« Le fait que certains prêtres aient vécu des relations et aient mis au monde des enfants ne remet pas en cause le célibat sacerdotal qui représente un don précieux pour l’Église latine », a déclaré le cardinal Beniamino Stella. « L’important, a-t-il expliqué, est que le prêtre, face à cette réalité, soit en mesure de comprendre quelle est sa responsabilité envers l’enfant : son bien et son soin doivent être au centre de l’attention de l’Église afin que le nécessaire pour vivre et, surtout, le rôle éducatif et l’affection d’un père, ne manquent pas à l’enfant. »
Le préfet de la Congrégation pour le clergé a expliqué les lignes directrices du Dicastère appliquées pour les prêtres de rite latin qui ont des enfants dans une longue interview accordée à Vatican News le 27 février 2019.
Le pape François s’était aussi exprimé à ce sujet à l’époque où il était cardinal-archevêque de Buenos Aires, a rappelé le cardinal Stella. Dans le cadre d’un dialogue avec le rabbin Abraham Skorka dans leur livre Sur la terre comme au ciel, le pape a dit : « L’attention prioritaire de la part du prêtre doit être dirigée vers la descendance ».
En parlant de « l’attention », a expliqué le cardinal Stella, « on ne se réfère pas seulement au nécessaire soutien économique ». « Ce qui doit accompagner la croissance d’un enfant, c’est surtout l’affection des parents, une éducation adéquate et, de fait, tout ce qui comporte un exercice effectif et responsable de la paternité, surtout dans les premières années de la vie. »
Un document « secret »
Au cours de l’interview, le cardinal a évoqué un document de son Dicastère au sujet des enfants des prêtres. Défini comme « secret » par le psychothérapeute Vincent Doyle, fils d’un prêtre catholique irlandais et fondateur de « Coping International » (une association pour la défense des droits des enfants de prêtres catholiques dans le monde entier), ce document est en effet « un texte ‘technique’ pour les collaborateurs du Dicastère », a précisé le cardinal Stella : « C’est seulement pour cela qu’il n’a pas été publié. »
« Il s’agit d’un texte intitulé ‘Note relative à la pratique de la Congrégation pour le clergé à propos des clercs avec descendance’, qui recueille et systématise la pratique en vigueur depuis des années dans le Dicastère », a-t-il poursuivi. « Il s’agit d’un instrument de travail auquel il faut faire référence quand se présente une situation de ce genre.»
Pour prendre les décisions concernant les prêtres ayant des enfants, a aussi expliqué le cardinal, « le Dicastère suit une pratique instituée à l’époque où le cardinal Claudio Hummes était préfet, il y a une dizaine d’années ». Le cardinal Hummes « avait été le premier à porter à l’attention du Saint-Père, qui était alors Benoît XVI, les cas de prêtres de moins de 40 ans avec une descendance, en leur proposant de leur faire obtenir la dispense sans attendre l’accomplissement du 40e anniversaire, comme la norme le prévoyait alors. »
La dispense sacerdotale
Si le prêtre a des enfants, a expliqué le cardinal, « on cherche … à faire tout le possible pour que la dispense des obligations de l’état clérical soit obtenue dans le plus bref délai possible, quelques mois, de façon à ce que le prêtre puisse se rendre disponible auprès de la mère pour suivre sa progéniture ». Dans ces cas-là, « une procédure » est « pratiquement ‘automatique’ pour une présentation rapide du cas » au pape. « Une situation de ce genre, a précisé le préfet, est considérée comme ‘irréversible’ et requiert que le prêtre abandonne l’état clérical même si lui-même se considère comme apte au ministère. »
Le préfet a raconté que parfois les prêtres « ne veulent pas demander de dispense, même face à la présence d’enfants » et que – malheureusement – il existe aussi « des cas » pour lesquels, « les évêques et les supérieurs pensent que, après avoir assuré le soutien économique des enfants, ou après avoir transféré le prêtre, le clerc peut continuer à exercer son ministère ».
« Un enfant est toujours un don de Dieu, quelle que soit la façon dont il a été engendré, a affirmé le cardinal Stella. La perte de l’état clérical est accordée parce que la responsabilité de géniteurs crée une série d’obligations permanentes qui, dans la législation de l’Église, ne sont pas compatibles avec l’exercice du ministère sacerdotal. »
Les rares exceptions
« Chaque cas doit être examiné en fonction de sa propre spécificité, a aussi expliqué le cardinal. Les exceptions sont en réalité très rares. » Il a cité l’exemple « d’un nouveau-né, fils de prêtre, qui pour des raisons déterminées en vient à faire partie d’une famille déjà consolidée, dans laquelle un autre géniteur assume le rôle de père à son égard ». Ou encore les cas « de prêtres déjà avancés en âge, avec des enfants mûrs, de 20 ou 30 ans ». Ce sont « des prêtres qui ont eu dans leur jeunesse de douloureuses relations affectives et qui ont ensuite subvenu aux besoins de leurs enfants avec un accompagnement économique, moral et spirituel, et aujourd’hui exercent leur ministère avec zèle et engagement, après avoir surmonté les fragilités affectives précédentes ». « Dans ces situations, a dit le cardinal, le dicastère n’oblige pas les évêques à inviter les prêtres à demander la dispense. »
Card. Stella © L'Osservatore Romano
Clergé : l'Eglise attentive au bien des enfants de prêtres, par le card. Stella
Il explique les lignes directrices à ce sujet