Drapeau de l'Irak, place Saint-Pierre, capture

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Irak : Garantir aux chrétiens leurs libertés civiles et religieuses

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Ne jamais oublier, par le cardinal Fernando Filoni

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« Il faut reconnaître le droit qui est celui de tous – minorités et majorités évidemment – de vivre dans leur pays et de voir garanties leurs libertés, qui sont civiles mais aussi religieuses ». Cinq ans après que les Irakiens ont fui la Plaine de Ninive, chassés par les troupes du soi-disant État islamique, le cardinal Fernando Filoni, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, analyse la situation actuelle du pays, dans une interview publiée en italien sur VaticanNews le 6 août 2019.
En ce moment, explique le cardinal, « l’Irak cherche avant tout à donner une stabilisation politique et évidemment aussi de type législatif, surtout en ce qui concerne la loi en soi comme inspiration et source du droit, et ensuite par rapport aux minorités. Je crois que l’actuel patriarche chaldéen cherche une voie dans laquelle tous les droits soient assurés, et ce n’est pas facile, étant donné la culture et la mentalité du lieu ; mais ce désir de garantir à tous les chrétiens leurs droits, sans que cela ne soit considéré comme une tolérance ou comme une concession, est juste. Il faut reconnaître le droit qui est celui de tous – minorités et majorités évidemment – de vivre dans leur pays et de voir garanties leurs libertés, qui sont civiles mais aussi religieuses ».
Les chrétiens, une alternative
Le cardinal italien, qui a été nonce apostolique en Irak et Jordanie de 2001 à 2006, rappelle que les chrétiens en Irak « ont toujours eu la réputation » d’être « un élément de modération à l’intérieur de la société irakienne, parce qu’ils représentent une alternative » « dont il faut tenir compte avec toutes les autres minorités ». Ils sont, explique-t-il, « une richesse, parce qu’elle permet aussi de défendre les droits de tous », sinon la société serait « une “copie carbone” d’une vision typiquement islamique ».
Malgré les persécutions qu’ils ont connues au cours des siècles, insiste-t-il, les chrétiens « ont toujours eu une attitude très ouverte au pardon, à la réconciliation et à la bonne coexistence. Cela fait des siècles qu’ils pratiquent cette réalité ».
Pour le président du Dicastère pour l’évangélisation des peuples, « la pacification est ce que nous désirons tous ». Elle « ne concerne pas seulement la situation actuelle », mais « c’est une question qui a toujours concerné les relations entre chrétiens et musulmans, et de toutes façons entre majorités et minorités ».
Reconstruire le tissu humain
Mais en ce qui concerne le retour des chrétiens, qui a commencé après la défaite du Califat, à l’automne 2017, pour la Plaine de Ninive, il « est très lent », commente le cardinal. « Les chrétiens étaient très liés à leur terre », mais « s’il n’y a pas les garanties législatives, nationales et internationales pour qu’ils mènent une vie digne et libre, il est difficile de revenir ». Et puis, souligne-t-il, « on peut reconstruire une maison, un bâtiment, une place, mais peut-on reconstruire le tissu humain qui vivait dans cette zone jusqu’à il y a quelques années ? Cela reste le grand problème, le grand défi. On ne peut revenir comme dans le passé, mais on peut certainement reprendre quelques éléments ».
Le pire, c’est d’oublier
« Nous ne devons jamais oublier ni jamais abaisser le niveau d’attention », le cardinal Fernando Filoni. « Ce sont des réalités riches d’histoire et de culture ; malheureusement, nombreux sont ceux qui en ont pris conscience après avoir beaucoup perdu. Le pire, c’est d’oublier ». Et le cardinal de citer l’actuel évêque chaldéen de Mossoul, le père Najeeb, qui disait : « J’ai sauvé beaucoup de livres (…) d’une importance immense du point de vue historique, culturel et religieux. Et ainsi, je n’ai pas sauvé des livres, mais j’ai sauvé des personnes, j’ai sauvé une culture, j’ai sauvé des communautés ».
« Cela me plaît beaucoup, conclut le cardinal Filoni, parce que cela signifie que c’est là que nous devons recréer l’atmosphère de la vie des personnes et ensuite la vie sociale, civile, architecturale, culturelle en découlera…. ».

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Hélène Ginabat

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