Audience du mercredi de Pâques, 24 avril 2019, enfant © Vatican Media

Audience du mercredi de Pâques, 24 avril 2019, enfant © Vatican Media

Catéchèse sur le Notre-Père : «Seigneur, aide-moi à pardonner !» (traduction complète)

«Jésus insère la force du pardon dans les relations humaines»

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« Il n’y a pas de « self made man » dans l’Eglise », fait observer le pape François dans sa catéchèse en italien sur le Notre-Père, ce mercredi de Pâques, 24 avril 2019, Place Saint-Pierre.
Le pape a insisté sur le fait que la créature doit tout à Dieu : « Notre identité se construit à partir du bien reçu. Le premier c’est la vie. » Chaque être humain est créé, désiré, aimé, pardonné : voilà pourquoi chacun est appelé à pardonner à son tour : « Nous trouvons ici le lien entre l’amour pour Dieu et l’amour du prochain. L’amour appelle l’amour, le pardon appelle le pardon. »
L’audience générale de ce mercredi matin a commencé vers 9h10, au Vatican, Place Saint-Pierre, où le pape François a rencontré des groupes de visiteurs venus d’Italie et du monde entier en sillonnant la place en papamobile, accompagné de quatre jeunes qui sont montés avec lui. Le pape a béni la foule, spécialement les bébés et les personnes âgées ou les enfants malades.
Dans sa catéchèse en italien, le pape a poursuivi ses enseignements sur le Notre Père, et il a axé sa méditation sur le thème: « Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (cf. Matthieu 18,21-22).
« Réfléchissons, a demandé le pape, nous qui sommes ici, si nous pardonnons ou sommes capables de pardonner. « Père, je ne peux pas le faire, parce que ces gens m’en ont fait tant !  » Mais si tu ne peux pas y arriver, demande au Seigneur de tu donner la force de le faire: Seigneur, aide-moi à pardonner. »
« Jésus insère la force du pardon dans les relations humaines » , fait observer le pape. Jésus insère la force du pardon dans les relations humaines
Après avoir résumé sa catéchèse dans différentes langues, le pape a adressé des salutations particulières aux groupes présents.
L’audience générale s’est terminée par le chant du Notre Père et de la Bénédiction apostolique.
Voici notre traduction, rapide, de travail, de la catéchèse du pape François, prononcée en italien.
AB
Catéchèse du pape François
Chers frères et soeurs, bonjour!
Nous complétons aujourd’hui la catéchèse sur la cinquième demande du « Notre Père », en nous arrêtant sur l’expression « comme nous pardonnons aussi à nos débiteurs » (Mt 6, 12). Nous avons vu que c’est le propre de l’homme d’être débiteur devant Dieu: de lui nous avons tout reçu, en termes de nature et de grâce. Notre vie a été non seulement désirée, mais aimée de Dieu: il n’y a vraiment pas de place pour la présomption lorsque nous joignons les mains pour prier. Il n’y a pas de « self made man » dans l’Eglise, des hommes qui se sont faits tout seuls. Nous sommes tous redevables envers Dieu et envers de nombreuses personnes qui nous ont offert des conditions de vie favorables. Notre identité se construit à partir du bien reçu. Le premier, c’est la vie.
Celui qui prie apprend à dire « merci ». Et nous, nous oublions souvent de dire « merci », nous sommes égoïstes.
Celui qui prie apprend à dire « merci » et demande à Dieu d’être bienveillant avec lui. Malgré tous nos efforts, il reste toujours devant Dieu une dette insolvable que nous ne pourrons jamais rembourser: il nous aime infiniment plus que nous ne l’aimons. Et alors, malgré tous nos efforts pour vivre selon les enseignements chrétiens, il y aura toujours quelque chose dont demander pardon dans notre vie: pensons aux jours passés paresseusement, aux moments où la rancoeur a occupé notre cœur, etc. Ce sont ces expériences, malheureusement qui ne sont pas rares, qui nous font implorer: « Seigneur, Père, remets-nous nos dettes ». C’est ainsi, que nous demandons pardon à Dieu.
A bien y penser, l’invocation pouvait aussi se limiter à cette première partie; ç’aurait été beau. Au lieu de cela, Jésus la soude à une deuxième expression qui ne fait qu’un avec la première. La relation de bienveillance verticale de la part de Dieu est réfractée et appelée à se traduire pans une nouvelle relation que nous vivons avec nos frères: une relation horizontale. Le bon Dieu nous invite à être tous bons. Les deux parties de l’invocation sont liées par une conjonction impitoyable: nous demandons au Seigneur de nous remettre nos dettes, nos péchés, « comme » nous pardonnons à nos amis, aux personnes qui vivent avec nous, à nos voisins, aux personnes qui nous ont fait quelque chose de pas bon.
Tout chrétien sait qu’il existe pour lui le pardon des péchés, nous le savons tous: Dieu pardonne tout et il pardonne toujours. Quand Jésus raconte à ses disciples le visage de Dieu, il le décrit par des expressions de tendre miséricorde. Il dit qu’il y a plus de joie au ciel pour un pécheur qui se repent que pour une foule de justes qui n’ont pas besoin de conversion cf. Lc 15.7.10). Rien dans les évangiles ne suggère que Dieu ne pardonne pas les péchés de ceux qui sont bien disposés et demandent à être ré-embrassés.
Mais la grâce de Dieu, si abondante, est toujours un défi. Qui a tant reçu doit apprendre à donner autant et ne pas retenir que ce qu’il a reçu. Qui a tant reçu doit apprendre à donner autant. Ce n’est pas un hasard si l’Évangile de Matthieu, immédiatement après avoir offert le texte du « Notre Père », parmi les sept expressions utilisées, s’arrête à souligner précisément celui du pardon fraternel: « Si vous pardonnez aux autres leurs fautes, votre Père qui est dans les cieux vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux autres, même votre Père ne vous pardonnera pas vos fautes » (Mt 6,14-15). Mais c’est fort! Je pense: parfois j’ai entendu des gens dire: « Je ne pardonnerai jamais à cette personne! Je ne pardonnerai jamais ce qu’ils m’ont fait! » Mais si tu ne pardonnes pas, Dieu ne te pardonnera pas. Tu fermes la porte.
Réfléchissons si nous sommes capables de pardonner ou si nous ne pardonnons pas. Un prêtre, alors que j’étais dans l’autre diocèse, m’a dit avec angoisse qu’il était allé donner les derniers sacrements à une vieille femme qui était sur le point de mourir. La pauvre femme ne pouvait pas parler. Et le prêtre lui dit: « Madame, vous repentez-vous des péchés? » La dame a dit oui; elle ne pouvait pas les avouer mais elle a dit oui. C’est suffisant. Et encore: « Tu pardonnes aux autres? » Et la dame, sur son lit de mort, a dit: « Non ». Le prêtre est resté dans l’angoisse. Si tu ne pardonnes pas, Dieu ne te pardonnera pas.
Réfléchissons, nous qui sommes ici, si nous pardonnons ou sommes capables de pardonner. « Père, je ne peux pas le faire, parce que ces gens m’en ont fait tant !  » Mais si tu ne peux pas y arriver, demande au Seigneur de tu donner la force de le faire: Seigneur, aide-moi à pardonner. Nous trouvons ici la soudure entre l’amour pour Dieu et l’amour du prochain. L’amour appelle l’amour, le pardon appelle le pardon. Encore une fois dans Matthieu, nous trouvons une parabole très intense consacrée au pardon fraternel (cf. 18,21-35). Écoutons-la.
Il y avait un serviteur qui avait contracté une énorme dette envers son roi: dix mille talents! Une somme impossible à rembourser; je ne sais pas combien cela serait aujourd’hui, mais des centaines de millions. Cependant le miracle se produit et ce serviteur reçoit non pas une prolongation de paiement, mais une amnistie complète. Une grâce inattendue! Or voici que ce même serviteur, immédiatement après, s’acharne contre son frère qui lui doit cent deniers – peu de chose – et, bien que ce soit une somme accessible, il n’accepte ni excuses ni supplications. Par conséquent, à la fin, le maître le rappelle et le fait condamner. Parce que si tu ne t’efforces pas de pardonner, tu ne sera pas pardonné; si tu n’essaye pas d’aimer, tu ne seras pas aimé non plus.
Jésus insère la force du pardon dans les relations humaines. Dans la vie, tout n’est ne se résout pas avec la justice. Non. Surtout là où il faut mettre une limite au mal, il faut que quelqu’un aime au-delà de ce qui est dû pour recommencer une histoire de grâce. Le mal connaît ses vengeances, et s’il n’est pas interrompu, il risque de se propager et d’étouffer le monde entier.
À la loi du talion – ce que tu m’as fait, je te le retourne -, Jésus remplace la loi de l’amour: ce que Dieu m’a fait, je te le retourne! Réfléchissons aujourd’hui, en cette très belle semaine de Pâques, si je suis capable de pardonner. Et si je ne me sens pas capable, je dois demander au Seigneur de me donner la grâce de pardonner, car savoir pardonner c’est une grâce.
Dieu donne à chaque chrétien la grâce d’écrire une histoire de bien dans la vie de ses frères, en particulier de ceux qui lui ont fait quelque chose de désagréable et de mal.
Par une parole, une embrassade, un sourire, nous pouvons transmettre aux autres ce que nous avons reçu de plus précieux. Quelle est la chose précieuse que nous ayons reçue? Le pardon, que nous devons pouvoir donner aux autres.
© Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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