« Nous avons un territoire qui est délimité, homologué, enregistré, mais nous vivons sous la menace continuelle d’une expropriation. Ce peuple subit des menaces de mort, y compris les personnes qui travaillent en lien avec eux. »
C’est ce que raconte l’auditrice au synode pour l’Amazonie, Laura Vicuna Pereira Manso, sœur catéchiste franciscaine, d’ethnie Kariri, dans une interview à Vatican News en italien du 22 octobre 2019.
Il faudrait que le service des femmes « soit vraiment reconnu et confirmé pour le ministère » qu’elles « assument déjà » dans les différentes communautés catholiques de l’Amazonie, affirmait déjà la religieuse dans une interview du 17 octobre 2019.
« Cela fait déjà vingt ans que je travaille avec les populations autochtones, raconte la sœur, surtout dans la défense du territoire et dans la défense des droits. En tant qu’anthropologue, je les aide aussi dans le processus de reconnaissance territoriale et, pour certains peuples, de la reconnaissance ethnique. Avec le peuple Karipuna, nous travaillons en vue d’influencer au niveau politique, dans le domaine national et international. »
Il y a trente ans, explique la sœur, les Karipuna « ont été au bord de l’extermination et seules huit personnes ont survécu ; aujourd’hui, pour la deuxième fois dans l’histoire, en moins de quarante ans, ils vivent douloureusement une seconde tentative de génocide ».
En 2004, il n’y avait que 14 Karipuna de Rondonia officiellement reconnus, sur le territoire autochtone du village Panorama. Leur territoire, pratiquement 153 mille hectares, dans les communes de Porto Velho et Nova Mamoré, a été ratifié en 1998 par le gouvernement brésilien. Avec le boom des récoltes de caoutchouc, au début du XXe siècle, puis avec la construction de la voie ferrée Madeira-Mamoré, de nombreux groupes autochtones de la région à migrer vers d’autres zones. Les Karipuna ont résisté jusqu’à la fin des années 70, lorsque certaines maladies épidémiques ont presque détruit le peuple : seules huit personnes ont survécu alors. Et aujourd’hui, la tragédie risque de se répéter, parce que leurs terres sont convoitées par les fazendeiros grileiros, les accapareurs de terres, qui brûlent la forêt pour pouvoir la transformer en terrain agricole.
« Le Conseil indigène missionnaire (créé par les évêques brésiliens pour défendre les droits des indigènes – ndlr) est en contact direct avec le peuple Karipuna pour la défense de ses territoires, raconte sœur Laura. Par conséquent, pour nous, la bonne nouvelle, les nouvelles routes d’évangélisation que nous cherchons, c’est que ces peuples puissent conserver leur terre, voir leurs droits respectés et qu’ils puissent ainsi vivre bien une ‘vie bonne’».
La présence de l’Église dans la région, poursuit la sœur, recouvre des « situations diverses » : « il y a des peuples où il existe une évangélisation explicite, qui ont le droit d’avoir leurs ministres ordonnés, des ministres de la Parole et de l’Eucharistie. En revanche, il y a des peuples qui dialoguent pour connaître la proposition d’évangélisation de la part de l’Église. Et il y a enfin des peuples chez lesquels le contact avec l’Église est un dialogue interreligieux, où l’on respecte les différences. Mais pour les premiers, ceux qui connaissent une évangélisation explicite, il est nécessaire et urgent que l’Église se rende présente par l’Eucharistie et à travers des ministères ordonnés pour les hommes et pour les femmes ».
Avec une traduction d’Hélène Ginabat
Soeur Laura V. Pereira Manso C.F., capture @Vatican YouTube
Amazonie : «Nous vivons sous la menace continuelle d’une expropriation»
Sr Laura V. Pereira Manso engagée auprès des Karipuna