Dicastère pour la communication © Vatican Media

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Document d’Abou Dhabi : une « véritable formation au dialogue », par P. Ruffini

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Un engagement et une promesse mutuelle

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Le Dicastère du Saint-Siège pour la communication « a consacré et continue de consacrer ses énergies à faire connaître les principes de la Déclaration sur la fraternité humaine à tous », a déclaré Paolo Ruffini, précisant que le pape a « personnellement fait connaître (ce Document), étant donné que partout où il va, il le donne en cadeau ». Le Dicastère, a-t-il également indiqué, travaille avec des partenaires extérieurs « afin de communiquer les principes du Document non seulement comme information, mais comme véritable formation au dialogue et à la connaissance mutuelle, et de l’avoir comme ligne directrice dans notre travail quotidien ».

Le préfet du Dicastère du Vatican pour la Communication est intervenu au début d’un Congrès marquant le premier anniversaire de la signature du Document sur la fraternité humaine. L’ « Arab Media Convention for Human Fraternity » (Conférence arabe sur les médias pour la fraternité humaine) s’est tenue à Abou Dhabi les 3 et 4 février 2020 à l’occasion de l’anniversaire de la signature du Document sur la fraternité humaine, en 2019, par le pape François et Ahmed el-Tayeb, le grand imam d’al-Azhar.

« Ensemble, nous pouvons offrir un grand service en faveur de la paix et de la fraternité », a affirmé Paolo Ruffini, qui voit dans cette Conférence arabe « une opportunité pour renouveler un engagement et une promesse mutuelle : l’engagement d’être toujours des instruments de paix, même – ou peut-être surtout – dans la manière dont nous communiquons ». « La vérité ne peut être servie par la désinformation », a-t-il insisté, invitant les participants à travailler ensemble « afin que l’ère numérique, l’ère des médias de masse, l’ère de la communication nous conduisent à la culture du respect mutuel ». Enfin, a-t-il conclu, « notre tâche est de garder et de transmettre les valeurs de la paix, de la justice, du bien commun, de la beauté, de la fraternité humaine ».

Voici notre traduction de l’intervention de Paolo Ruffini, préfet du Dicastère du Vatican pour la communication, publiée dans L’Osservatore Romano.

HG

Intervention de Paolo Ruffini

Éminents dirigeants religieux et civils,

Mesdames et Messieurs,

Al Salam Alaikum ! La paix soit avec vous !

La célébration du premier anniversaire de la signature du Document sur la fraternité humaine représente pour moi, et pour nous tous, une opportunité pour renouveler un engagement et une promesse mutuelle : l’engagement d’être toujours des instruments de paix, même – ou peut-être surtout – dans la manière dont nous communiquons ; la promesse de continuer sans hésitation sur le chemin entrepris. Avant tout, je voudrais exprimer ma gratitude à l’égard du Conseil des sages musulmans (Muslim Council of Elders) qui a organisé ce congrès sur une vision commune de la fraternité humaine dans le monde des médias.

Nous savons tous combien il est important, comme l’a dit le secrétaire général du Conseil des sages musulmans, de développer une vision d’une politique des médias basée sur la fraternité humaine et la coexistence pacifique.

Je suis également reconnaissant envers le Comité supérieur pour la mise en oeuvre du Document sur la fraternité humaine, qui a continuellement promu depuis août dernier la réalisation des objectifs de la déclaration d’Abou Dhabi.

Nous sommes tous conscients, d’une part, de l’importance des moyens de communication et de la communication elle-même, en général, dans la construction de la fraternité universelle et, d’autre part, du fait qu’ils peuvent au contraire être le moyen de continuer à fomenter des malentendus, des ressentiments, des inimitiés, qui ont jusqu’à présent malheureusement embrouillé notre présent et menacé notre avenir.

Pour ces raisons, le Dicastère du Saint-Siège pour la communication a consacré et continue de consacrer ses énergies à faire connaître les principes de la Déclaration sur la fraternité humaine à tous, et bien sûr à nos lecteurs catholiques.

À cet égard, je voudrais partager avec vous quelques données.

Le voyage apostolique à Abou Dhabi a été l’un des moments majeurs où le pape François a attiré l’attention du monde entier.

Les communications du Vatican ont enregistré des pics dans leur propre visibilité et ont atteint de nouveaux publics.

Ce graphique montre la forte augmentation, début février, de ceux qui suivent notre page Facebook mondiale.

Comme c’est toujours le cas lors d’un voyage apostolique, le Dicastère a concentré une énergie considérable sur la production non seulement de contenus textuels, mais aussi de contenus vidéo.

En particulier, la conférence sur la Fraternité humaine a été suivie en direct par le biais du portail web, de la chaîne YouTube et de la page Facebook.

La retransmission en direct de l’événement a été visualisée (dans la version sonore originale ainsi que dans la version avec traduction simultanée dans les 6 langues principales et en arabe) 163 000 fois sur YouTube et 400 000 fois de plus sur Facebook sur les pages en anglais, espagnol et portugais.

La publication sur la page anglaise concernant l’événement en direct a atteint un million d’utilisateurs.

En outre, outre les retransmissions en direct, qui ont été suivies par le plus grand nombre de personnes et ont bénéficié de la plus grande couverture, les articles parus sur Vatican News et dans L’Osservatore Romano (le journal du Saint-Siège) ont contribué au récit de la Conférence et de tout le voyage, et ont couvert tout ce qui s’est ensuite passé tout au long de l’année 2019 jusqu’à aujourd’hui, en particulier en ce qui concerne les travaux du Haut Comité.

Le cœur du travail journalistique produit par Vatican News est notre site web publié en 35 langues. Les thèmes associés au Document sur la fraternité humaine ont été publiés de façon continue tout au long de l’année dernière. En ne prenant en considération que les 6 langues principales plus l’arabe, 350 articles ont été publiés (41 en arabe, 29 en français, 43 en italien, 40 en anglais, 85 en portugais, 48 en espagnol, 63 en allemand).

À cela s’ajoutent les productions audio de Radio Vatican diffusées dans les zones où la langue respective est prédominante.

La visite en elle-même et, en particulier, le moment de la signature du document, ont été parmi les moments qui ont reçu le plus d’attention sur les réseaux sociaux de Vatican News : nous avons enregistré un pic d’interactions sur Twitter de janvier (Journée mondiale de la jeunesse au Panama) à début février (Abu Dhabi).

De février 2019 à aujourd’hui, chaque programme linguistique a couvert le thème de la « Fraternité humaine » avec une moyenne de 20 messages par langue sur Facebook. Un tiers de ces messages ont été postés lors de la visite du pape François aux Émirats arabes unis ; les autres ont été postés tout au long des mois suivants, au fur et à mesure du processus de promotion du document : la création du Haut Comité (19 août), les deux premières réunions (11 et 20 septembre), jusqu’à la proposition conjointe à l’ONU (5 décembre) de proposer l’instauration d’une Journée mondiale de la fraternité humaine.

La plus grande attention portée aux paroles du Saint-Père est venue des utilisateurs des médias sociaux sur ses comptes officiels : les tweets postés sur @Pontifex pendant sa visite ont été lus par plus de 7 millions d’utilisateurs en anglais, 5,5 millions en espagnol et environ un million en portugais et en italien.

Une galerie de photos a été créée sur le compte Instagram @Franciscus et a atteint 1,8 million d’utilisateurs.

Il faut dire aussi que le Saint-Père a personnellement fait connaître le Document sur la fraternité humaine, étant donné que partout où il va, il le donne en cadeau.

Enfin, des accords sont en cours pour certaines productions télévisées que le Dicastère entend promouvoir avec des partenaires extérieurs afin de communiquer les principes du Document non seulement comme information, mais comme véritable formation au dialogue et à la connaissance mutuelle, et de l’avoir comme ligne directrice dans notre travail quotidien.

C’est ce même Document, signé l’année dernière, qui nous demande d’assumer cette responsabilité commune ; au nom de la vérité, au nom de ce en quoi nous croyons ; au nom de notre croyance dans le transcendant, l’absolu, le sacré. Il nous demande de travailler ensemble, en tant que personnes de bonne volonté, afin que l’ère numérique, l’ère des médias de masse, l’ère de la communication nous conduisent à la culture du respect mutuel.

Le document est un pont que nous sommes tous appelés à franchir. Le chemin peut être long, il peut nécessiter du temps, mais c’est le bon.

Mais il y a une route qui se trouve au-delà du pont et qui doit être indiquée afin que le chemin puisse être compris et entrepris.

Le document esquisse un scénario possible, une histoire qui n’est pas encore écrite. C’est nous qui avons besoin de vivre et de raconter cette histoire, en construisant un avenir meilleur grâce à la connaissance mutuelle.

La bonne volonté est ce dont nous avons besoin avant tout.

Les religions du monde ont une tâche éducative : tirer le meilleur de chaque personne (1). Les religions ne sont pas le problème. Elles font partie de la solution car elles peuvent nous rappeler qu’il faut élever notre cœur vers le Très-Haut pour apprendre à construire la cité de l’homme (2).

Chaque communicateur (indépendamment de ses propres croyances religieuses) doit se sentir personnellement appelé à cette tâche, concrétisant l’esprit du document sur la fraternité humaine. Comme l’a affirmé avec force le pape François : les moyens de communication et la communication elle-même doivent être constructifs, au lieu d’être destructeurs ; des moyens pour rassembler les gens au lieu de les séparer ; des moyens de dialogue au lieu de monologue ; des moyens pour fournir une orientation au lieu de désorienter ; des moyens pour promouvoir la compréhension au lieu de l’incompréhension ; des moyens pour marcher dans la paix au lieu de diffuser la haine.

Le mal ne peut être combattu par le mal. La vérité ne peut être servie par la désinformation. C’est aussi aux communicateurs de diffuser cette culture, cette prise de conscience, cette compréhension mutuelle. La suppression de la fausse nécessité de la controverse, du faux impératif selon lequel l’identité d’une personne dépend de la présence d’un ennemi, dépend aussi des communicateurs. Nous devons démasquer le faux dilemme entre se répudier soi-même et répudier les autres. Notre tâche est de garder et de transmettre les valeurs de la paix, de la justice, du bien commun, de la beauté, de la fraternité humaine. Nous devons comprendre que la fraternité exige du courage ainsi que l’acceptation de l’altérité, dans la diversité, en reconnaissant le fait que, bien que nous soyons différents, nous sommes frères et sœurs.

Nous, les communicateurs, devons dire qu’une personne peut rester elle-même tout en reconnaissant une autre personne comme un frère ou une sœur, un compagnon de route, avec qui – malgré la diversité – beaucoup de choses sont partagées – beaucoup plus que nous ne le pensons souvent.

Il faut dire « non » à la violence, au terrorisme, au fanatisme, à la corruption, à la discrimination.

Il faut dire « non » à l’utilisation de la religion pour inciter à la haine, à la violence, à l’extrémisme, au fanatisme aveugle, ou pour justifier des actes de meurtre, de terrorisme, d’oppression.

Et il faut dire « oui » à la protection de la création, à une distribution équitable des ressources, à la protection de la vie depuis sa conception jusqu’à la mort naturelle, à la famille en tant que noyau fondamental de la société, à la liberté en tant que don de Dieu.

Il y a des milliers d’histoires de bien qui doivent être racontées.

La liberté de culte ainsi que la liberté religieuse doivent être défendues.

En outre, le concept de citoyenneté doit inclure à la fois des devoirs et des droits pour les hommes et les femmes, les adultes et les enfants, ainsi que les personnes âgées.

Comme l’a écrit le pape François dans son message pour la 54e Journée mondiale des communications sociales, pour comprendre cela, nous devons « redécouvrir des histoires qui nous aident à ne pas perdre le fil au milieu des nombreux problèmes actuels. Nous avons besoin d’histoires qui révèlent qui nous sommes vraiment ».

Pour y parvenir, tous les moyens d’information du Vatican sont constamment consacrés à mettre en œuvre, dans tout ce que nous faisons en tant que communicateurs, le processus que le Document a initié.

Parler de fraternité est la meilleure façon de reconstruire le tissu de la conscience de l’unité de l’humanité et de bâtir un avenir pacifique.

Exposer la courte vue et démêler le mensonge de la haine est la meilleure tactique pour s’assurer que les mêmes erreurs ne seront pas commises à nouveau.

Le monde a soif de paix, de vérité et de justice.

« Au milieu de la cacophonie des voix et des messages qui nous entourent, nous avons besoin d’une histoire humaine qui puisse parler de nous-mêmes et de la beauté qui nous entoure. Un récit qui puisse considérer notre monde et ses événements avec un regard tendre. Un récit qui puisse nous dire que nous faisons partie d’une tapisserie vivante et interconnectée. Un récit qui puisse révéler l’entrelacement des fils qui nous relient les uns aux autres » (3).

Cette vérité dynamise l’activité de tous ceux qui travaillent aujourd’hui au sein du Dicastère du Saint-Siège pour la communication et dans l’Église catholique.

Chaque jour, ils tissent la tapisserie déchirée de la fraternité. Ils viennent de toutes les parties du monde, ils parlent toutes les langues du monde, mais ils sont unis par la même conscience, la même persévérance à diffuser, par tous les moyens, la culture de la tolérance et de la coexistence pacifique.

Ainsi, aujourd’hui, nous sommes heureux d’être ici avec vous pour renouveler notre engagement.

Ensemble, nous pouvons offrir un grand service en faveur de la paix et de la fraternité.

(1) Cf. Pape François, Rencontre internationale avec le cheikh et les représentants des différentes communautés religieuses d’Azerbaïdjan (2 octobre 2016).

(2) Cf. Discours de Sa Sainteté le pape François aux participants à la Conférence internationale de la paix (28 avril 2017).

(3) Pape François, Message pour la 54ème Journée mondiale des communications sociales.

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Hélène Ginabat

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