Liesse des jeunes du Portugal, Panama © Santuário de Fátima

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Le pape François écrit aux jeunes du monde: "Christus vivit"

Neuf chapitres pour les jeunes et pour tous

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« Il est vivant ! » : le pape François adresse aux jeunes du monde entier – et pas seulement les catholiques – une vraie « lettre » pour leur parler du Dieu qui lui a parlé dès sa jeunesse, est toujours « jeune » et l’ « ami » des jeunes. Elle est publiée ce mardi 2 aveil 2019, en l’anniversaire de la mort de saint Jean-Paul II, le pape des JMJ, et auteur de « Ma vocation, don et mystère ».
Cette lettre en guise d’ « exhortation apostolique post-synodale » est une façon inédite pour un pape de nouer la gerbe du synode des évêquess d’octobre 2018 sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations ».
Signée le 25 mars dernier, dans la maison de la Vierge Marie à Lorette, elle s’intitule : « Il vit, le Christ ». Le titre se prolonge : « notre espérance », « il est la plus belle jeunesse de ce monde ».
« Il te veut vivant »
Le pape lance en le tutoyant un appel à la vie pour le jeune qui le lit : « Tout ce qu’il touche devient jeune, devient nouveau, se remplit de vie. Les premières paroles que je voudrais adresser à chacun des jeunes chrétiens sont donc : Il vit et il te veut vivant ! »
Deuxième point. Le Vivant est présent, toujours et partout : « Il est en toi, il est avec toi et jamais ne t’abandonne. Tu as beau t’éloigner, le Ressuscité est là, t’appelant et t’attendant pour recommencer. Quand tu te sens vieilli par la tristesse, les rancœurs, les peurs, les doutes ou les échecs, il sera toujours là pour te redonner force et espérance. »
Elle est faite de « certaines convictions de foi », pour encourager « à grandir en sainteté et dans l’engagement de sa propre vocation ». Le synode avait pour titre on s’en souvient : « Les jeunes, la foi et le discernement des vocations ».
Troisième point. Cette lettre profitera aussi à tout le Peuple de Dieu : « Je m’adresse en même temps à tout le peuple de Dieu, à ses pasteurs et à ses fidèles, car la réflexion sur les jeunes et pour les jeunes nous interpelle et nous stimule tous ».
Une lettre à « mille voix »
Le ton est donné : le pape raconte aux jeunes le Christ qui est vivant, en 168 petites pages, en 9 chapitres et 299 paragraphes. Le pape y inclut des « propositions » du synode qui lui ont semblées « significatives », en sorte que cette lettre se révèle être à « mille voix » avec des « croyants du monde entier » et même des  « jeunes non croyants, qui ont voulu y prendre part », « ont soulevé des questions qui ont suscité en moi de nouvelles interrogations ».
Il conclut en leur demandant de « courir ! » : « Chers jeunes, je serai heureux en vous voyant courir plus vite qu’en vous voyant lents et peureux. Courez, « attirés par ce Visage tant aimé, que nous adorons dans la sainte Eucharistie et que nous reconnaissons dans la chair de notre frère qui souffre. Que l’Esprit Saint vous pousse dans cette course en avant. L’Église a besoin de votre élan, de vos intuitions, de votre foi. Nous en avons besoin! Et quand vous arriverez là où nous ne sommes pas encore arrivés, ayez la patience de nous attendre »
La Parole de Dieu parle des jeunes
Le premier chapitre est biblique (nn. 5-21). Elle braque sa caméra sur ces jeunes qui font la Bible et sont encore vivants en quelque sorte( dans la vie de l’Eglise : Joseph, Gédéon, Samuel, David, Salomon, Jérémie,  la jeune et sage servante de Naman le Syrien, la jeune Ruth, aux côtés de Noémie.
Le « jeune » fils prodigue, le « jeune pécheur », Jésus lui-même « l’éternel jeune », Timothée : « Que personne ne méprise ton jeune âge ». Les jeunes filles prudentes… Le fils de la veuve…
« Jésus Christ toujours jeune »
Au chapitre 2 (nn. 22-63), le pape parcourt ensuite les Evangiles à la recherche de la « jeunesse de Jésus » soulignant la relation de Jésus avec « le Père » tout en étant un « jeune homme ordinaire de son peuple ».  « Ces aspects de la vie de Jésus peuvent inspirer tout jeune qui grandit et se prépare pour réaliser sa mission » fait observer le pape.
Il ajoute : « Vous les jeunes, Jésus ne vous éclaire pas de loin ou du dehors, mais dans votre jeunesse même qu’il partage avec vous. » Plus encore « Jésus est ressuscité et il veut nous faire participer à la nouveauté de sa résurrection ».
Quant à l’Eglise, si « ancienne », « elle peut se renouveler et se rajeunir ». Et le pape suggère cette prière : « Demandons au Seigneur de délivrer l’Église des personnes qui veulent la faire vieillir, la scléroser dans le passé, la figer, l’immobiliser. »
L’Eglise, Marie, les jeunes saints
Il donne le secret de la jeunesse de l’Eglise : « Il est nécessaire que l’Église ne soit pas trop attentive à elle-même mais qu’elle reflète surtout Jésus-Christ. »
Le pape, qui a voulu signer cette lettre de jour de la fête de l’Annonciation, qui rappelle le « oui » de Marie au plan de Dieu, indique Marie comme le « grand modèle pour une Église jeune ».
Les saint jeunes « montrent de quoi sont capables les jeunes quand ils s’ouvrent à la rencontre avec le Christ », fait ensuite observer le pape qui cite Sébastien, François d’Assise, Jeanne d’Arc, André Phû Yên (Vietnam), Kateri Tekakwita, Dominique Savio, Thérèse de Lisieux, Ceferino Namancura, (Argentine), Isidore Bakanja (Congo), Pier Giorgio Frassati, Marcel Callo, Chiara Badano, et « beaucoup d’autres jeunes qui ont vécu à fond l’Evangile dans le silence et l’anonymat ».
Les jeunes, « aujourd’hui de Dieu », leur souffrance
Le pape François insiste au chapitre 3 (nn. 64-110) sur le fait que les jeunes ne sont pas « l’avenir » mais « le présent » du monde, et qu’ils représentent une « pluralité » de jeunesses, avec une répartition inégale selon les pays et les continents. Et il met en garde : « la « jeunesse » n’existe pas », mais « des jeunes avec leurs vies concrètes » et qui « grandissent dans un monde en crise ».
Beaucoup « souffrent de marginalisation et d’exclusion sociale », spécialement pour les jeunes femmes, constate le pape, avec le synode et il cite « la situation difficile d’adolescentes et de jeunes filles qui se trouvent enceintes, la plaie de l’avortement, de même que la diffusion du VIH, les diverses formes de dépendance (drogues, jeux de hasard, pornographie, etc.) et la situation des enfants et des jeunes de la rue, qui n’ont ni maison, ni famille, ni ressources économiques ». Cette souffrance est parfois « déchirante et elle « nous gifle ».
Le pape cite encore le synode sur les questions de la sexualité des jeunes, leurs interrogations et leur « perception du corps ». Mais il y a aussi les « blessures » gravées dans l’âme, le désir de Dieu, de fraternité, et de ces « points de départ » en attente « d’encouragement ».
« Trois thèmes d’une grande importance » 
Le pape aborde ensuite, avec le synode, le numérique, les migrants, les abus. Il invite à un diagnostic précis de la réalité pour fonder la pastorale des jeunes : » « J’exhorte les communautés à examiner, avec respect et sérieux, leur réalité la plus proche concernant la jeunesse, afin de pouvoir discerner les voies pastorales les plus adéquates.
Et aux jeunes il ouvre une espérance : « Je te rappelle la bonne nouvelle que le matin de la Résurrection nous a offert : à savoir qu’il y a une issue à toutes les situations difficiles ou douloureuses. »
« N’oublie pas qu’il y a des jeunes qui sont aussi créatifs, et parfois géniaux » insiste le pape qui cite le jeune italien Carlo Acutis.
Il indique la voie du don de soi : « Tu as besoin de savoir une chose fondamentale: la jeunesse, ce n’est pas seulement la recherche de plaisirs passagers et de succès superficiels. Pour que la jeunesse atteigne sa finalité dans le parcours de ta vie, elle doit être un temps de don généreux, d’offrande sincère, de sacrifice qui coûtent mais qui nous rendent féconds. »
« Dieu est amour »
Au chapitre 4 (nn. 111-133), le pape développe « la grande annonce pour tous les jeunes » : ce que Dieu est –  « Un Dieu qui est Amour » -, ce que Dieu fait – « le Christ qui te sauve » -, pour arriver au cœur du message de cette lettre : « Il est vivant » et cette vie ce communique – « l’Esprit donne la vie » -.
Alors, peuvent s’ouvrir de « chemins de jeunesse », au chapitre 5 (nn. 134-178), car « Dieu est l’auteur de la jeunesse et il œuvre en chaque jeune » qui est appelé à vivre ce « temps de rêves et de choix », d’ « envie de vivre et d’expérimenter ». Et il propose « l’amitié avec le Christ », une amitié « indéfectible », pour affronter « la croissance et le mûrissement », « grandir » en empruntant « des sentiers de fraternité », et en s’engageant, en devenant « des missionnaires courageux ».
Avec des racines
Un thème cher au pape François apparaît au chapitre 6 : « des jeunes avec des racines » (nn. 179-201). Il développe la métaphore de l’arbre qui a besoin de racines pour fleurir et porter du fruit. Cela passe par la relation à la « terre », aux « personnes âgées ». Le pape commente le passage du prophète Joël sur les « vissions » des jeunes et les « songes » des anciens.
« Ne nous laissons entraîner ni par les jeunes qui pensent que les adultes sont un passé qui ne compte plus, déjà caduque, ni par les adultes qui croient savoir toujours comment doivent se comporter les jeunes », avertit le pape qui reprend l’image de la « pirogue » proposée par les jeunes de Samoa.
Le chapitre 7 propose des voies pour le renouveau de la « pastorale des jeunes » (nn. 202-248). Il insiste notamment sur la qualité des « formateurs » et sur, par exemple, les lieux offerts aux jeunes, des lieux qui leur soient propres « qu’ils puissent aménager à leur goût, et où ils puissent entrer et sortir librement, des lieux qui les accueillent et où ils puissent se rendre spontanément et avec confiance à la rencontre d’autres jeunes, tant dans les moments de souffrance ou de lassitude, que dans les moments où ils désirent célébrer leurs joies ».
Le pape met notamment en garde contre « la phobie » du changement, dans les institutions éducatives.
Il encourage l’école catholique comme « essentielle » pour « l’évangélisation des jeunes » et recommande comme principe éducatif le développement de « la capacité à intégrer les savoirs de la tête, du cœur et des mains » : on reconnaît ses recommandation à « Scholas Occurrentes ».
Il recommande d’encourager aussi les capacités des jeunes «à aimer le silence et l’intimité avec Dieu », mais aussi le sport, le rapport à la création…
Le pape incite à promouvoir une « pastorale populaire des jeunes », qui soit « plus ample et plus flexible qui stimule, dans les différents lieux où les jeunes se déplacent, ces leaderships naturels et ces charismes que l’Esprit Saint a déjà semés en eux », de former des « leaders populaires », de créer « des espaces inclusifs », et d’aider les jeunes à devenir « missionnaires ».
L’appel à la vie
Le chapitre 8 était au cœur du synode : « la vocation » (nn. 248-277), un « appel de Dieu » qui inclut « l’appel à la  vie, l’appel à l’amitié avec lui, l’appel à la sainteté », à « être pour les autres ».
Le pape aborde les questions de « l’amour et la famille », du travail : « Je demande aux jeunes de ne pas espérer vivre sans travailler, en dépendant de l’aide des autres ». Et puis au sens précis, le pape invite le jeune à « ne pas exclure la possibilité de se consacrer à Dieu dans le sacerdoce, dans la vie religieuse ou dans d’autres formes de consécration ».
« Le discernement »
Une autre dimension du synode consistait à baliser le « discernement » des vocations : le pape y consacre le dernier chapitre, le chapitre 9 (nn.278-298), renvoyant à « Gaudete et Exsultate ».
Le premier point recommandé par le pape c’est « la formation de la conscience qui permet au discernement de grandir en profondeur et dans la fidélité à Dieu », ce qui « implique de se laisser transformer par le Christ » et de se réserver pour cela « des espaces de solitude et de silence, parce qu’il s’agit d’une décision très personnelle que d’autres ne peuvent pas prendre pour quelqu’un ».
Et puis il faut se poser les bonnes questions : « Il ne faut pas commencer par se demander où l’on pourrait gagner le plus d’argent, ou bien où l’on pourrait obtenir le plus de notoriété et de prestige social, ni commencer par se demander quelles tâches donneraient plus de plaisir à quelqu’un. »
« Il faut reconnaître que cette vocation est l’appel d’un ami : Jésus », rappelle le pape, et pour avancer dans le discernement, il est indispensable de se référer à l’accompagnement spirituel, qui soit attentif « à la personne », dans l’écoute, et justement la capacité à discerner entre « la grâce » ou la « tentation », de façon à ce que le jeune découvre en profondeur « vers quoi » il veut aller.
La liberté spirituelle implique « de susciter et d’accompagner des processus, et non pas d’imposer des parcours », recommande le pape.
Le pape conclut (299) en confiant les jeunes du monde à la force l’Esprit Saint:  » Que l’Esprit Saint vous pousse dans cette course en avant. L’Église a besoin de votre élan, de vos intuitions, de votre foi. Nous en avons besoin!  »
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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