« Courageux apôtre de l’Evangile » : c’est le titre du commentaire du cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, à l’inscription de la fête de saint Paul VI au calendrier romain général le 29 mai, jour anniversaire de son ordination sacerdotale.
« Le pape François, explique-t-il, a établi que la mémoire de Saint Paul VI soit insérée dans le Calendrier Général Romain, tenant compte de l’importance universelle de son action et de l’exemple de sa sainteté donné au peuple de Dieu. »
Le saint pape « n’épargna nullement ses énergies au service de l’Évangile du Christ, de l’Église et de l’humanité, vue à la lumière du plan salvifique de Dieu », écrit le cardinal : « Défenseur de la vie humaine, de la paix, et du vrai progrès de l’humanité, comme le montrent ses enseignements, il voulait que l’Église, en s’inspirant du Concile et en mettant en pratique ses principes normatifs, redécouvre toujours davantage son identité, en dépassant les divisions du passé, et qu’elle soit plus attentive aux temps nouveaux. »
AK
COURAGEUX APOTRE DE L’EVANGILE
Avec le décret de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements daté du 25 janvier, le pape François a établi que la mémoire de Saint Paul VI soit insérée dans le Calendrier Général Romain, tenant compte de l’importance universelle de son action et de l’exemple de sa sainteté donné au peuple de Dieu. Le jour de la célébration sera le 29 mai, date de son ordination presbytérale qui a eu lieu en 1920, puisque le 6 août, jour de sa naissance au ciel, on célèbre la fête de la Transfiguration du Seigneur. Si le saint est celui qui conforme sa propre vie au Christ, en faisant fructifier la grâce divine dans ses œuvres, Paul VI l’a fait en répondant à la vocation à la sainteté comme baptisé, comme prêtre, comme évêque et comme Souverain Pontife. Et maintenant, il contemple Dieu face à face. Il a toujours souligné quec’est «seulement dans la recherche sincère de Dieu, faite dans la prière, avec pénitence, avec la metanoia de tout l’être, qu’on peut assurer le vrai succès de la vie chrétienne et apostolique, et mettre en pratique le premier et toujours vibrant appel du Seigneur à la sainteté: “Impletum est tempus, et appropinquavit regnum Dei; paenitemini et credite evangelio (Marc. 1, 1, 15). Estote ergo vos perfecti sicut et Pater caelestis perfectus est” (Matth. 5, 48)» (Discorso al Sacro Collegio per gli auguri onomastici, 21 juin 1976).
Comme prêtre, en 1931, lorsqu’il avait déjà commencé son service pour le Saint Siège, après avoir écrit qu’il ne voulait «aucune règle, aucune adjonction extraordinaire» qui puisse distinguer sa vie chrétienne de la vie normale, il ajoute qu’il aurait voulu cultiver «un amour particulier pour ce qui est essentiel et commun à la vie spirituelle catholique. Ainsi – écrivait-il – j’aurai l’Église comme mère de charité: sa Liturgie sera la règle préférée pour ma spiritualité religieuse». En méditant sur «imitamini quod tractatis», il tirait du mystère eucharistique la conséquente nécessité de «l’immolation de sa propre vie partout», en l’indiquant comme «la messe de la vie», unie au semper gratias agentes (Appunti per Esercizi spirituali à Montecassino).
Unis au décret, sont publiés les textes à ajouter dans le livres Liturgiques (Calendrier, Missel, Liturgie des Heures, Martyrologe). La prière de la collecte fait résonner ce que Dieu a accompli en son fidèle serviteur : «tu as confié ton Église à la conduite du pape saint Paul VI, courageux apôtre de l’Évangile de ton Fils» et lui demande: «fais que, illuminés par ses enseignements, nous puissions coopérer avec toi pour étendre la civilisation de l’amour dans le monde». On trouve ici le résumé des caractéristiques principales de son pontificat et de son enseignement: une Église qui appartient au Seigneur (Ecclesiam suam), dédiée à l’annonce de l’Évangile, comme il le rappelait dans Evangelii nuntiandi, appelée à témoigner que Dieu est amour.
On y trouve aussi indiquées les lectures bibliques pour la Messe, choisies dans le Commun des papes, et comme lecture pour l’Office des lectures certains passages de l’homélie prononcée lors de la dernière session publique du Concile, le 7 décembre 1965, synthétisée sous le thème: Pour connaître Dieu, il faut connaître l’homme. Paul VI a vécu, avant et après être devenu pape, en regardant constamment le Christ dont il sentait la nécessité de le proclamer à tout homme. Il l’avait montré par sa première Lettre pastorale, en tant qu’Archevêque de Milan, intitulée, avec l’expression de saint Ambroise: Omnia nobis est Christus.
Dans une réflexion du 5 août 1963, un mois et demi après son élection à la Chaire de Pierre, il écrivait: «Je dois retourner au principe: le rapport avec le Christ… qui doit être la source de la plus sincère humilité: “éloignez-vous de moi qui suis un homme pécheur…”; soit la disponibilité: “je vous ferai devenir pêcheur…”; soit la symbiose de la volonté et de la grâce: “pour moi, la vie c’est le Christ”». L’amour pour le Christ est l’amour pour son Église. Dans Pensiero alla morte, il pouvait écrire : «Je prie le Seigneur qui m’a donné la grâce de faire de ma mort prochaine un don d’amour pour l’Église. Je pourrais dire que je l’ai toujours aimée, et que pour elle, et non pour un autre, je semble avoir vécu».
Fasciné par la figure et l’activité apostolique de saint Paul, quand l’Esprit Saint l’indiqua comme successeur de saint Pierre, il n’épargna nullement ses énergies au service de l’Évangile du Christ, de l’Église et de l’humanité, vue à la lumière du plan salvifique de Dieu. Défenseur de la vie humaine, de la paix, et du vrai progrès de l’humanité, comme le montrent ses enseignements, il voulait que l’Église, en s’inspirant du Concile et en mettant en pratique ses principes normatifs, redécouvre toujours davantage son identité, en dépassant les divisions du passé, et qu’elle soit plus attentive aux temps nouveaux: Église du Christ, qui met à la première place Dieu et l’annonce de l’Évangile, quand on s’emploie aussi pour les frères, pour construire cette «civilisation de l’amour», inaugurée par l’Esprit de la Pentecôte.
Dans Note per il mio testamento, Paul VI avait écrit: «Pas de monument pour moi». Même si en octobre 1989 un monument lui fut érigé, le vrai monument de Paul VI s’est construit avec son témoignage, avec les œuvres, avec les voyages apostoliques, avec l’œcuménisme, avec le travail de la Nova Vulgata, avec le renouvellement liturgique ainsi qu’avec ses multiples enseignements et exemples, en montrant ainsi le visage du Christ, la mission de l’Église et la vocation de l’homme moderne, tout en conciliant la pensée chrétienne avec les exigences du moment difficile dans lequel il a dû, non sans souffrance, conduire l’Église.
Robert Cardinal Sarah
Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements
Paul VI au Congrès eucharistique de Pescara, 1977, wikimedia commons,
Paul VI, courageux apôtre de l'Evangile, par le card. Sarah
Commentaire de l’inscription du saint pape au calendrier romain général