Vague sur l'océan, Wikimedia commons, Jon Sullivan, domaine public

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Préservation de la création: le pape déplore la «manipulation criminelle» des industries maritimes (traduction complète)

Conférence internationale sur « le bien commun et la mer »

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Pour répondre aux défis auxquels sont confrontés les mers et le monde de la mer, le pape François offre deux éléments de réflexion : « la justice intergénérationnelle et le dialogue ». Dénonçant une « gestion injuste » des mers et une « manipulation criminelle » des industries maritimes, le pape exhorte à soutenir les « communautés côtières » et « ceux qui travaillent en mer », « si souvent touchés de manière disproportionnée par les changements climatiques et les injustices de modèles de développement non durables ».
Le pape François a adressé un Message au cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, préfet du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, à l’attention des participants à la Conférence internationale intitulée « Le bien commun et nos mers communes », organisée par le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, la Commission Justice et Paix Europe, la Commission Justice et Paix Danemark, l’Apostolat de la Mer et le Mouvement catholique mondial pour le Climat. Il a été publié par le Vatican hier, dimanche, 5 mai 2019.
Le pape préconise une « approche progressivement interdisciplinaire et en dialogue ». Le dialogue est essentiel, explique-t-il ; il « n’est pas une simple méthode ou stratégie en vue d’obtenir des résultats ; il reflète plutôt la nature même du cosmos, car Dieu crée le monde et tout ce qu’il contient non pas d’une manière abstraite ou distante mais en prononçant sa parole ». Le dialogue, a-t-il écrit dans Laudato si’, exige « patience, ascèse et générosité ».
Voici notre traduction du message du pape François, dont l’original est en anglais.
HG
Message du pape François
À mon vénérable Frère, le Cardinal Peter Turkson, Préfet du Dicastère pour la Promotion du Développement humain intégral.
À l’occasion de la Conférence intitulée « Le bien commun et nos mers communes », qui se tient à Copenhague du 3 au 5 mai 2019, je vous remercie de bien vouloir transmettre mes vœux les plus cordiaux à tous les participants et de les assurer de mes prières pour une rencontre fructueuse.
Votre rassemblement réunit des représentants de différentes traditions religieuses et organisations internationales, et aussi issus du monde des affaires, de la science et de l’éducation, afin d’explorer les défis et les opportunités auxquels sont confrontés nos mers, nos océans et les régions côtières, ainsi que les personnes dont les moyens de subsistance en dépendent. Alors que vous vous concentrez sur cette question vitale, deux éléments semblent particulièrement importants, à savoir la justice intergénérationnelle et le dialogue.
Je voudrais d’abord vous encourager à considérer « la solidarité intergénérationnelle » (cf. Laudato si’, 159-162) comme un impératif moral clé dans la réponse aux problèmes de notre époque. En mettant les besoins de nos contemporains, en particulier des jeunes, et aussi des générations à venir, au cœur des efforts pour prendre soin de la création, le bien commun peut alors être promu et protégé, « puisque le monde que nous avons reçu appartient aussi à ceux qui nous suivront » (cf. ibid. 159).
Sur la base de la justice intergénérationnelle et de l’intégrité de vie qui embrasse aussi bien le temps que l’espace (cf. Lumen fidei, 57), j’espère que la solidarité et la préoccupation fraternelle qui tend la main de l’amitié et de la compassion aux plus pauvres de nos frères et sœurs se concrétisera dans le soutien aux communautés côtières et à ceux qui travaillent en mer, qui sont si souvent touchés de manière disproportionnée par les changements climatiques et les injustices de modèles de développement non durables.
Deuxièmement, je suis convaincu qu’en tenant compte des menaces causées par une gestion injuste de nos mers et par la manipulation criminelle des industries maritimes – notamment le fléau de la traite des êtres humains – une approche progressivement interdisciplinaire et en dialogue permettra d’apporter des réponses toujours plus efficaces aux défis complexes auxquels nous sommes confrontés.
Le dialogue n’est pas une simple méthode ou stratégie en vue d’obtenir des résultats ; il reflète plutôt la nature même du cosmos, car Dieu crée le monde et tout ce qu’il contient non pas d’une manière abstraite ou distante mais en prononçant sa parole : « Dieu dit : “ Que les eaux foisonnent d’une profusion d’êtres vivants” » (Gn 1,20). Reflétant la qualité essentielle de l’ordre créé, le dialogue est ainsi non seulement désirable mais essentiel : dialogue entre les religions, dialogue entre les nations, dialogue entre croyants et non-croyants, dialogue entre les sciences, dialogue entre riches et pauvres, dialogue pour tous !! Certes, ce n’est pas une tâche facile, mais « la gravité de la crise écologique exige que tous nous pensions au bien commun et avancions sur un chemin de dialogue qui demande patience, ascèse et générosité » (cf. Laudato si’, 201).
Alors que vous vous penchez sur ces questions importantes, j’offre volontiers ces réflexions comme une contribution à vos délibérations, que je confie à l’intercession de Notre Dame Étoile de la Mer. Sur tous ceux qui participent à cette conférence internationale, j’invoque les bénédictions divines de sagesse et de courage.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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