Andrea Monda © Vatican Media

Andrea Monda © Vatican Media

Europe : le rôle de l’Église c'est d’«indiquer un sens»

Print Friendly, PDF & Email

Éditorial de L’Osservatore Romano

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

« La politique, surtout si elle est vécue à la lumière de l’Évangile, est toujours « pour », toujours pro-active, jamais réactive ou destructrice », affirme Andrea Monda, directeur de L’Osservatore Romano.
Et « le rôle et la responsabilité auxquels sont appelés aujourd’hui l’Église catholique, le peuple de Dieu » c’est d’ « indiquer un sens, c’est-à-dire une direction, un chemin de libération non ‘de’ mais ‘pour’, sinon l’Europe finit par devenir comme ce navire, dont Kierkegaard a parlé, qui émet, à partir du haut-parleur, à la place de la voix du capitaine pour indiquer la route, la voix du cuisinier qui liste le menu ».
Dans un éditorial du quotidien du Vatican de mardi, 28 mai 2019, intitulé « Un sens incompris de la liberté », Andrea Monda a résumé sa réaction aux « élections européennes difficiles » en soulignant que c’est « de ce sentiment de liberté mal compris que naissent les problèmes que l’Europe souligne aujourd’hui dans les résultats des élections ».
« La politique ne peut être réduite qu’à la garantie de la sécurité », constate le directeur du quotidien du Vatican : « il doit exister, à côté de l’autorité civile qui garantit la sécurité, une autre autorité spirituelle qui offre aux citoyens un sens de l’existence ». Et c’est cela « le rôle et la responsabilité » de l’Église et de tout « le peuple de Dieu ».
« La liberté reste le problème » de l’Europe, affirme le directeur de L’Osservatore Romano. Il cite « l’un des plus grands génies théologiens du XXe siècle, Romano Guardini » qui soulignait que « la liberté ne signifie pas être dissoute par quelque chose, mais être dissoute pour quelque chose ».
« Le pape François, note Monda, qui a beaucoup appris de la lecture de Guardini, est un pape qui « se dissout », qui invite les hommes à vivre en toute liberté, à entretenir naturellement des relations avec soi-même, les autres, le monde. »
Cependant, c’est « l’attitude absolutiste » sous sa forme souverainiste qui règne aujourd’hui en Europe.
« Le souverain, rappelle Monda, comme le mot l’indique lui-même, est celui qui au-dessus de lui-même ne veut de personne, qui veut se libérer de toute autre présence considérée comme une limite suffocante de sa propre liberté. »
Le directeur du quotidien du Vatican invite à ne pas « diaboliser » cette tendance, mais « à tenter de comprendre les raisons pour lesquelles nous sommes parvenus à cette contradiction apparente d’une Europe à forte tendance souverainiste ».
L’homme, « un être relationnel »
Pour cela, il propose de relire le discours du pape François devant le Parlement européen, à Strasbourg, le 25 novembre 2014, dans lequel le pape avait invité « à ne pas voir l’homme comme un absolu, mais comme un être relationnel ».
« L’une des maladies les plus répandues en Europe aujourd’hui, a dit le pape, est la solitude, précisément de celui qui est privé de liens. […] On peut constater qu’au cours des dernières années, à côté du processus d’élargissement de l’Union Européenne, s’est accrue la méfiance des citoyens vis-à-vis des institutions considérées comme distantes, occupées à établir des règles perçues comme éloignées de la sensibilité des peuples particuliers, sinon complètement nuisibles… Les grands idéaux qui ont inspiré l’Europe semblent avoir perdu leur force d’attraction, en faveur de la technique bureaucratique de ses institutions […] L’être humain risque d’être réduit au simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser. »
La solitude, souligne Monda, « c’est le problème contre lequel on peut réagir ou répondre ». C’est « la politique », poursuit-il, qui « canalise les réactions et les transforme en réponses ». « Le souverainisme est la réaction, affirme Monda, mais l’Europe a plutôt besoin d’une réponse qui permette de redécouvrir les raisons de l’être, du vivre ensemble. »
Si la politique n’est pas « pro-active », si elle est réactive, « cela signifie que la peur a pris le dessus. Et la peur rend les gens fous et brise les liens ».
 

Share this Entry

Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel