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Protection des mineurs : la « valeur universelle » du nouveau Motu proprio, par le card. Ouellet

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Les principales nouveautés du document

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Le préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Marc Ouellet, souligne la « valeur universelle » du Motu proprio Vos estis lux mundi sur les nouvelles procédures de lutte contre les abus dans l’Église : « Le phénomène est global, note-t-il, et la réponse doit être universelle et, comme le dit le pape, concrète. »
« Ce nouveau document établit des procédures nouvelles et efficaces pour lutter contre le fléau des abus », affirme le cardinal dans une interview à Vatican News le 9 mai 2019, à l’occasion de la publication du Motu proprio. Il explique les principales nouveautés de ce texte, fruit d’une vaste collaboration ecclésiale.
Parmi celles-ci, le cardinal note « tout d’abord, l’obligation pour chaque diocèse … de disposer de systèmes stables, facilement accessibles au public, permettant de présenter des informations sur les abus ».
« Ensuite, poursuit-il, il incombe à tous les religieux et religieuses qui apprennent qu’un abus ou qu’un cas de couverture d’un abus a été commis, de le signaler à l’évêque ou au supérieur religieux ». Il est « significatif », souligne le cardinal, « qu’en plus des abus envers les enfants et des adultes vulnérables, il s’agisse également de harcèlement ou d’abus de pouvoir : cela inclut aussi les cas d’abus des religieux par des clercs, ou d’abus de séminaristes ou novices par leurs supérieurs. »
« Il convient de noter, dit le cardinal, que la personne qui soumet le rapport ne peut être victime de préjugés, de représailles ou de discrimination. »
Le dernier point nouveau – « mais non le moindre », selon le préfet de la Congrégation pour les évêques – est « la codification de la procédure qui oblige les évêques et les supérieurs religieux à rendre compte de leurs actes, non seulement dans le cas d’abus commis par l’un d’entre eux, mais également dans le cas d’omissions visant à entraver ou éviter les enquêtes civiles ou les enquêtes canoniques, administratives ou pénales contre un clerc ou un religieux qui a abusé ». « Enfin, conclut le cardinal, les normes prévoient une collaboration plus étroite entre les dicastères. »
Évêque : « une responsabilité particulière »
La publication de ce Motu proprio ne signifie « absolument pas » que les évêques seront sous observation ou suspectés, affirme le cardinal Ouellet : « Il convient de rappeler, note-t-il, qu’avec ce document, nous ne demandons pas plus que ce que nos prêtres demandent depuis des années et cela touche à un thème très cher au pape : non seulement il ne doit pas y avoir de cléricalisme, mais pas non plus d’‘élitisme’ entre nous. »
« Ce n’est pas seulement une loi, mais une responsabilité profonde », souligne le préfet : « Là où il y a une difficulté, nous devons y faire face, surtout si cela implique un évêque. Les successeurs des apôtres, ainsi que les supérieurs religieux, ont une responsabilité particulière dans la protection du troupeau qui leur a été confié. Si quelqu’un n’agit pas selon la vérité et la justice, en mettant la priorité sur la protection des mineurs et sur leur foi, il doit en rendre compte.»
Le rôle des laïcs
Le document souligne le rôle important des laïcs dans la lutte contre les abus. « Les enquêtes que nous menons, raconte le préfet, portent sur une collecte minutieuse d’informations sur les faits, souvent dans des circonstances difficiles, comprenant l’examen de dispositifs électroniques, la consultation de psychologues et de médecins, ainsi qu’une connaissance particulière du droit, etc. Ce sont des sujets et des activités qui impliquent des compétences et un professionnalisme exercés par les laïcs et il n’y aurait donc aucune raison de les exclure d’un rôle important dans l’examen de ces questions. »
Le cardinal dit qu’il ressent parfois « une certaine ‘nervosité’ chez certains prêtres qui se sentent ‘mis de côté’ à cause du rôle confié aux laïcs ». « Cette nervosité ne me semble cependant pas justifiée, note-t-il. Naturellement, l’évêque désigné est chargé de rassembler les résultats de l’enquête et d’exprimer son opinion finale. »
Archevêque métropolitain : nouveau rôle qui s’inscrit dans la tradition
« En confiant à l’archevêque métropolitain l’enquête préliminaire sur des rapports qui semblent avoir quelque fondement », le Saint-Siège « implique et responsabilise l’Église locale », explique le cardinal Ouellet.
« Comme toujours dans l’Église, dit-il, nous procédons à des réformes et à d’importantes innovations telles que celle dont nous parlons, mais toujours dans la tradition… même le nouveau mandat de la phase d’investigation préliminaire que le dicastère de la Curie romaine confie à l’archevêque métropolitain s’inscrit en quelque sorte dans une tradition selon laquelle le Saint-Siège envoie un évêque extérieur comme ‘visiteur apostolique’ pour mener des enquêtes et des contrôles dans un diocèse. »
Le cardinal Ouellet note également que même « si la figure de l’archevêque métropolitain joue un rôle très important… si un archevêque métropolitain particulier n’est pas apte à mener une enquête (par exemple en cas de conflit d’intérêts), le Dicastère reste toujours libre de nommer une autre figure ecclésiastique ».
Le risque des calomnies contre des innocents
« Lorsque vous créez un système de règles et de procédures – conçu pour bien fonctionner et pour améliorer les choses – explique le cardinal, il y a toujours un risque que quelqu’un l’exploite pour des raisons incorrectes. Mais nous ne pouvons pas refuser de faire la bonne chose simplement parce que cela pourrait parfois être exploité. »
Il rappelle également que « le Motu Proprio établit les procédures de signalement et de vérification, fixant des délais brefs et sûrs, avec des résultats fiables, également avec l’assistance d’experts laïcs, dans l’intérêt non seulement des victimes, mais également de la personne signalée, pour laquelle s’applique la présomption d’innocence. Ceux qui font le rapport de bonne foi sont protégés, alors que ceux qui inventent de fausses accusations devront en répondre ».

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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