La fin des Actes des apôtres « contient et récapitule tout le dynamisme de la Parole de Dieu, Parole irrépressible qui veut courir pour communiquer le salut à tous », a expliqué le pape François. Le récit ne se termine pas avec « la mort de Paul » mais avec « le dynamisme de sa prédication, d’une Parole qui “n’est pas enchaînée” ». Le pape a souligné que, si « Paul n’a pas la liberté de mouvement », en revanche, « il est libre de parler parce que la Parole n’est pas enchaînée ».
Le pape François a donné la dernière catéchèse sur les Actes des apôtres, lors de l’audience générale de ce mercredi 15 janvier 2020, dans la Salle Paul VI du Vatican, en présence d’une grande foule de visiteurs et de pèlerins venus d’Italie et du monde entier. Il a commenté la fin du chapitre 28 où saint Luc évoque les deux années pendant lesquelles l’apôtre Paul, en résidence surveillée à Rome, annonçait librement la Parole de Dieu à tous ceux qui venaient à lui.
« Cette maison ouverte à tous les coeurs en recherche », a ajouté le pape, « est l’image de l’Église qui, bien que persécutée, non comprise et enchaînée, ne se lasse jamais d’accueillir avec un coeur maternel tous les hommes et toutes les femmes pour leur annoncer l’amour du Père qui s’est rendu visible en Jésus ». Et d’invoquer l’Esprit-Saint afin qu’il « nous rende nous aussi capables, comme Paul, d’imprégner nos maisons de l’Évangile et d’en faire des cénacles de fraternité, où accueillir le Christ vivant, qui “vient à nous en tout homme et en tout temps” ».
Voici notre traduction de la catéchèse en italien du pape François.
HG
Catéchèse du pape François
Chers frères et soeurs,
Nous concluons aujourd’hui la catéchèse sur les Actes des apôtres, avec la dernière étape missionnaire de saint Paul, à savoir Rome (cf. Ac 28,14).
Le voyage de Paul, qui a été une seule et même chose que celui de l’Évangile, est la preuve que les routes des hommes, si elles sont vécues dans la foi, peuvent devenir un lieu de passage du salut de Dieu, à travers la Parole de la foi, qui est un ferment actif dans l’histoire, capable de transformer les situations et d’ouvrir des voies toujours nouvelles.
Avec l’arrivée de Paul au coeur de l’Empire, se termine le récit des Actes des apôtres, qui ne se termine pas par le martyre de Paul, mais par les semailles abondantes de la Parole. La fin du récit de Luc, centré sur le voyage de l’Évangile dans le monde, contient et récapitule tout le dynamisme de la Parole de Dieu, Parole irrépressible qui veut courir pour communiquer le salut à tous.
À Rome, Paul rencontre avant tout ses frères dans le Christ, qui l’accueillent et lui donnent du courage (cf. Ac 28,15) et dont l’hospitalité chaleureuse laisse imaginer combien son arrivée était attendue et désirée. Puis il lui est accordé d’habiter seul sous garde militaire, c’est-à-dire avec un soldat qui lui sert de garde ; il était en résidence surveillée. Malgré sa condition de prisonnier, Paul peut rencontrer les notables juifs pour expliquer pourquoi il a été contraint de faire appel à César et pour leur parler du royaume de Dieu. Il cherche à les convaincre au sujet de Jésus, en partant des Écritures et en montrant la continuité entre la nouveauté du Christ et l’ « espérance d’Israël » (Ac 28, 20). Paul se reconnaît profondément juif et il voit dans l’Évangile qu’il prêche, c’est-à-dire dans l’annonce du Christ mort et ressuscité, l’accomplissement des promesses faites au peuple élu.
Cette première rencontre informelle, qui trouve les juifs bien disposés, est suivie d’une autre plus officielle pendant laquelle, pendant une journée entière, Paul annonce le royaume de Dieu et cherche à ouvrir ses interlocuteurs à la foi en Jésus, en partant « de la loi de Moïse et des prophètes » (Ac 28,23). Comme ils ne sont pas tous convaincus, il dénonce l’endurcissement du coeur du peuple de Dieu, cause de sa condamnation (cf. Is 6,9-10) et célèbre avec passion le salut des nations qui se montrent, elles, sensibles à Dieu et capables d’écouter la Parole de l’Évangile de la vie (cf. Ac 28,28).
À ce moment du récit, Luc conclut son oeuvre en nous montrant non pas la mort de Paul mais le dynamisme de sa prédication, d’une Parole qui « n’est pas enchaînée » (2 Tm 2,0) – Paul n’a pas la liberté de mouvement mais il est libre de parler parce que la Parole n’est pas enchaînée – c’est une Parole prête à se laisser semer à pleines mains par l’apôtre. Paul le fait « avec une entière assurance et sans obstacle » (Ac 28,31), dans une maison où il accueille ceux qui veulent recevoir l’annonce du royaume de Dieu et connaître le Christ. Cette maison ouverte à tous les coeurs en recherche est l’image de l’Église qui, bien que persécutée, non comprise et enchaînée, ne se lasse jamais d’accueillir avec un coeur maternel tous les hommes et toutes les femmes pour leur annoncer l’amour du Père qui s’est rendu visible en Jésus.
Chers frères et soeurs, au terme de cet itinéraire, vécu ensemble en suivant la course de l’Évangile dans le monde, que l’Esprit ravive en chacun de nous l’appel à être des évangélisateurs courageux et joyeux. Qu’il nous rende nous aussi capables, comme Paul, d’imprégner nos maisons de l’Évangile et d’en faire des cénacles de fraternité, où accueillir le Christ vivant, qui « vient à nous en tout homme et en tout temps » (cf. II Préface de l’Avent).
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat