Le pape et le président bulgare Radev @ Vatican Media

Le pape et le président bulgare Radev @ Vatican Media

Bulgarie: "Faire surgir de nouveaux parcours de paix et de concorde!" (texte complet)

Le pape évoque les ressources historiques de la Bulgarie pour affronter les crises d’aujourd’hui

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Le pape François encourage la tradition bulgare d’être un lieu de rencontre et de dialogue harmonieux entre peuples et civilisations et un pont entre le Moyen Orient et l’Occident.
Le pape François a rencontré les autorités de Bulgarie et le Corps diplomatique en ce premier jour de son voyage à Sofia, en Bulgarie, où il est arrivé, ce dimanche 5 mai 2019.
Le pape avait d’abord rencontre le Premier ministre, Boïko Borissov, qui l’a accueilli à l’aéroport et le président Roumen Radev au palais présidentiel.
C’est son 29e voyage apostolique international, et le 4e de cette année 2019.
La Bulgarie compte quelque 7 millions d’habitants, dont 91% d’orthodoxes, 1% de catholiques, 8% de musulmans, et une communauté juive de 2 000 personnes en 2010 (plus de 48 000 en 1934).
Le pape a placé son voyage dans le sillage de celui de saint Jean-Paul II – venu en 2002 – et dans le sillage de l’ancien Délégué apostolique Angelo Giuseppe Roncalli, saint Jean XXIII (arrivé en 1925), mais aussi dans le sillage des saints patrons de l’Europe, Cyrille et Méthode.
Il a dit notamment: « Que soient bénis les saints Cyrille et Méthode, copatrons de l’Europe, qui par leurs prières, leur génie et leur labeur apostolique unanime sont pour nous un exemple et restent, à distance de plus d’un millénaire, des inspirateurs d’un dialogue fécond, d’harmonie, de rencontre fraternelle entre les Églises, les États et les peuples! Puisse leur lumineux exemple susciter de nombreux imitateurs également de nos jours et faire surgir de nouveaux parcours de paix et de concorde! »
Le pape a encouragé à tout faire pour affronter les difficultés actuelles grâce aux racines du pays: tout faire à la fois pour que les jeunes n’émigrent pas, pour affronter « l’hiver démographique » européen et pour affronter le flux migratoire qui traverse le pays pour s’en aller plus à l’Ouest du continent.
Encourageant le dialogue des chrétiens et le dialogue entre les religions, le pape a cité sa Déclaration d’Abou Dhabi sur la « fraternité humaine ».
Le pape devait ensuite rencontrer le Saint-Synode orthodoxe et le patriarche Néophyte: l’Eglise orthodoxe de Bulgarie est autocéphale et entretient des relations avec Rome depuis près de 50 ans.
Lors du recensement bulgare de 2001, 43.811 personnes se sont déclarées catholiques (moins qu’en 1992: 53.074), la majorité étant Bulgares, et quelque 2500 Turcs, et 2000 d’autres pays.
Voici la traduction officielle en français du discours du pape François prononcé en italien.
Le pape a commencé par souhaiter en bulgare: « Christos vozkrese! » (« Le Christ est ressuscité ») et une bonne partie son auditoire a répondu, selon la salutation pascale traditionnelle: « En vérité ressuscité! ».
Il avait auparavant rencontré le président Radev auquel il a offert un facsimilé d’un document des Archives secrètes du Vatican le « bref » de la nomination par le pape Pie XI, de saint Jean XXIII, alors Mgr Angelo Giuseppe Roncalli comme Délégué apostolique dans le Royaume de Bulgarie, en date du 16 octobre 1931.
AB

Facsimilé du "bref" de Pie XI nommant Mgr Roncalli en Bulgarie @ Vatican Media

Facsimilé du « bref » nommant Mgr Roncalli en Bulgarie @ Vatican Media

Discours du pape François 
Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre
Distingués membres du Corps Diplomatique
Distinguées Autorités,
Représentants des diverses confessions religieuses,
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux de me trouver en Bulgarie, lieu de rencontre entre de multiples cultures et civilisations, pont entre l’Europe de l’Est et celle du Sud, porte ouverte sur le Proche-Orient, une terre où s’enracinent d’antiques racines chrétiennes, qui nourrissent la vocation à favoriser la rencontre aussi bien dans la région que dans la communauté internationale. Ici, la diversité dans le respect des spécificités propres est vue comme une opportunité, une richesse et non comme un motif d’opposition.
Je salue cordialement les Autorités de la République et je les remercie pour l’invitation qui m’a été adressée pour visiter la Bulgarie. Je remercie Monsieur le Président pour les courtoises paroles qu’il m’a adressées en m’accueillant sur cette place historique qui porte le nom de l’homme d’Etat Atanas Burov, qui a subi les rigueurs d’un régime opposé à la liberté de pensée.
J’envoie avec déférence mon salut à Sa Sainteté le Patriarche Neofit – que je rencontrerai d’ici peu –, aux Métropolites et aux Évêques du Saint Synode, ainsi qu’à tous les fidèles de l’Eglise orthodoxe bulgare. J’adresse une salutation affectueuse aux évêques, aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et à tous les membres de l’Église catholique, que je viens confirmer dans la foi et encourager dans leur cheminement quotidien de vie et de témoignage chrétien.
J’adresse une cordiale salutation aux chrétiens des autres Communautés ecclésiales, aux membres de la Communauté juive et aux fidèles de l’Islam et je réaffirme avec vous «la forte conviction que les vrais enseignements des religions invitent à demeurer ancrés dans les valeurs de la paix ; à soutenir les valeurs de la connaissance réciproque, de la fraternité humaine et de la coexistence commune» (Document sur la fraternité humaine, Abou Dhabi, 4 février 2019). Nous profitons de l’hospitalité que le peuple bulgare nous offre afin que chaque religion, appelée à promouvoir l’harmonie et la concorde, contribue à la croissance d’une culture et d’un environnement harmonieux imprégné du plein respect de la personne humaine et de sa dignité, en instaurant des connexions vitales entre civilisations, sensibilités et traditions diverses et en rejetant toute violence et toute coercition. On fera ainsi échec à ceux qui cherchent par tous les moyens à la manipuler et à l’instrumentaliser.
Ma visite d’aujourd’hui entend idéalement faire suite à celle effectuée par saint Jean-Paul II en mai 2002 et se déroule dans l’heureux souvenir de la présence à Sofia, pour environ une décennie, de Mgr Angelo Giuseppe Roncalli, alors Délégué Apostolique. Il a toujours porté dans le cœur des sentiments de gratitude et de profonde estime pour votre Nation, au point d’affirmer que, partout où il irait, sa maison vous serait toujours ouverte, sans qu’il soit nécessaire de se présenter comme catholique ou orthodoxe, mais seulementcomme frère de Bulgarie (cf. Homélie du 25 décembre 1934). Saint Jean XXIII a travaillé sans relâche pour promouvoir la collaboration fraternelle entre tous les chrétiens et par le Concile Vatican II, qu’il a convoqué et présidé dans sa première phase, il a donné une grande impulsion et de l’élan au développement des relations œcuméniques.
C’est dans le sillage de ces événements providentiels que, à partir de 1968 – donc depuis cinquante ans – une délégation officielle bulgare, composée des plus hautes Autorités civiles et ecclésiastiques, effectue chaque année une visite au Vatican à l’occasion de la fête des saints Cyrille et Méthode. Ils ont évangélisé les peuples slaves et ont été à l’origine du développement de leur langue ainsi que de leur culture et surtout de fruits abondants et durables de témoignage chrétien et de sainteté.
Que soient bénis les saints Cyrille et Méthode, copatrons de l’Europe, qui par leurs prières, leur génie et leur labeur apostolique unanime sont pour nous un exemple et restent, à distance de plus d’un millénaire, des inspirateurs d’un dialogue fécond, d’harmonie, de rencontre fraternelle entre les Églises, les États et les peuples! Puisse leur lumineux exemple susciter de nombreux imitateurs également de nos jours et faire surgir de nouveaux parcours de paix et de concorde!
Maintenant, dans cette situation historique, à trente ans de la fin du régime totalitaire qui entravait sa liberté et ses initiatives, la Bulgarie est confrontée aux conséquences de l’émigration, survenue au cours des dernières décennies, de plus de deux millions de ses citoyens à la recherche de nouvelles opportunités de travail. En même temps, la Bulgarie – comme tant d’autres pays du Vieux Continent – doit affronter ce qui peut être considéré comme un nouvel hiver: l’hiver démographique, qui s’est abattu comme un rideau de gel sur toute l’Europe, conséquence d’une diminution de la confiance face à l’avenir. La baisse de la natalité, associée donc à l’intense flux migratoire, a entraîné le dépeuplement et l’abandon de nombreux villages et villes. En outre, la Bulgarie se trouve confrontée au phénomène de ceux qui cherchent à traverser ses frontières, pour fuir des guerres et des conflits ou la misère, et tentent de rejoindre à tout prix les régions plus riches du continent européen, afin de trouver de nouvelles opportunités de vie ou simplement un refuge sûr.
Monsieur le Président,
je connais l’engagement des gouvernants de ce pays, depuis des années, pour créer les conditions, afin que les jeunes surtout ne soient pas contraints à émigrer. Je voudrais vous encourager à continuer dans cette voie, à accomplir tous les efforts pour créer des conditions favorables, afin que les jeunes puissent investir leurs fraîches énergies et programmer leur avenir personnel et familial, en trouvant dans leur patrie les conditions d’une vie digne. Et vous qui connaissez le drame de l’émigration, je me permets de vous suggérer de ne pas fermer les yeux, le cœur et la main – comme en témoigne votre tradition – à celui qui frappe à vos portes.
Votre pays s’est toujours caractérisé comme un pont entre l’Est et l’Ouest, capable de favoriser la rencontre entre des cultures, des ethnies, des civilisations et des religions différentes, qui depuis des siècles ont coexisté ici en paix. Le développement, y compris économique et civil, de la Bulgarie passe nécessairement par la reconnaissance et la valorisation de cette caractéristique spécifique. Puisse cette terre, délimitée par le grand fleuve Danube et par les rives de la Mer noire, rendue fertile par l’humble travail de nombreuses générations et ouverte aux échanges culturels et commerciaux, intégrée dans l’Union Européenne et ayant de solides liens avec la Russie et la Turquie, offrir à ses enfants un avenir d’espérance.
Que Dieu bénisse la Bulgarie, la garde pacifique et accueillante et la rende prospère et heureuse!
[Texte original: Italien] Copyright: Librairie éditrice du Vatican 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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