Session inaugurale du Synode sur l'Amazonie, 7 octobre 2019 © Vatican Media

Session inaugurale du Synode sur l'Amazonie, 7 octobre 2019 © Vatican Media

Synode : une première réponse à la question de l’ordination d’hommes mariés

Print Friendly, PDF & Email

Pour une «pastorale vocationnelle»

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

Une – ou des ? interventions (qualche intervento, quelque intervention, au singulier) – au synode ont porté, ce lundi 7 octobre 2019, sur la question de ce qu’on appelle les « viri probati », des « hommes à la vertu éprouvée », décrite par le document de travail synodal : des hommes mariés qui éventuellement pourraient être ordonnés prêtres dans certains cas, de façon à « garantir fréquemment les sacrements, là où le manque de prêtres est particulièrement fort ». C’est ce qu’indique la synthèse en italien des interventions du premier jour publiée vers 20h par le Saint-Siège.
Les autres questions abordées dans les débats de ce 7 octobre  dont surtout l’importance de l’écologie humaine intégrale pour les jeunes :
-« les jeunes, protagonistes d’une écologie intégrale »,
-« Greta Thunberg et l’action des jeunes »,
-« la préservation des nappes phréatiques »,
-« les combustibles fossiles et la question climatique »,
-« les rites indigènes ».
Au micro de Radio Vatican (Hélène Destombes) l’évêque de Cayenne (Guyane française), Mgr Emmanuel Lafont, fait observer qu’il s’agit de reconnaître que « la Création est l’œuvre de Dieu à l’image de Dieu », en ayant « un regard sacramentel, c’est-à-dire voir dans la Création un signe de la présence de Dieu et donc ne pas envisager l’écologie sans sa dimension spirituelle ».
Pas de révision du célibat sacerdotal
La synthèse précise, toujours à propos de l’accès de populations indigènes aux sacrements, qu’il a été reconnu : « il s’agit d’un besoin légitime ».
La synthèse ajoute immédiatement : « Mais cela ne peut pas conditionner une révision substantielle de la nature du sacerdoce et de sa relation avec le célibat, prévue par l’Eglise [catholique, ndlr] de rite latin. Une pastorale vocationnelle a plutôt été suggérée parmi les jeunes indigènes, afin de favoriser l’évangélisation des régions les plus reculées de l’Amazonie, de façon à ne pas créer des « catholiques de première classe » pouvant s’approcher facilement de l’Eucharistie et des « catholiques de seconde classe », destinés à rester sans le Pain de Vie jusqu’à deux années de suite. »
La possibilité de l’institution de « viri probati » est évoquée au numéro 129 de « L’instrumentum Laboris », le document de travail du synode. Le paragraphe évoque la création de « nouveaux ministères pour répondre avec davantage d’efficacité aux besoins des peuples amazoniens ».
Ceux qui seraient favorables à cette solution rappellent que l’ordination d’hommes mariés est possible dans l’Eglise catholique orientale – qui ne choisit cependant ses évêques que parmi des moines qui ont embrassé le célibat à la suite du Christ – ou le cas de prêtres venus de l’anglicanisme et déjà mariés.
Mais la discipline de l’Eglise catholique de rite latin est de ne choisir ses prêtres que parmi des hommes ayant reçu un charisme confirmé de célibat.
Un paragraphe suscite le débat
Le paragraphe 129 dit à propos de l’ordination éventuelle d’hommes mariés : « Tout en affirmant que le célibat est un don pour l’Église, on se pose la question de savoir si, pour les zones les plus reculées de la région, il ne serait pas possible de procéder à l’ordination sacerdotale de personnes aînées, préférablement autochtones, respectées et acceptées par leur communauté, même si elles ont une famille constituée et stable, dans le but de garantir la possibilité d’offrir les Sacrements qui accompagnent et soutiennent la vie chrétienne. »
Ce n’est pas une surprise que la question soit évoquée dès ce premier jour du synode. Mais la synthèse de ce 7 octobre évoque une première solution : développer « une pastorale vocationnelle », des jeunes indigènes pour susciter des vocations sacerdotales.
L’évêque de Cayenne, Mgr Emmanuel Lafont, a pour sa part souligné le problème de la langue et des cultures lors de la conférence de presse de ce 7 octobre, en disant notamment: « J’ai beaucoup de mal à faire en sorte que des prêtres apprennent une langue qui est parlée par 800 ou 1 000 personnes. C’est très difficile, mais comprenez que donner une bonne nouvelle à des gens dans une langue qui n’est pas la leur, ce n’est quand même pas formidable. »
D’où évidemment l’importance de susciter la vocation de jeunes prêtres issus de ces communautés.
Remarquons aussi que des observateurs souhaitent, à Rome, que les débats du synode en se focalisent pas sur cette question de l’éventualité de l’ordination d’hommes mariés.
Mgr Lafont s’exprime ainsi à Radio Vatican: « Tout en écartant toute focalisation, il observe qu’«il ne s’agira pas de changer la loi mais de reconnaître que dans certaines circonstances, appliquer l’esprit de la loi, c’est-à-dire le service des peuples, passe par des innovations sur la lettre de la loi». »
La même source ajoute: « L’Évêque de Cayenne reconnaît qu’il peut y avoir des questionnements, des tiraillements dans la mesure où «les uns s’en tiennent à la lettre de la loi sans comprendre qu’elle ne peut s’appliquer de la même manière partout, alors que les autres ont envie que la brèche s’ouvre pour tout changer dans l’Église». Mais, insiste-t-il «nous n’avons pas cette intention» et «il ne s’agit pas de faire une nouvelle loi chaque fois qu’il y a un nouveau problème». »
Enfin, il faut rappeler que “l’instrument de travail” du synode n’est pas un document du magistère, c’est même un document dont le pape – une expression reprise ensuite par sœur Sr Alba T. Cediel Castillo lors de la conférence de presse – a dit, ce même 7 octobre, qu’il était un « document martyr » voué à disparaître après avoir suscité le débat.
Le document final et l’information
Les pères du synode ont élu la Commission pour l’élaboration du document final du synode : Mario Antonio Da Silva (Roraima, Brésil); Héctor Miguel Cabrejos Vidarte, o.f.m., (Trujillo, Pérou); Nelson Jair Cardona Ramírez (San José del Guaviare, Colombie), et Sergio Alfredo Gualberti Calandrina (Santa Cruz de la Sierra, Bolivie).
Initialement élu, le cardinal Carlos Aguiar Retes, archevêque de Mexico (Mexique), a exprimé le désir de céder sa place à un père du synode de l’une des sept conférences épiscopales directement impliquées dans la zone amazonique.
Trois autres membres nommés par le pape s’ajouteront à la commission composée des card. Claudio Hummes; Lorenzo Baldisseri; et Michael Czerny, et des évêques Mario Grech et David Martinez de Aguirre Guinea.
Ils ont aussi élu 4 membres de la commission pour l’information : Erwin Kräutler, c.pp.s., (Xingu, Brésil); Rafael Cob García (Puyo, Equateur); José Ángel Divassón Cilveti, s.d.b. (Puerto Ayacucho, Venezuela), et le p. Antonio Spadaro SJ (Italie).
 

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel