Visages de la miséricorde en France © Vatican Media

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La «réciprocité» signe de la miséricorde authentique (traduction complète)

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Pèlerinage des «Visages de Miséricorde» de France

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Pour que des actes de miséricorde soient « authentiques », il faut la « réciprocité », fait observer le pape François qui cite à ce sujet l’encyclique de saint Jean-Paul II, « Dieu riche en miséricorde ».
Le pape a en effet reçu en audience ce vendredi 13 décembre au Vatican des représentants d’associations, congrégations et mouvements dédiés à la miséricorde divine en France, guidés par le cardinal Philippe Barbarin qui a présenté au pape François leurs vœux pour ses 50 ans de sacerdoce.
Ces jeudi 12 et vendredi 13 décembre 2019, les responsables d’une vingtaine de Visages de Miséricorde en France « désireux de faire connaître la Joie et la Force de la Miséricorde, selon leurs charismes », vivent un pèlerinage à Rome dont cette audience privée avec le pape François, indique le site des Congrès de la miséricorde.
Mais ce message du pape s’adresse à toute l’Eglise : « Il est décisif pour l’Église et pour la crédibilité de son annonce qu’elle vive et témoigne en personne de la miséricorde. »
Comme exercice spirituel, le pape a invité à contempler la crèche.
Voici notre traduction, rapide, de travail, à partir du texte italien prononcé par le pape.
AB
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Je vous remercie de cette visite, à l’occasion de votre pèlerinage à Rome en tant que représentants des associations, congrégations et mouvements dédiés à la miséricorde divine. Je remercie le cardinal Barbarin pour les paroles par lesquelles il a introduit notre rencontre. Ce qui vous unit, c’est le désir de faire connaître au monde la joie de la miséricorde à travers vos différents charismes: avec les personnes en situation de précarité, avec les migrants, les malades, les prisonniers, les personnes handicapées, les familles blessées. Cette diversité que vous représentez est très belle: elle exprime le fait qu’il n’y a pas de pauvreté humaine que Dieu ne veuille rejoindre, toucher et secourir. « L’Église a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, le cœur battant de l’Évangile, qui doit à travers lui rejoindre le cœur et l’esprit de toute personne » (Bulle Misericordiae Vultus, 12).
La miséricorde est, en effet, l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre et qui ouvre nos cœurs à l’espérance d’être aimés pour toujours, quelle que soit notre pauvreté, quel que soit notre péché. L’amour de Dieu pour nous n’est pas une parole abstraite. Il s’est rendu visible et tangible en Jésus-Christ. Pour cela, « c’est sur la même longueur d’onde que doit s’orienter l’amour miséricordieux des chrétiens. Comme le Père aime, de même ses enfants aiment. Comme il est miséricordieux, nous sommes de même appelés à être miséricordieux les uns envers les autres » (ibid., 9).
Dans la Bulle d’Indiction du Jubilé de la Miséricorde, Misericordiae vultus, je souhaitais que, du point de vue de la nouvelle évangélisation dont le monde a tant besoin, « le thème de la miséricorde » soit « re-proposé avec un nouvel enthousiasme et une action pastorale renouvelée. Il est décisif pour l’Église et pour la crédibilité de son annonce qu’elle vive et témoigne en personne de la miséricorde. Son langage et ses gestes doivent transmettre la miséricorde pour pénétrer le cœur des gens et les inciter à retrouver le chemin du Père » (ibid., 12).
Je vois, et je m’en réjouis, qu’il y en a beaucoup dans l’Église en France qui, avec le soutien et l’encouragement de leurs pasteurs, entendent cet appel. Et c’est beau que vous le fassiez ensemble, que vous trouviez, ensemble, des moyens de vous rencontrer pour prier et mettre en commun, partager vos difficultés et vos expériences, mais surtout les joies et les actions de grâce, car il y a une vraie joie à proclamer la miséricorde du Seigneur, de Celui qui s’est agenouillé devant ses disciples pour leur laver les pieds et qui a dit: « Heureux êtes-vous si vous faites de même » (cf. Jn 13, 17) (cf.Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 24) . Je vous souhaite de pouvoir trouver des moyens de témoigner autour de vous de cette joie d’évangéliser en annonçant la miséricorde de Dieu, pour en transmettre la passion aux autres et de diffuser dans le monde entier la culture de la miséricorde, dont il a un besoin urgent.
Et pour que vous puissiez le faire, je voudrais vous inviter à toujours faire très attention à garder vivante, tout d’abord au plus profond de votre cœur, cette miséricorde dont vous témoignez. Puisse l’accomplissement, parfois très exigeant et fatigant, de vos activités caritatives ne jamais étouffer le souffle de tendresse et de compassion dont elles doivent être animées, et le regard qui l’exprime. Pas un regard qui part du haut avec condescendance, mais un regard de frère et de sœur, qui remet debout. C’est la première chose que les personnes secourues doivent trouver en vous, car elles doivent d’abord se sentir comprises, appréciées, respectées, aimées. Et puis une autre chose, qui n’est pas écrite mais le cardinal vous traduira ensuite. Il n’y a qu’une seule façon légitime de regarder une personne de haut en bas, une seule: l’aider à se remettre debout. Sinon, on ne peut jamais regarder une personne de haut en bas. Uniquement comme vous le faites: pour l’aider à se remettre debout.
D’un autre côté, je crois que nous ne pouvons être des apôtres authentiques de la miséricorde que si nous sommes profondément conscients d’en avoir été l’objet de la part du Père, et aussi, humblement, d’en être toujours l’objet pendant que nous l’exerçons. Saint Jean-Paul II a écrit: « Nous devons aussi continuellement purifier toutes nos actions et nos intentions dans lesquelles la miséricorde est comprise et pratiquée de façon unilatérale […]. Alors seulement, en effet, elle est vraiment un acte d’amour miséricordieux: lorsque, en la mettant en oeuvre, nous sommes profondément convaincus qu’en même temps nous en faisons l’expérience de la part de ceux qui l’acceptent de nous. Si ce bilatéralisme, cette réciprocité font défaut, nos actions ne sont pas encore des actes de miséricorde authentiques » (Enc. Dives in misericordia, 14).
En cette période de préparation à Noël, je propose de contempler la crèche. « [C’est] une invitation à « sentir », à « toucher » la pauvreté que le Fils de Dieu a choisie pour lui-même dans son Incarnation. Et ainsi, implicitement, c’est un appel à le suivre sur le chemin de l’humilité, de la pauvreté, du dépouillement, qui mène de la crèche de Bethléem à la Croix. C’est un appel à le rencontrer et à le servir avec miséricorde dans nos frères et sœurs qui sont le plus dans le besoin (cf. Mt 25, 31-46) » (Lettre apostolique Admirabile signum, 3), et je vous souhaite d’en être fortement encouragés et renouvelés dans votre dévouement.
Je vous remercie encore une fois de votre visite et je vous souhaite à vous, à vos familles et à vos communautés de joyeuses fêtes de Noël. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Merci.
© Traduction de Zenit, Anita Bourdin
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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