœurs et les esprits vers Dieu. (1916)

Je serai la « lumière » qui éclaire et édifie, la lumière qui montre Jésus. Il faut qu’à me voir on se sente attiré vers Dieu. (1916)

Je « pardonnerai » comme Jésus a pardonné (1916)

« Aimez-vous les uns les autres comme je Vous ai aimés. » Je m’efforcerai d’être près de tous, un reflet de la bonté de Jésus. (1917)

« Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Je veux avoir part avec Vous, bon Maître, je veux avoir part à la communion de votre Corps et de votre Sang précieux. Combien je dois être pure pour m’approcher si près de Celui qui est la pureté par essence. (1917)

« Je Vous ai donné l’exemple, afin que ce que j’ai fait, vous le fassiez aussi vous-mêmes. » Jésus m’invite à l’humilité et à la charité fraternelle, je m’efforcerai de faire dans ma vie une grande place à ces deux vertus. (1917)

La foule s’écrie : « A mort », mais moi, de toute l’ardeur de mon être, je crie : « Vive Jésus dans mon cœur ! Vive Jésus dans ma volonté ! Vive Jésus dans mon esprit ! Vive Jésus dans tout mon être ! » Afin que Jésus vive, tout doit mourir en moi : mon orgueil, toute recherche de moi-même, toute volonté propre. (1917)

Jésus tire à l’écart le sourd-muet pour le guérir. C’est à l’écart, loin de la foule et du bruit que Jésus continue d’opérer ses guérisons. Près de toute personne, pratiquer la douceur, l’amabilité, la charité, le zèle, toujours dans l’unique but de glorifier Dieu et pour la sanctification des âmes. (1934)

Contempler la vie de Jésus : qu’a-t-Il accordé à la nature dans son Incarnation, dans la crèche, à Nazareth, dans sa Passion, dans son Eucharistie, dans tous les détails de sa vie ? Et moi… que n’ai-je pas accordé à la nature dans tous les détails de la mienne ? Quelles réformes s’imposent ? Me mettre généreusement à l’œuvre pendant cette retraite et continuer la lutte et le combat jusqu’à mon dernier soupir. (1939)

« Le temple de Dieu est saint, et ce temple c’est vous. » (St Paul) Vouloir ce temple de mon âme aussi saint que possible : pas de faute volontaire, si légère fût-elle. (1939)

« Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres. Après, viens et suis-moi. » Je sentais au fond de mon âme, Seigneur qu’il me manquait quelque chose pour être pleinement à Vous. Vous avez parlé, Vous me donnez la lumière. Vous me laissez la liberté. Que je n’en use, ô mon Dieu, que pour répondre pleinement, totalement, joyeusement à votre appel. (1941)

Comme on le voit, la méditation de Léontine débouchait sur des résolutions qu’elle notait et tenait avec beaucoup de fidélité. Elle avait compris que la Parole de Dieu ne demandait qu’à porter du fruit dans son cœur, transformer sa vie en amour, en joie et en paix, non seulement pour elle-même mais aussi et surtout pour les autres. Elle décidait donc chaque jour de répondre à l’appel de la Parole pour la mettre en pratique selon sa force, son ardeur, son amour de Jésus. Elle le faisait simplement, dans l’ordinaire de sa vie quotidienne.

Enfin, si Léontine était au milieu de nous, ne nous répéterait-elle pas ce mot du pape François : « Ne nous lassons jamais de consacrer du temps et de prier avec l’Écriture Sainte. » (26/01/2020)

Et encore : « La catéchèse n’est pas une leçon, la catéchèse c’est communiquer une expérience et le témoignage d’une foi qui enflamme les cœurs, qui introduit le désir de rencontrer le Christ…  Je pense souvent au catéchiste comme à celui qui s’est mis au service de la Parole de Dieu » (27/11/2018 – Congrès de catéchistes)

Marie-Anne Boever,

postulatrice

Source:

Newsletter n°14  Léontine Dolivet : La Parole de Dieu : vie et catéchèse

Février 2020

 

 

 

 

Share this Entry

Rédaction

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel