Mgr Jurkovic rappelle que « le respect de la dignité humaine constitue la condition préalable à la promotion d’un développement humain intégral durable », il rappelle aussi « le devoir international de solidarité » et de « réparation ».
Mgr Ivan Jurkovic, représentant permanent du Saint-Siège aux Nations Unies et à d’autres organisations internationales à Genève (Suisse), est intervenu au Groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée sur le droit au développement, à Genève, le 29 avril 2019.
Reprenant les expressions du pape François, le représentant du Saint-Siège invite à s’attaquer « aux causes profondes et aux solutions à long terme ». « Nous devons nous engager à promouvoir et à mettre en œuvre un développement humain enraciné dans des valeurs éthiques fondamentales, qui englobe un devoir international de solidarité et un devoir moral de réparation », exhorte-t-il.
Il recommande « une réponse appropriée à l’élimination de la pauvreté par l’autonomisation des communautés marginalisées et les plus défavorisées ». Il s’agit notamment de promouvoir « la bonne gouvernance » et de faciliter « l’égalité d’accès aux services indispensables et aux ressources vitales, notamment l’éducation, l’eau potable, la santé, l’énergie propre et la terre ».
Voici notre traduction du discours de Mgr Ivan Jurkovic.
HG/AB
Discours de Mgr Ivan Jurkovic
Monsieur le Président,
La Délégation du Saint-Siège vous félicite pour votre élection. Nous considérons cette 20ème session du Groupe de travail comme une occasion « d’affronter les problèmes de notre monde et de chercher des solutions qui soient réellement efficaces ». (1)
Rejeter les modèles négatifs et proposer des solutions de rechange s’applique non seulement aux autres, mais aussi à nous. Nous devons tous nous engager à promouvoir et à mettre en œuvre les objectifs de développement qui sont soutenus par nos valeurs religieuses, culturelles et éthiques les plus profondes. Le développement humain n’est pas seulement une question économique ou qui ne concerne que les experts ; c’est finalement une vocation, un appel qui exige une réponse libre et responsable (cf. Benoît XVI, Caritas in veritate, 16-17).
Ma délégation considère la Déclaration sur le droit au développement comme un pilier fondamental qui a obtenu la reconnaissance du droit au développement en tant que droit de l’homme (art. 1) et celle de la personne humaine en tant que sujet central du développement (art. 2.1). En effet, le développement humain intégral doit s’adresser à tous – pas seulement à quelques-uns – et à la personne tout entière – pas seulement à la dimension matérielle (cf. Populorum progressio, 14).
La responsabilité du développement est un devoir de tout être humain (art. 2, 2) ; et il est du devoir des États de coopérer entre eux pour assurer le développement (art. 3). Il y a quatre ans, à travers l’Agenda 2030 et les Objectifs de développement durable, la Communauté internationale s’est engagée à donner un nouvel élan, marquant une solidarité vitale « nouvelle et universelle » (Laudato si’, 14).
Il convient de noter qu’avec l’évolution progressive du concept de développement, certains principes précieux ont été soulignés. Ceux-ci ne découlent pas seulement de la Déclaration ; ils font également partie du cadre juridique international. En ce qui concerne cette base juridique, la Délégation du Saint-Siège note que toute définition du développement doit répondre à la satisfaction des besoins matériels et immatériels de base et considère qu’il est d’une importance capitale que les personnes humaines jouent un rôle actif et participent pleinement à la formation de leur propre réalité.
Le Saint-Siège estime également que la réalisation d’un certain degré d’autonomie individuelle et collective, ainsi que le respect des principes d’égalité et de non-discrimination, devraient être considérés comme des éléments essentiels du processus de développement. Une telle approche pourrait constituer une réponse efficace à la nature dynamique d’un droit qui peut être pertinente pour les défis actuels et futurs.
Toute discussion fructueuse sur le développement devrait proposer d’autres moyens de remédier efficacement aux inégalités existantes et à la dégradation de l’environnement et offrir ainsi un modèle d’intégration sociale et de conversion écologique. (2) Une approche inclusive du développement vise non seulement des objectifs économiques et politiques, mais elle se concentre également sur tous les aspects de la dignité humaine.
Le respect de la dignité humaine constitue la condition préalable à la promotion d’un développement humain intégral durable. Ainsi, la famille humaine doit apporter une réponse appropriée à l’élimination de la pauvreté par l’autonomisation des communautés marginalisées et les plus défavorisées, notamment en surmontant les diverses formes de corruption qui créent des inégalités. A cet égard, le Saint-Siège demande instamment le respect de la dignité humaine et la garantie d’un développement humain intégral – en promouvant la bonne gouvernance et en facilitant l’égalité d’accès aux services indispensables et aux ressources vitales, notamment l’éducation, l’eau potable, la santé, l’énergie propre et la terre.
Monsieur le Président,
Avec l’interdépendance croissante et la mondialisation, l’engagement solennel pris par l’adoption des Objectifs de développement durable nous appelle à passer de la décision à l’action. Au cours de cette semaine et dans le processus de négociation, nous devons être prêts à engager une discussion fructueuse en rejetant la tentation de chercher une réponse purement technocratique aux défis qui nous attendent et être prêts à nous attaquer aux causes profondes et aux conséquences à long terme de notre travail. Nous devons nous engager à promouvoir et à mettre en œuvre un développement humain enraciné dans des valeurs éthiques fondamentales, qui englobe un devoir international de solidarité et un devoir moral de réparation.
Notre délégation estime qu’il est primordial d’accélérer nos actions pour nous adapter aux circonstances actuelles et aux défis futurs en « nous attaquant aux causes profondes et aux solutions à long terme ». (3) Si nous voulons atteindre les objectifs de l’Agenda 2030, nous devons faire de notre mieux pour répondre adéquatement au « cri de la terre et au cri des pauvres ». (4)
Merci, Monsieur le Président.
NOTES
- Pape François, Réunion avec le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination, 9 mai 2014.
- Jean-Paul II, Catéchèse, 17 janvier 2001.
- Pape François, Déclaration à la Conférence sur « Les religions et les objectifs du développement durable (SDG): écouter le cri de la terre et des pauvres », 8 mars 2019.
- Pape François, Lettre encyclique, Laudato si’, 49.
© Traduction Zenit, Hélène Ginabat