Sur les pas de saint François d’Assise, le pape François appelle, depuis la Bulgarie, chacun à promouvoir la paix dans sa vie: « Chacun de nous aussi est appelé à devenir un constructeur, un“artisan” de paix. Paix que nous devons implorer et pour laquelle nous devons travailler, don et mission, cadeau et effort constant et quotidien pour construire une culture dans laquelle aussi la paix soit un droit fondamental. »
Le pape a prié pour la paix dans le monde, à l’occasion de son voyage en Bulgarie, à Sofia, Place Nezavisimost (de l’Indépendance), ce lundi 6 mai 2019, aux côtés de représentants de différentes religions présents dans le pays.
Le pape a invoqué la paix sur la terre: « En ce moment, nos voix se fondent et à l’unisson elles expriment l’ardent désir de la paix: que la paix se répande sur toute la terre! dans nos familles, en chacun de nous, et spécialement en ces lieux où la guerre a fait taire tant de voix, étouffées par l’indifférence et ignorées par la complicité accablante de groupes d’intérêts. »
Le pape a invoqué la miséricorde: « Nous sommes ici ce soir priant devant ces flambeaux portés par nos enfants. Ils symbolisent le feu de l’amour qui est allumé en nous et qui doit devenir un phare de miséricorde, d’amour et de paix dans les milieux où nous vivons. Un phare que nous voudrions voir illuminer le monde entier. Avec le feu de l’amour, nous voulons faire fondre le gel des guerres. »
Une bonne partie de ces représentants avait déjà salué le pape François avant et après la prière du Regina Caeli, dimanche, 5 mai, à midi. Le représentant musulman était aussi présent à la messe de dimanche après-midi.
Le pape a aussi évoqué un saint sous le signe duquel est placé son voyage, Jean XXIII, ancien Délégué apostolique dans le Royaume de Bulgarie, en 1925. Le pape a écrit le titre de son encyclique sur la paix dans le monde, « Pacem in Terris », comme message dans le livre d’or du patriarcat orthodoxe, dimanche.
L’ancien roi de Bulgarie Siméon II, 81 ans, – qui a été Premier ministre de 2001 à 2005 – reconnaissant envers Jean XXIII était présent à la cérémonie, en dépit de la pluie et du vent.
À son arrivée, le pape François est monté sur le podium aux côtés des représentants, tandis qu’un choeur de jeunes bulgares entonnait « We are the world »: toute la rencontre a en fait été placé sous le signe des nouvelles générations.
Le podium était orné de trois symboles: un cierge portant le logo de la visite du pape, un olivier signifiant la paix, et des roses, représentant la Bulgarie.
Un jeune a allumé le cierge puis les six flambeaux d’autres jeunes représentant différentes religions et confessions chrétiennes. La paix sur le monde
La rencontre a commencé par la lecture du Cantique des créatures de saint François, en italien puis en bulgare, et du psaume 121, également en italien puis en bulgare: « Que la paix règne dans tes murs… Je dirai paix sur toi, Jérusalem. Je désire ton bien. »
Puis chacun a invoqué la paix selon sa religion : juifs, musulmans, et chrétiens – orthodoxes, protestants, arméniens, et catholiques -, en commençant par un choeur d’enfant qui a chanté un chant traditionnel de l’orthodoxie bulgare: « Seigneur, Donne moi l’intelligence et la raison pour que je ne puisse pas pécher… La paix, la vie »
Le représentant de l’Eglise apostolique arménienne a invoqué, en bulgare, la Sainte Trinité: « Vous tous, chantez la Sainte Trinité… La voix de la paix retentit ». Il a ensuite raccompagné le pape François jusqu’à sa voiture, en dépit du mauvais temps, et sans parapluie.
La météo très maussade a donné lui à de jolis gestes: un Franciscain abritant sous son parapluie le représentant de la communauté juive.
Ce sont trois enfants de la Communauté juive de Bulgarie qui ont ensuite chanté la paix – « Shalom », en hébreu.
Une artiste de l’Alliance protestante de Bulgarie a imploré la bénédiction de Dieu sur la Bulgarie et la paix, avec une voix très émouvante, en bulgare.
Représentant les musulmans, un muezzin a aussi invoqué Dieu, en arabe. La population musulmane représente quelque 8% de la population.
Le pape François a lui-même lu, en italien, la prière de saint François: « Seigneur, fais de moi un artisan de paix ». Il a ensuite prononcé une brève mais forte allocution.
Pacem in terris
Il a conclu avec Jean XXIII: « Chacun là où il se trouve, accomplissant la tâche qui lui incombe peut dire: «Fais de moi un instrument de ta paix». C’est le souhait que se réalise le rêve du Pape saint Jean XXIII, d’une terre où la paix soit chez elle. Suivons son désir et avec notre vie disons: Pacem in terris! Paix sur la terre à tous les hommes aimés du Seigneur. »
Les participants ont échangé un signe de paix et la rencontre s’est achevée au chant de l’alléluia de Haendel.
On reconnaissait « l’esprit d’Assise » et les rencontres pour la paix voulues dans la ville du Poverello par le saint pape Jean-Paul II et ensuite par Benoît XVI avec d’autres religions ou des incroyants: elles sont aujourd’hui promues dans le monde par Sant’Egidio.
Un tweet a ensuite été posté sur le compte @Pontifex_fr: « Chacun là où il se trouve, accomplissant la tâche qui lui incombe peut dire : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix ». #VoyageApostolique #Bulgarie »
Un autre tweet cite saint Jean XXIII: « Comme disait le Pape Jean XXIII : « Je n’ai jamais connu un pessimiste qui ait réalisé quelque chose de bien ». Le Seigneur est le premier à ne pas être pessimiste et, continuellement, il cherche à ouvrir pour nous tous des chemins de Résurrection. #VoyageApostolique #Bulgarie »
C’est donc sous la pluie que le pape est ensuite rentré à la nonciature en voiture couverte blanche (une Kia Soul).
Le pape avait commencé la journée avec les familles réfugiées de différents pays dans un centre de la Caritas: ils sont un douloureux exemple des souffrances occasionnées par la guerre. Il a ensuite pris l’avion pour Plovdiv et Starovski pour rencontrer la petite communauté catholique du pays et présider notamment la messe de 245 Premières communions.
Voici les paroles prononcées par le pape François qui s’est ensuite rendu à la nonciature, pour sa deuxième et dernière nuit en Bulgarie: il doit prendre l’avion demain matin 8h20 (7h20 à Rome) pour arriver une heure plus tard en Macédoine du Nord, sur les pas de Mère Teresa de Calcutta.
AB
Allocution du pape François
Chers frères et sœurs,
Nous avons prié pour la paix avec des paroles inspirées de saint François d’Assise, grand amoureux du Dieu Créateur et Père de tous. Amour dont il a témoigné avec la même passion et un sincère respect envers la création et chaque personne qu’il rencontrait sur son chemin. Amour qui a transformé son regard en lui faisant prendre conscience qu’il existe en chacun « un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout» (Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 6). Amour qui l’a conduit à être un authentique constructeur de paix.
Sur ses traces, chacun de nous aussi est appelé à devenir un constructeur, un“artisan” de paix. Paix que nous devons implorer et pour laquelle nous devons travailler, don et mission, cadeau et effort constant et quotidien pour construire une culture dans laquelle aussi la paix soit un droit fondamental. Paix active et “fortifiée” contre toutes les formes d’égoïsme et d’indifférence qui nous font préférer les intérêts mesquins de certains à la dignité inviolable de chaque personne. La paix exige et demande que nous fassions du dialogue un chemin, de la collaboration commune notre conduite, de la connaissance réciproque la méthode et le critère (cf. Document sur la fraternité humaine, Abu Dhabi, 4 février 2019) pour nous rencontrer dans ce qui nous unit, nous respectant dans ce qui nous sépare et nous encourageant à regarder l’avenir comme un espace d’opportunité et de dignité, spécialement pour les générations qui viendront.
Nous sommes ici ce soir priant devant ces flambeaux portés par nos enfants. Ils symbolisent le feu de l’amour qui est allumé en nous et qui doit devenir un phare de miséricorde, d’amour et de paix dans les milieux où nous vivons. Un phare que nous voudrions voir illuminer le monde entier. Avec le feu de l’amour, nous voulons faire fondre le gel des guerres. Nous vivons cet événement pour la paix sur les ruines de l’antique Serdika, à Sofia, cœur de la Bulgarie. Nous pouvons voir d’ici les lieux de culte de diverses Églises et Confessions religieuses: Sainte Nedelia de nos frères orthodoxes, saint Joseph pour nous catholiques, la synagogue de nos frères aînés les juifs, la mosquée de nos frères musulmans et, tout proche, l’église des arméniens.
En ce lieu, pendant des siècles, convergeaient les Bulgares de Sofia, appartenant à divers groupes culturels et religieux, pour se rencontrer et discuter. Puisse ce lieu symbolique représenter un témoignage de paix. En ce moment, nos voix se fondent et à l’unisson elles expriment l’ardent désir de la paix: que la paix se répande sur toute la terre! dans nos familles, en chacun de nous, et spécialement en ces lieux où la guerre a fait taire tant de voix, étouffées par l’indifférence et ignorées par la complicité accablante de groupes d’intérêts. Que tous coopèrent aux réalisations de cette aspiration: les responsables des religions, de la politique, de la culture. Chacun là où il se trouve, accomplissant la tâche qui lui incombe peut dire: «Fais de moi un instrument de ta paix». C’est le souhait que se réalise le rêve du Pape saint Jean XXIII, d’une terre où la paix soit chez elle. Suivons son désir et avec notre vie disons: Pacem in terris! Paix sur la terre à tous les hommes aimés du Seigneur.
[Texte original: Italien] Copyright: Librairie éditrice du Vatican