Mgr Bernardito Auza @ Holy See Mission

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Moyen-Orient : il faut briser le cycle de la violence, affirme Mgr Auza

Il avertit sur les risques d’un changement du statu quo de Jérusalem

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Dans le conflit israélo-palestinien, où « les tensions s’aggravent et où la violence intercommunautaire peut éclater à tout moment », il faut, affirme Mgr Auza, « briser le cycle de la violence et les deux parties doivent se résoudre à éviter les actions unilatérales qui mineraient la solution des deux États ». Il exhorte donc les acteurs régionaux et le reste de la communauté internationale à « tout mettre en œuvre » et à « utiliser toute leur capacité de persuasion politique et diplomatique » pour freiner l’escalade.

Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique, observateur permanent du Conseil de sécurité du Saint-Siège, est intervenu au débat public sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, à New York, le 29 avril 2019.

Le représentant du Saint-Siège évoque la « lueur d’espoir » apportée par la formation d’un nouveau gouvernement palestinien : en effet, estime-t-il, « l’unité est essentielle pour une Palestine politiquement stable et économiquement viable ». Mais il avertit aussi que « les mesures visant à changer l’identité de Jérusalem et son statu quo, non seulement affectent les populations déjà fragiles qui y vivent, mais ont également des effets potentiellement préjudiciables sur la paix et la stabilité dans la région ».

Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Auza.

HG

Intervention de Mgr Bernardito Auza

Monsieur le Président,

Le Saint-Siège tient à remercier la présidence allemande d’avoir organisé le débat public d’aujourd’hui pour examiner la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne.

Monsieur le Président,

Dans les exposés qu’il a présentés au Conseil, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, dresse souvent un sombre tableau de la situation dans laquelle les tensions s’aggravent et où la violence intercommunautaire peut éclater à tout moment. A Gaza, une situation humanitaire désastreuse alimente le désespoir de la population palestinienne, parfois manipulée par des groupes extrémistes qui recourent à la violence, alors que la peur pour la sécurité israélienne augmente. Trop de civils innocents, des deux côtés, ont payé le prix de l’usage aveugle de la violence et de la force.

La formation d’un nouveau gouvernement palestinien offre cependant une lueur d’espoir dans l’ombre du désespoir qui caractérise depuis bien trop longtemps le conflit israélo-palestinien. En effet, l’unité est essentielle pour une Palestine politiquement stable et économiquement viable. A cet égard, le Saint-Siège salue les efforts inlassables déployés par les pays voisins pour forger des pourparlers avec les différentes factions palestiniennes et faciliter le dialogue entre elles. Ces efforts demeurent importants pour respecter les droits inaliénables et réaliser les aspirations légitimes du peuple palestinien ainsi que pour instaurer une paix et une sécurité durables pour Israël.

De véritables défis demeurent, bien entendu. La fragmentation croissante de la terre palestinienne ne fera que rendre plus difficile, avec le temps, la solution des deux États. Difficulté ne signifie cependant pas impossibilité ; il incombe donc aux parties elles-mêmes, aux acteurs régionaux et au reste de la communauté internationale, de tout mettre en œuvre et d’utiliser toute leur capacité de persuasion politique et diplomatique pour éviter que cette difficulté ne devienne une impossibilité. Si l’on veut que la solution des deux États devienne une réalité, il faut briser le cycle de la violence et les deux parties doivent se résoudre à éviter les actions unilatérales qui mineraient la solution des deux États, comme nous l’avons si souvent entendu dans cette enceinte.

L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), dont la demande de services ne cesse de croître, continue de jouer un rôle essentiel non seulement en fournissant des services de base aux réfugiés de Palestine, mais aussi en tant qu’élément essentiel du développement et de la sécurité régionaux. Le Saint-Siège félicite les pays qui ont augmenté leurs dons pour permettre à l’Office de mener à bien son action visant à garantir que la population réfugiée, en particulier les enfants des camps de réfugiés, puisse vivre dans la dignité.

Monsieur le Président,

Les mesures visant à changer l’identité de Jérusalem et son statu quo, non seulement affectent les populations déjà fragiles qui y vivent, mais ont également des effets potentiellement préjudiciables sur la paix et la stabilité dans la région. Lors de sa récente visite au Maroc, le pape François et Sa Majesté le roi Mohammed VI ont lancé un appel conjoint sur l’importance de préserver la Ville Sainte de Jérusalem « comme patrimoine commun de l’humanité et particulièrement des fidèles des trois religions monothéistes, comme lieu de rencontre et comme symbole de coexistence pacifique, où le respect mutuel et le dialogue peuvent être cultivés ». Ils ont exprimé l’espoir que « la pleine liberté d’accès aux fidèles des trois religions monothéistes et leur droit de culte soient garantis, afin qu’à Jérusalem/Al-Qods Acharif, ils puissent adresser leurs prières à Dieu, le Créateur de tous, pour un avenir de paix et de fraternité sur la terre » (1).

Je voudrais conclure par un passage du message pascal du pape François pour le Moyen-Orient : « Puisse la lumière de Pâques illuminer tous les chefs de gouvernement et les peuples du Moyen-Orient, à commencer par les Israéliens et les Palestiniens, et les inciter à soulager ces grandes souffrances et à poursuivre un avenir de paix et de stabilité » (2).

Je vous remercie, Monsieur le Président.

  1. Appel de Sa Majesté le roi Mohammed VI et de Sa Sainteté le pape François concernant Jérusalem / Al-Qods : La Ville sainte et un lieu de rencontre, Rabat, 30 mars 2019.
  2. Pape François, Message Urbi et Orbi, Pâques, 21 avril 2019.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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