Session inaugurale du Synode sur l'Amazonie, 7 octobre 2019 © Vatican Media

Session inaugurale du Synode sur l'Amazonie, 7 octobre 2019 © Vatican Media

Le synode pour l'Amazonie arrive à un tournant estiment les participants

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L’appel à la conversion et à la sainteté

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Le synode arrive à un tournant estime Paolo Ruffini, préfet du dicastère romain pour la Communication. Dans différentes interventions il semble que soit arrivé avec vigueur l’appel à la conversion – y compris « écologique » – et l’appel à la sainteté de Vatican II.
Concrètement, le synode arrive à la seconde partie des travaux de groupes et les synthèse devraient être publiée vendredi soir.
Les principaux thèmes du « discernement synodal » sont toujours par exemple « la maison commune », l’Amazonie comme « paradigme de la terre maison commune »; avec le devoir chrétien du respect de la création, une « conversion écologique »; il n’y aura pas forcément une « seconde Arche de Noé » si cette conversion n’advient pas; l’importance d’être une « Eglise en sortie »; le  rôle des laïcs, des femmes, la pastorale des vocations, les migrations…
Les intervention en assemblée ont été « fortes » mardi, et ce mercredi matin, il a été dit qu’il ne convient pas de s’arrêter sur tel ou tel thème mais que le processus synode doit aussi donner « une vision globale, universelle, unitaire », avec un « élan apostolique » que l’on risque de perdre si l’on n’a pas un « regard général », si l’on ne cherche que des « réponses à des problèmes »: il faut regarder « l’arbre entier » pas seulement telle ou telle « branche », mais ausis « marcher » ne pas faire du sur place…
Ce qui est en jeu c’est la « prophétie » qui consiste à « laisser de la place à l’Esprit Saint », car la solution n’est pas dans la loi des hommes la solution mais dans l’Esprit, et « l’élan prophétique ».
Pour le p. Giacomo Costa SJ, de la Commission d’information du Synode, l’assemblée est en train de faire un « saut qualitatif », dans une « dynamique spirituelle », avec la perception, « après tant d’interventions » de la nécessité « d’un pas nouveau », d’un « saut de qualité », comme dans le récit évangélique de la guérison de l’aveugle Bartimée qui « laisse son manteau pour aller à Jésus » (cf. Marc 10, 46-52).
Il s’agit, explique-t-il d’une invitation à la « confiance », une « surabondance de force, de foi » pour « ne pas fragmenter les réponses », notamment face aux violences auxquelles les populations amazoniennes doivent faire face.
Pour cela, les interventions ont souligné l’importance de « laisser de la place à l’Esprit » pour voir « quels pas doivent être faits », et pas seulement des « petites solutions » ou de « petits ajustements », autrement, ne pas se « bloquer » sur des « horizons limités »: avec les « détails » ont perd « l’unité profonde de la réalité ».
Le p. Costa fait observer que l’on « ne sait pas où cela conduit », mais les premiers effets se sont fait ressentir dans les travaux de groupe où la parole a été comme « libérée », pour être « plus personnelle », « enrichie ».
Donc la seconde moitié du synode devrait permettre « d’approfondir » la réflexion, dans « l’écoute » et dans « la prière ».
Yesica Patiachi Tayori, enseignante bilingue du peuple Harakbut, et membre de la pastorale indigène du vicariat apostolique de Puerto Maldonado (Pérou), où elle a participé à la rencontre avec le pape François, a ensuite témoigné des souffrances de son peuple et du rôle des populations amérindiennes comme « gardiens de la forêt« , face aux « crimes environnementaux », aux attentats contre la sécurité, l’alimentation, l’éducation, les abus, les homicides, la traite des personnes, les mauvais traitement contre les femmes: elle a donc lancé son appel à « dénoncer ces crimes », « faire brèche dans la conscience humaine ». Son peuple aurait pu disparaître sans l’intervention d’un père dominicain.
Mgr Ambrogio Spreafico, évêque italien de Frosinone, bibliste, a notamment souligné que le synode pour l’Amazonie, pour un Italien, constitue un « défi » pour « repenser notre façon d’être chrétien dans le monde et des pasteurs en Europe ».
Pour Mgr Wellington Tadeu de Queiroz Vieira, évêque de Cristalândia (Brésil), le synode arrive à la moitié de son dialogue: « Nous avons des opinions différentes », constate-t-il, alors certains pensent « qu’on se bat », mais « ce n’est pas vrai » car avec cette « diversité de visions », le synode constitue en même temps un « milieu très fraternel, de très grand respect ».
Pour la question du « sacerdoce » : il reconnaît que « beaucoup d’idées » concernent ce problème concret » qui frappe l’Amazonie mais aussi « d’autres régions du monde ». Il a fait remarquer la « diminution ministères ordonnés » en Europe. Il cite les solutions envisagées par tel ou tel participant du synode: des hommes mariés – bibliquement, théologiquement, pas d’obstacle « , mais il affirme qu’il ne voit pas « dans le célibat le problème principal » pour le manque de prêtres. Il pointe le problème, dit-il de « notre incohérence, notre infidélité, des scandales, du manque de sainteté des ministres ordonnés »: voilà l’obstacle à ce que « des jeunes s’engagent sur ce chemin ».
Il rappelle la phrase du pape François invitant les pasteurs à porter « l’odeur des brebis », mais il fait observer que souvent, on manque de leur apporter « le parfum du Christ ». Il déplore: « Nous sommes des annonceurs de nous-mêmes ».
Il entrevoit un remède: « Nous avons besoin de nouveaux chemins, d’un chemin de sainteté », de « conversion »: il s’agit de voir « ce que nous devons modifier », pour pouvoir « éveiller les vocations », leur « proposer la sainteté ».
Il précise: « Pas une sainteté qui regarde juste le ciel, mais une sainteté qui est ouverture au dialogue dans le respect des différences, annonce de la vérité chrétienne, de la compassion, de l’amour engagé dans les transformations sociales ».
« Jésus n’a pas perdu son attrait » scande l’évêque.
Enfin, il pointe une « mauvaise distribution des prêtres « sur le territoire »: il y a des situations, ,en Amérique latine, où beaucoup de prêtres ne sont pas disponibles pour aller « vers des régions » qui posent des « défis », des « difficultés ». il souhaite un « changement de mentalité » dans la formation des prêtres notamment.
Mgr Pedro Conti, évêque de Macapá, au Brésil a, de son côté, souligné la gratitude du synode pour le « laïcat » et il remercie les laïcs pour « ce qu’ils font en Amazonie ». Dans une paroisse regroupant plus de 100 communautés, il arrive que le prêtre en vienne que deux fois l’an pour la messe: l’Eglise en Amazonie a un son visage amazonien et laïc, avec la « générosité de nos frères et soeurs », et c’est important de mettre en valeur « ce qu’ils peuvent faire en construisant l’Eglise »
Il insiste que l’importance de la famille, mais aussi des compétences professionnelles comme « fondamentales »: « on a besoin de leurs compétences », ce qui est aussi un « antidote au cléricalisme », que de reconnaître les compétences, le savoir, la contribution décisive des laïcs », « y compris en politique ». On a besoin de représentants qui « connaissent la doctrine soc Eglise ».
Il fait aussi remarquer l’importance du savoir faire des cultivateurs, enseigner mieux avec
D’autres témoins des débats font aussi remarquer « les convergences sur certains sujets, comme la nécessité de mettre en place des « ministères laïcs », que ce soit d’hommes ou de femmes »; « l’urgence d’inverser la vapeur pour sauver la planète d’une catastrophe écologique », et de reconnaître « le devoir de tout chrétien de respecter la création ».
Certains fustigent les « peurs » qui replient sur une attitude de « conservation », contrairement à ce qu’explique le nouveau saint, le cardinal John Henry Newman: « Vivre c’est changer, être parfait c’est avoir changé souvent » (« To live is to change, and to be perfect is to have changed often« ).
Ou bien le fait que de confier, comme c’était une habitude, des territoires à des communautés religieuses frappées aujourd’hui par un peu de « lassitude » n’est plus forcément judicieux.
Pour ce qui est du manque de prêtres, les interventions se posent la question: pourquoi? Est-ce « parce qu’on ne se marie pas »? La réponse a été « non »: il y a « d’autres raisons » à analyser.
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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