Messe d'ouverture du synode 2018 © Vatican Media

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Liturgie : Approfondir le chemin de renouveau voulu par Vatican II

Lettre du card. Parolin pour la 70ème Semaine liturgique nationale

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« Préparer, accompagner, faire connaître et approfondir le chemin de renouveau liturgique voulu par le Concile Vatican II » : telle est la mission que s’est donnée la Semaine liturgique nationale italienne depuis 70 ans, déclare le cardinal Pietro Parolin. Encore aujourd’hui, il s’agit, dit-il, de « faire connaître au Peuple de Dieu la splendeur du mystère vivant du Seigneur qui se manifeste dans la liturgie » en aidant « les communautés à mieux intérioriser la prière de l’Église, à l’aimer en tant qu’expérience de rencontre avec le Seigneur et avec nos frères, et à la lumière de cela, à en redécouvrir les contenus et en observer les rites ».
Le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin a adressé une lettre, datée du 16 août dernier, au président du Centre d’Action liturgique, Mgr Claudio Maniago, évêque de Castellaneta, à l’occasion de la 70ème Semaine liturgique nationale qui se déroule du 26 au 29 août 2019 à Messine, sur le thème : « Liturgie : un appel pour tous à la sainteté du baptême ».
Relevant le lien entre liturgie et sainteté, le secrétaire d’État reprend un passage de la Constitution conciliaire qui affirme que « la liturgie est considérée comme l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus Christ, exercice dans lequel la sanctification de l’homme est signifiée par des signes sensibles et réalisée d’une manière propre à chacun d’eux ». Avant de citer le pape François : la liturgie est « une vie qui forme », « une expérience visant à la conversion de la vie, à travers l’assimilation de la façon de penser et de se comporter du Seigneur ».
Voici notre traduction intégrale de la lettre du card. Pietro Parolin.
HG
 
Lettre du cardinal Pietro Parolin
Je suis heureux de vous transmettre les salutations cordiales et les meilleurs voeux du Saint-Père le pape François, ainsi qu’à Mgr Giovanni Accolla, archevêque de Messine-Lipari-S. Maria del Mela, et à tous les participants à la Semaine liturgique nationale, qui a connu un parcours ininterrompu depuis 70 ans. Il est important de se souvenir qu’en se transportant de diocèse en diocèse à travers la péninsule italienne, cette initiative a pu préparer, accompagner, faire connaître et approfondir le chemin de renouveau liturgique voulu par le Concile Vatican II. C’est ce que reconnaissait le pape François lorsqu’il soulignait que « la fatigue n’a pas manqué, mais la joie non plus » et qu’il exhortait : « Voici encore l’engagement que je vous demande aujourd’hui : aider les ministres ordonnés, comme les autres ministres, les chanteurs, les artistes, les musiciens, à coopérer afin que la liturgie soit “source et sommet” de la vitalité de l’Église (cf. Sacrosanctum Concilium, 10) » (Discours aux participants à la 68ème Semaine liturgique nationale, 24 août 2017).
La sensibilité ecclésiale du Centre d’Action liturgique et la sollicitude pastorale de l’archidiocèse qui accueille convergent sur l’exigence de mettre la sainteté au centre de la réflexion du rendez-vous de cette année : « Liturgie : un appel pour tous à la sainteté du baptême. “Choisis pour que nous soyons saints, immaculés, devant lui dans l’amour” (Ep 1, 4) ». Récemment, le pape François a tenu à rappeler à l’attention de tous les chrétiens cette vérité fondamentale de la foi et de la vie chrétienne, mise en lumière par les Pères conciliaires (cf. Lumen gentium, 9 ; 40), avec pour objectif « de faire résonner encore une fois l’appel à la sainteté, en cherchant à l’incarner dans le contexte actuel, avec ses risques, ses défis et ses opportunités » (Exhort. ap. Gaudate et exsultate, 2).
Le thème de la sainteté interpelle aussitôt et directement la liturgie. Le pape François rappelait dans l’audience ci-dessus mentionnée que « la liturgie est “vivante” en raison de la présence vivante de Celui qui “en mourant a détruit la mort et en ressuscitant nous a rendu la vie” (Préface pascale I) » et que « la liturgie est vie pour tout le peuple de l’Église ». Le Concile Vatican II enseigne en effet que « le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques » et « pour l’accomplissement de cette grande œuvre par laquelle Dieu est parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés, le Christ s’associe toujours l’Église, son Épouse bien-aimée, qui l’invoque comme son Seigneur et qui, par la médiation de celui-ci, rend son culte au Père éternel ». Et il ajoute : « C’est donc à juste titre que la liturgie est considérée comme l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus Christ, exercice dans lequel la sanctification de l’homme est signifiée par des signes sensibles et réalisée d’une manière propre à chacun d’eux, et dans lequel le culte public intégral est exercé par le Corps mystique de Jésus Christ, c’est-à-dire par le Chef et par ses membres ». (Sacrosanctum concilium, 7). Les Pères conciliaires insistent sur le fait que la liturgie, au moment où elle célèbre la sainteté, sanctifie ceux qui y participent et, de cette façon, glorifie le Nom saint et ineffable. La sainteté accueillie et célébrée dans la liturgie montre la transcendance de Dieu, le Trois-fois Saint, le Très-haut, le Tout-puissant, « le bienheureux et unique Souverain, le Roi des rois et Seigneur des seigneurs, le seul qui possède l’immortalité et habite une lumière inaccessible » (1 Tm 6, 15-16). Mais dans la liturgie, en continuité avec l’Incarnation, la « Majesté divine » s’offre dans sa proximité avec l’homme. La liturgie est en effet la réalisation sacramentelle de l’Alliance du Père avec les hommes dans le Fils, Verbe fait chair, pour permettre aux hommes de vivre sa vie, faisant d’eux des fils dans le Fils et le temple vivant de l’Esprit. Dans la liturgie, l’inaccessible sainteté de Dieu se fait proximité tangible dans le Christ et en lui se présente et se communique avec le visage de la miséricorde, de l’agapé, l’amour gratuit que le Père répand dans le coeur des croyants par le don de l’Esprit (cf. Rm 5, 5).
Le Saint-Père espère que les célébrations et les réflexions de la Semaine feront mûrir la conscience que la liturgie est un lieu privilégié où la sainteté de Dieu nous attire à elle par sa beauté, sa vérité et sa bonté. En particulier dans l’Eucharistie, l’Esprit Saint nous fait entrer dans le mystère pascal, en nous donnant de passer avec le Christ de la mort à la vie, et nous rend participants de la vie divine qui, lorsqu’elle est accueillie, transfigure tout notre être mortel, le rendant capable d’aimer comme lui, en offrant sa vie pour le service des frères (cf. Catéchèse du 22 novembre 2017). « Pour que la vie soit vraiment une louange agréable à Dieu, il faut en effet changer son cœur. C’est vers cette conversion qu’est orientée la célébration chrétienne, qui est une rencontre de vie avec le “Dieu des vivants” (Mt 22, 32) (…) En effet, la liturgie étant une expérience visant à la conversion de la vie, à travers l’assimilation de la façon de penser et de se comporter du Seigneur », elle est « une vie qui forme, (…) trésor vivant qui ne peut être réduit à des goûts, des recettes et des courants, mais qui doit être accueilli avec docilité et promu avec amour, en tant que nourriture irremplaçable pour la croissance organique du peuple de Dieu. La liturgie n’est pas le “domaine du bricolage”, mais l’épiphanie de la communion ecclésiale. C’est pourquoi, dans les prières et dans les gestes, résonne le “nous” et non le “je” ; la communauté réelle, et non le sujet idéal » (Discours à l’Assemblée plénière de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, 14 février 2019).
La tâche qui vous incombe est donc précieuse : faire connaître au Peuple de Dieu la splendeur du mystère vivant du Seigneur qui se manifeste dans la liturgie, par une formation liturgique visant à faire prendre conscience à tous du rôle irremplaçable de la liturgie dans et pour l’Église. Concrètement, il s’agit d’aider les communautés à mieux intérioriser la prière de l’Église, à l’aimer en tant qu’expérience de rencontre avec le Seigneur et avec nos frères, et à la lumière de cela, à en redécouvrir les contenus et en observer les rites. La liturgie sera authentique, c’est-à-dire en mesure de former et de transformer ceux qui y participent, si ceux-ci, pasteurs et laïcs, apprennent toujours mieux à en saisir la signification et le langage symbolique, y compris l’art, le chant et la musique au service du mystère célébré, en y incluant aussi le silence. La mystagogie se révèle la voie la plus apte à entrer dans ce parcours où l’on apprend à saisir avec étonnement la vie nouvelle reçue à travers les sacrements et à la renouveler continuellement avec joie (cf. ibid.).
Le Saint-Père assure de son souvenir particulier dans la prière, pour que le travail de ces journées porte des fruits bons et abondants pour le chemin des Églises qui sont en Italie. Tout en demandant que l’on prie pour lui, il accorde de tout coeur une Bénédiction spéciale aux évêques, aux prêtres, aux diacres, aux religieux et aux religieuses ainsi qu’aux laïcs présents et aux intervenants, les confiant tous à l’attention maternelle de Marie, Mère de l’Église.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
 

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Hélène Ginabat

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