S. Pierre Nolasque @ DP / Jusepe Martínez

S. Pierre Nolasque @ DP / Jusepe Martínez

"Aux côtés des nouveaux esclaves", appel du card. Sandri

Une réflexion sur le charisme de saint Pierre Nolasque pour aujourd’hui

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Les « nouveaux esclaves d’aujourd’hui » n’ont pas « les chaînes aux pieds », mais ils « sont contraints de quitter des terres visitées par les guerres ou par les pauvretés endémiques »a déploré le cardinal argentin Leonardo Sandri dimanche 20 janvier 2019, lors de la messe célébrée dans la basilique sanctuaire Notre-Dame de Bonaria, à Cagliari (Sardaigne), à l’occasion de la conclusion du jubilé du huitième centenaire de la fondation de l’Ordre des Mercédaires, rapporte L’Osservatore Romano en italien du 22 janvier.
Ce sera l’intention de prière du pape François pour le mois de février: « Pour l’accueil généreux des victimes de la traite des personnes, de la prostitution forcée et de la violence. »
Le pape François s’est rendu dans ce sanctuaire marial sarde en 2013: « Bonaria » a donné « Buenos Aires » lorsque la dévotion à la Vierge de Cagliari a été emportée par des marins de l’autre côté de l’Atlantique.

Notre Dame de Bonaria @ reginamundi.info

Notre Dame de Bonaria @ reginamundi.info

Les Bons Samaritains d’hier et d’aujourd’hui
Ce qui se passait autour de saint Pierre Nolasque (1180/1182-1245), le fondateur de l’Ordre religieux, « dans l’Espagne du XIIIème siècle, est très semblable à ce que vivent les chrétiens, avec d’autres minorités, en Syrie, en Irak et dans les pays qui accueillent les réfugiés provenant de ces nations », a fait notamment observer le préfet de la Congrégation  pour les Eglises orientales catholiques.
Dans la lutte entre les royaumes chrétiens de Castille et d’Aragon et le Califat et les émirs arabes qui voulaient alors reprendre le contrôle de l’Al-Andalus, les batailles se poursuivaient et « ceux qui perdaient étaient toujours les mêmes : les pauvres ».
Dans cette situation, Nolasque n’a « pas renoncé à combattre ou à réfléchir sur le système injuste de son époque » mais il a décidé « d’aller à la rencontre de l’homme souffrant, en se dépensant lui-même ». Voilà « la voie de l’Évangile », celle du Samaritain qui « se penche pour soigner l’homme battu par les brigands et paie de sa poche l’auberge pour qu’il puisse y séjourner et se rétablir ».
Les tragédies actuelles
Du chef-lieu de la Sardaigne qui « vit de la mer, pensons aux milliers de morts que cette même Mer Méditerranée a provoqués ces dernières années », a exhorté le préfet de la Congrégation pour les Églises orientales.
Se référant particulièrement aux tout récents naufrages de migrants, le cardinal argentin a dénoncé ces tragédies comme « le fruit de dynamiques perverses qui frappent ces peuples mais qui plongent leurs racines » ailleurs, dans les « habitations des Hérode de nos jours » qui continuent « d’alimenter des divisions, des luttes pour le contrôle des ressources et des trafics d’armes » et qui profitent de « vieilles oppositions confessionnelles en diffusant des idéologies fondamentalistes parmi les strates les plus pauvres des populations ».
La beauté de la liberté
Au contraire le cardinal Sandri a exhorté à se mettre au service de la libération, en s’engageant « à secourir ceux qui ont enchaîné leur existence à des trafiquants d’hommes et de mort » mais aussi à « demander ensemble que la vie humaine, chaque vie, du premier instant de sa conception jusqu’à la mort naturelle, soit servie et honorée partout sur la terre ».
Le cardinal a rappelé la spiritualité spécifique de la famille des Mercédaires, que le pape François a soulignée dans son audience privée de 2018 : elle « se fonde sur l’expérience d’avoir été, les premiers, rachetés par le Christ, a dit le cardinal, “rachetés pour racheter, redimidos para redimir” », en étant conscient que « l’infidélité à l’alliance qui nous est offerte par le Seigneur, le fait de se renfermer dans la prison de nous-mêmes et de notre égoïsme, est avant tout la nôtre ».
Mais, a-t-il poursuivi, « nous sommes encore plus sûrs de la beauté de la liberté que nous offre le Christ et que vous sentez que vous pouvez garder dans la mesure où vous vivez votre vœu de vous offrir vous-mêmes et toute votre vie pour le Seigneur ».
Le rachat et la restitution de la liberté
En effet, ce vœu n’est pas « quelque chose qui vous lie en abaissant votre dignité », au contraire, il la fait « fleurir en la conformant à celle de Jésus qui se remet à son Père sur la croix pour le rachat de ses frères, en commençant par le bon larron qui expire à côté de lui ».
Le cardinal argentin a rappelé qu’il avait rencontré  la famille des Mercédaires à deux occasions au cours des dernières années, la dernière étant pendant le chapitre général de 2016. Depuis lors, a-t-il fait observer, « j’ai été frappé par la correspondance entre certaines dynamiques de votre charisme d’origine, la réflexion sur la manière de le mettre en œuvre aujourd’hui et le chemin des Églises orientales ».
L’Esprit-Saint a accordé à saint Pierre Nolasque de « pouvoir “voir” : lui, qui était marchand d’étoffes, avait remarqué que, le long des routes du monde de son époque, beaucoup de frères étaient faits esclaves et vendus, et il s’était transformé de « marchand d’étoffes en marchand d’hommes », engageant toute son existence pour leur rachat et la restitution de leur liberté ».
 
 
 
 

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Hélène Ginabat

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