Le président Mattarella à L'Aquila et le card. Petrocchi @ chiesadilaquila.it

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Séisme de L'Aquila, dix ans après: le pape reçoit l'archevêque, le card. Giuseppe Petrocchi

Et les pèlerinages de Benoît XVI

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Dix ans après le séisme du 6 avril 2009, qui a fait 309 victimes et plus de 1 600 blessés, le pape François a reçu hier, 4 avril 2019, l’archevêque de L’Aquila (Italie), le cardinal Giuseppe Petrocchi. Un message de l’archevêque veut transmettre l’espérance aux habitants qui n’ont pas pu revenir. Ce séisme est lié aussi à la mémoire du pèlerinage de Benoît XVI qui, semble-t-il, songeait déjà à se retirer.
Le séisme a eu lieu en pleine nuit, surprenant les habitants à 3h32, avec une magnitude de 6,3 sur l’échelle de Richter. Les dégâts étaient estimés à 10 milliards d’euros.
M’archevêque Petrocchi a été « créé » cardinal le 29 juin 2018 par le pape François: il y voyait « le signe d’un amour qui donne du courage et qui ouvre des perspectives d’espérance pour l’avenir ».
Sa visite confirme le souci que le pape François a de la situation de la région, et des besoins des habitants, dix ans après.
« L’Aquila, disait-il, est une ville icône qui exprime la souffrance et les attentes de toutes les populations qui ont été frappées par la série de tremblements de terre qui, entre 2009 et 2017, ont dévasté l’Italie centrale. »
Les « martyrs » du séisme
Pour le 10e anniversaire de la catastrophe, l’archevêque a publié un message dans le quel il souligne que « pour la dixième fois, cette année » on entendra « sonner la cloche qui rappelle les 309 « martyrs » du séisme ».
« Nous nous souvenons de toutes les victimes de cette terrible tragédie; nous les serrons dans nos bras avec une seule étreinte et, en même temps, nous les appelons par leur nom: un par un », insite l’archevêque.
Il voit aussi l’espérance de « Pâques » arriver: « La « nuit crucifiée » du tremblement de terre a provoqué de longues journées de douleur, mais elle a également allumé la lumière d’une « résurrection » progressive, plus forte que la fureur dévastatrice du tremblement de terre. Les larmes versées se sont avérées fructueuses et ont généré une floraison abondante de fraternité et de solidarité. »
Mais il y a eu aussi le « tremblement de terre de l’âme »: « L’anniversaire – que nous célébrons avec une volonté de reconstruction « intégrale » – nous oblige à faire une révision de vie sérieuse ensemble. Pour cette raison, je ne parlerais pas de « tremblement de terre », mais de « tremblements de terre », non seulement parce que nous avions de nouvelles répliques telluriques (en 2016 et 2017), mais aussi parce que le tremblement de terre est un événement complexe et multiforme, difficile à saisir dans sa « globalité » destructrice ».
Traces visibles et invisibles
Les traces du séisme sont encore très visibles, déplore l’archevêque: « Il y a des endroits à L’Aquila (y compris la cathédrale et l’église de S. Maria à Paganica), ainsi que dans ses hameaux, où malheureusement le tremblement de terre peut encore être vu et « respiré », avec une immense tristesse! Pour dire, en regardant ces ruines: tant de dégâts, pendant trop d’années. »
Mais les traces dans les coeurs sont cachées: « Il faut de la persévérance et de solides doses d ‘ »amour samaritain » pour ouvrir ces portes barrées et scruter avec humilité et affection les « espaces » psychologiques et sociaux dans lesquels les souvenirs et les sentiments sont jalousement gardés. Ce sont des traumatismes qui ne peuvent être surmontés avec le simple déplacement géographique, car si quelqu’un garde le tremblements de terre cloué dans son âme, même s’il change de ville, il le emporte avec lui ».
Les pèlerinages de Benoît XVI
Le pape Benoît XVI s’était rendu à L’Aquila après la catastrophes: il avait déposé le pallium de son intronisation, quatre ans plus tôt, le 24 avril 2005, sur le sarcophage, intact, de saint Célestin V (1209–1296). D’aucuns ont décelé dans ce geste déjà le projet de Benoît XVI de renoncer au pontificat, à l’instar de Célestin V qui redevint ensuite moine, après sa démission du 13 décembre 1294.
Le 28 avril 2009, en effet, trois semaines après le séisme, le pape Benoît XVI s’est rendu à L’Aquila pour prier pour les victimes, avant de se rendre à la basilique, très endommagée, de Notre-Dame de Collemaggio : la dépouille du saint pape Célestin V avait été sauvée des décombres, et Benoît XVI a déposé là son pallium, sous les applaudissements.
Il a fait allusion à ce geste un an plus tard, le 4 juillet 2012, lorsqu’il s’est rendu dans cette région des Abruzes, à Sulmona, pour le « pardon de Célestin V », sous le signe de la miséricorde.
Dans son homélie, il disait : « Je me suis moi-même rendu dans cette basilique, en avril de l’année dernière, après le tremblement de terre qui a dévasté la région, pour vénérer le reliquaire contenant sa dépouille et laisser le pallium reçu le jour du début de mon pontificat ».
Il semble alors avoir fait le portrait de la vie qu’il allait choisir en décrivant celle du pape Célestin: « Bien que menant une vie d’ermite, saint Pierre Célestin n’était pas « fermé sur lui-même », mais il était pris par la passion d’apporter la bonne nouvelle de l’Evangile à ses frères. Et le secret de sa fécondité pastorale se trouvait précisément dans le fait de « demeurer » avec le Seigneur, dans la prière, comme cela nous a été rappelé également dans le passage évangélique d’aujourd’hui : le premier impératif est toujours celui de prier le Seigneur de la moisson ».

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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