« L’oecuménisme se fait toujours en chemin », rappelle le pape François qui évoque les trois manières principales de vivre l’unité des chrétiens: « L’œcuménisme de la prière, l’œcuménisme du sang et l’œcuménisme du pauvre ».
Le pape François a reçu en audience au Vatican les participantes à la Rencontre de l’Union internationale des Supérieures générales (UISG), le 10 mai 2019, dans la Salle Paul VI, à l’occasion de la XXIème Assemblée plénière, intitulée « Semeuses d’espérance prophétique », à laquelle ont participé environ 850 Supérieures générales provenant de 80 pays différents, du 6 au 10 mai, à Rome.
Après avoir fait remettre aux personnes présentes le discours préparé pour l’occasion, le pape a parlé d’abondance de cœur aux participants à l’audience (cf. Discours, traduit par Zenit), répondant ensuite aux questions qui lui ont été adressées par quelques religieuses.
Voici notre traduction de la troisième question et de la troisième réponse.
AB
Troisième question
Avant tout, un grand merci, Saint-Père. Ces jours-ci, nous avons abordé différents thèmes, dont le dialogue interreligieux : merci pour tout ce que vous faites dans ce domaine. Je pense aussi au dialogue œcuménique, et je porte dans mon cœur la souffrance que j’ai touchée du doigt, que j’ai vue dans tant de lieux à cause de la division entre les chrétiens. Je sais que vous avez beaucoup fait dans ce secteur aussi. Ma question : est-il possible de faire quelques pas supplémentaires pour arriver à cette communion entre les chrétiens ? Merci.
Pape François
Merci à toi. Je crois que l’œcuménisme se fait en chemin, toujours. Il est vrai que les théologiens doivent étudier, discuter… Mais il y a cette anecdote – qui est vraie, on m’a dit que c’est vrai – que lorsque saint Paul VI a rencontré Athénagoras – j’aimerais dire saint Athénagoras – celui-ci a dit à Paul VI : « Faisons ceci : avançons ensemble et les théologiens, nous les envoyons sur une île pour réfléchir et faire de la théologie, et nous nous avançons ensemble ». C’est une plaisanterie, mais on dit que c’est vrai. Mais si ce n’est pas vrai, c’est bien trouvé.
[L’œcuménisme] se fait toujours en chemin. Il y a des pauvres ? Allons ensemble travailler avec les pauvres ! Il y a des migrants ? Ensemble. Toujours ensemble. C’est l’œcuménisme du pauvre, comme j’appelle ce qui se fait en chemin par les œuvres de charité. Mais il y a un autre œcuménisme, celui du sang. Quand on tue des chrétiens simplement parce qu’ils sont chrétiens, on ne demande pas : « Es-tu anglican ? Es-tu luthérien ? Es-tu catholique ? Es-tu orthodoxe ? ». On tue. Et le sang se mêle. Je me souviens qu’une fois un curé à Hambourg, le curé de Saint-Joseph, à Wannsee, près de Hambourg, était chargé de faire avancer la cause d’un prêtre guillotiné par les nazis pour avoir enseigné le catéchisme aux enfants. Mais après lui, a été guillotiné, pour le même motif, un pasteur luthérien. Et il est allé voir l’évêque en lui disant : « Je ne peux pas avancer sur la cause de celui-ci sans la cause du luthérien, parce que leur sang est mêlé ». C’est l’œcuménisme du sang. Nous avons beaucoup, beaucoup de martyrs communs. Lorsqu’il a canonisé les martyrs d’Ouganda, qui étaient des catéchistes pour une moitié catholiques et pour l’autre anglicans, plus ou moins, Paul VI a mentionné le martyre des anglicans dans son discours de canonisation. Paul VI avait déjà dit cela. Il y a l’œcuménisme du sang.
Nous devons faire ensemble le plus possible. Par exemple, je viens de bénir l’exposition sur la traite [« Talita Kum », ouverte avant cette audience dans l’entrée de la Salle Paul VI] : travaillons ensemble, tous, catholiques, évangéliques, tous, parce que c’est un problème social que nous devons aider à résoudre. Et je crois que c’est important : l’œcuménisme se fait en chemin, cela ne se fait pas seulement par la réflexion théologique. Cela aidera, parce que nous avons fait de beaux progrès, par exemple avec les luthériens, sur la justification… de beaux progrès.
Mais nous ne pouvons pas rester sans rien faire tant que l’on n’a pas résolu tous les points théologiques. Les théologiens ont une grande fonction dans l’Église : qu’ils étudient et qu’ils nous aident ; mais nous, pendant ce temps, nous devons marcher. Et puis l’œcuménisme de la prière. Il y en a trois. L’œcuménisme de la prière, l’œcuménisme du sang et l’œcuménisme du pauvre. Prier l’un pour l’autre, mais aussi l’un avec l’autre. Cela c’est ce qui concerne l’œcuménisme. Dans le dialogue interreligieux, là aussi chercher les valeurs communes, chercher les valeurs communes qui existent, et c’est bien. Par exemple, parmi les valeurs communes, le respect de la vie des nouveaux-nés et des enfants-à-naître, que partagent les musulmans, c’est merveilleux.
(c) Traduction de Zenit, Hélène Ginabat