Conférence de presse du 27 mai 2019 @ Vatican Media

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Journée du migrant et du réfugié 2019 : "Il s’agit de toute la personne", par le p. Czerny

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Commentaire du Message du pape François

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Le p. Michael Czerny a évoqué la « fragmentation de la vie moderne et rapide » qui pousse à « ignorer les relations et les significations plus profondes ». Mais « grâce à Dieu », souligne-t-il, « les migrants vulnérables viennent nous rappeler existentiellement qu’il s’agit de toute la personne, de toutes les personnes. Leurs besoins et leurs droits immédiats nous rappellent avec force les faits réels de la vie, notamment que nous ne pouvons pas être réduits à de simples consommateurs (…) mais que nous avons besoin de rencontrer toute la personne ».

Le Message du pape François pour la 105ème Journée mondiale du migrant et du réfugié 2019, intitulée « Il ne s’agit pas seulement de migrants » et qui sera célébrée le 29 septembre prochain, a été présenté à la Salle de presse du Saint-Siège lundi 27 mai 2019. Le p. Michael Czerny, sous-secrétaire de la Section migrants et réfugiés du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, a présenté la seconde partie du Message.

Le thème choisi : Il ne s’agit pas seulement de migrants « stimule notre curiosité, puis notre préoccupation, puis notre compassion et finalement notre solidarité », a fait observer le p. Czerny qui a précisé que « les paroisses chrétiennes et les communautés religieuses qui ont hébergé des familles de réfugiés, comme le pape François les avait exhortées à le faire, témoignent souvent avec beaucoup de gratitude d’une expérience profondément humaine et profondément divine du Christ vivant au milieu d’elles ».

Voici notre traduction de l’intervention du p. Michael Czerny, jésuite du Canada.

HG

Intervention du p. Michael Czerny, S.I.

Le p. Fabio a expliqué le thème, les quatre premiers sous-thèmes et la campagne en préparation de la prochaine Journée mondiale du migrant et du réfugié. Faire observer que cette Journée célèbre son105ème anniversaire nous aide à replacer les préoccupations relatives à la mobilité humaine dans une perspective historique. La migration n’est pas une crise ou une urgence inattendue et sans précédent. La mobilité humaine, qui inclut malheureusement une proportion de personnes qui sont forcées de fuir pour un certain nombre de raisons compréhensibles, est un fait de la vie humaine. La question pertinente est la suivante : les gouvernements, les entreprises, les communications et la société civile répondent-ils de manière compétente et responsable ? Le rôle de l’Église n’est pas un substitut. Au contraire, en tant que chrétien, nous nous engageons à accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les personnes vulnérables en déplacement.

Pour le faire avec une foi chrétienne et une compassion chrétienne, nous réfléchissons à la lumière du thème de cette année : « Il ne s’agit pas seulement de migrants ». Les traiter comme un « problème unique », isolément, ne sert à rien. Qu’elles soient sur le départ, de passage, en train d’arriver, de s’installer ou de revenir, les personnes vulnérables en déplacement ont des affinités et des relations avec beaucoup d’autres, « déjà là » qui sont dans le besoin. Le Saint-Père nous invite à rencontrer les nouveaux arrivants, à les accompagner, à prier pour eux et à partager notre vie avec eux, dans un souci plus large pour toutes les personnes marginalisées, tous ceux qui habitent « les périphéries existentielles », comme il les appelle souvent. Notez aussi que cela va à l’encontre de la tendance dans la société et dans les médias populaires à les ignorer, les caricaturer, les garder invisible ou les faire disparaître. Rejetant ce rejet, notre thème « Il ne s’agit pas seulement de migrants » stimule notre curiosité, puis notre préoccupation, puis notre compassion et finalement notre solidarité.

Un des obstacles est le « groupe d’intérêt » spontané, quel que soit le groupe : « Nous d’abord, moi d’abord, les autres ensuite ! ». Au contraire, la vraie devise du chrétien est « Les derniers seront les premiers ! » (Mt 20,16). C’est la logique de l’Évangile, et nous devons nous mettre à leur service. Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de mettre le dernier à la première place : tel est le cinquième sous-thème. Il y a beaucoup de héros inconnus qui mettent les migrants et les réfugiés vulnérables à la première place, avant leur propre confort et même leur sécurité, en aider aux sauvetages en haute mer, en offrant de la nourriture et un toit, et simplement en écoutant, en soignant, en priant avec eux.

Un autre obstacle est la fragmentation de la vie moderne et rapide. Même nos aînés qui prennent leur retraite peuvent ressentir cela, sans parler des étudiants qui se préparent à la vie adulte et des adultes qui participent plus ou moins à l’économie et à la société. Il y a une forte pression pour ignorer les relations et les significations plus profondes en faveur d’un consumérisme rapide et de l’éclat d’un écran électronique. Mais grâce à Dieu, les migrants vulnérables viennent nous rappeler existentiellement qu’il s’agit de toute la personne, de toutes les personnes. Leurs besoins et leurs droits immédiats nous rappellent avec force les faits réels de la vie, notamment que nous ne pouvons pas être réduits à de simples consommateurs (de denrées périssables ou d’information fragmentaire) mais que nous avons besoin de rencontrer toute la personne. En outre, la vie pleine et vraie ne peut pas être assurée pour un petit nombre, tandis que l’on oublie – ou pire, que l’on prive – beaucoup d’autres. Soit nous nous développerons tous intégralement, soit il n’y a de développement intégral pour personne.

Et la septième considération finale évoque la vision inspirante de la nouvelle Jérusalem avec laquelle nos Écritures Saintes se terminent dans le livre de l’Apocalypse. « Voici la demeure de Dieu avec les hommes… Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21,3-5). Cette vision, comme le souligne le sous-thème, concerne la construction de la ville de Dieu et de l’homme. Construire « notre maison commune » (Laudato si’) parmi tous les hommes n’est pas facile, en particulier parce que cela ne doit pas profiter seulement à un petit nombre tandis que beaucoup sont exploités. La vision a besoin, au contraire, d’être basée sur la vrai foi et sur des valeurs solides. « Celui qui accueille un étranger m’accueille », dit Jésus, « et celui qui m’accueille accueille le Père qui m’a envoyé » (cf. Mt 25,35 ; Mt 10,40). Les paroisses chrétiennes et les communautés religieuses qui ont hébergé des familles de réfugiés, comme le pape François les avait exhortées à le faire1 témoignent souvent avec beaucoup de gratitude d’une expérience profondément humaine et profondément divine du Christ vivant au milieu d’elles.

Maintenant la Section migrants et réfugiés se prépare à célébrer la Journée mondiale du migrant et du réfugié 2019. Pour le dimanche 29 septembre, ou à une autre date convenable, nous suggérons de préparer et de célébrer une Eucharistie particulière en invitant des migrants, des réfugiés, des survivants de la traite des êtres humains et des personnes déplacées, en lien avec les organisations qui les servent. C’est ce que fera le Saint-Père sur la Place Saint Pierre.  Des évêques et des fidèles de diocèses plus petits peuvent se joindre à l’archevêque dans la grande cathédrale. Toutes ces Eucharisties particulières dans un pays spécifique pourraient être célébrées en même temps afin de donner une expression visible à l ’accueil que nous offrons à « l’étranger » dans le Christ et au Christ dans l’étranger.

« Par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Notre Dame du Chemin », nous nous unirons dans la prière pour demander « les bénédictions abondantes de Dieu sur tous les migrants et réfugiés du monde et sur tous ceux qui les accompagnent dans leur voyage » (Message 2019).

(1) « Puisse chaque paroisse, chaque communauté religieuse, chaque monastère, chaque sanctuaire européen accueillir une famille, à commencer par mon diocèse de Rome » (Angélus, 6.9.2015).

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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