“Comment et pourquoi le béguines ont disparu”: Lucetta Scaraffia évoque le roman historique d’Aline Kiner dans les colonnes de L’Osservatore Romano en italien du 23 novembre 2018.
« La notte delle beghine » (“La nuit des Béguines”, 2017) est publié en effet en italien (Vicence, Neri Pozza, 2018) se déroule à Paris, entre 1310 et 13014, sous Philippe le Bel et (saint) Louis IX. Un époque de catastrophe économique et le roi va chercher de l’argent chez les riches, les banquiers juifs, les Templiers, les banquiers italiens… On saisit parfois des prétextes religieux, avec des accusations d’hérésie ou de trahison.
Au même moment de saintes femmes se réunissent au béguinage de Paris, petite ville au cœur de la Cité, avec les maisons, l’église, le réfectoire, la salle de réunion, l’infirmerie.
Ces femmes “libres et cultivées”, et “à l’avant-garde par rapport aux épouses ou aux moniales de l’époque”, n’étaient pas appréciées de tous, fait observer Lucetta Sacaraffia. Elles n’avaient ni clôture ni habit.
La condamnation d’une béguine des Flandres, Marguerite Porete (+1er juin 1310), cristallisa les hostilités. C’est aussi l’époque ou les Templiers eux-mêmes sont accusés de sorcellerie. Et le pape n’a pas l’énergie de s’opposer aux condamnations
Les béguines aussi “font les frais de cette atmosphère de soupçon et de contrôle exaspéré”, fait observer Lucetta Scaraffia: “leur liberté, leur foi libre, leur adhésion à une vie chrétienne sans le contrôle d’ecclésiastiques” sont en soi considérées “comme une faute” et elles sont par conséquent “dispersées et persécutées”.
On finira même par perdre la mémoire de leur existence, jusqu’à ce que, plus récemment, la recherche les a remises en lumière, au moment aussi de la redécouverte d’une copie cachée du livre interdit de Marguerite Porete, publié en ancien français, “Le miroir des âmes simples et anéanties et qui seulement demeurent en vouloir et désir” (trad. de l’ancien français par Claude Louis-Combet; texte présenté et annoté par Emilie Zum Brunn, Grenoble, Millon (Atopia), 1991, 263 p.).
Pour Lucetta Scaraffia, le roman d’Aline Kiner est une bonne façon d’approcher cette « histoire oubliée » et de « mieux comprendre les événements qui ont touché les femmes au cours de l’histoire de l’Eglise ».