Association d'aveugles © Vatican media

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Le pape François reçoit les membres du Mouvement apostolique des aveugles d'Italie

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Il les encourage à rester ouverts aux autres (traduction complète)

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Le pape François a salué l’ « amitié chrétienne naturelle qui caractérise » le cheminement dans la foi au sein du Mouvement apostolique des aveugles. Soulignant l’unité entre aveugles et voyants, le pape les a fortement encouragés : « en vrais disciples missionnaires de l’Évangile, vous êtes ouverts aux besoins des plus pauvres et de ceux qui souffrent le plus dans le monde », a-t-il salué « au lieu de vous replier sur vous-mêmes et sur votre handicap ».

Le pape a reçu en audience les Associés du Mouvement apostolique des aveugles (MAC), à l’occasion du 90èmeanniversaire du Mouvement et des 50 ans du début de l’activité associative de coopération entre les peuples, samedi 17 novembre 2018, dans la Salle Clémentine du Palais apostolique du Vatican.

Ces deux anniversaires étaient fêtés dans le cadre des Journées du Partage 2018, qui se sont déroulées à Frascati (Rome) du 16 au 18 novembre, au Centre Jean XXIII.

À travers « le partage entre aveugles et voyants, fruit de la solidarité dans la réciprocité, dans la perspective d’un cheminement fécond d’inclusion ecclésiale et sociale » et « le choix des pauvres », notamment dans les pays du Sud du monde, a dit le pape, le Mouvement apostolique des aveugles contribue à « faire grandir une Église pauvre pour les pauvres, expérimentant qu’eux aussi ont beaucoup à nous enseigner et que les mettre au centre est une voie privilégiée d’évangélisation ».

Voici notre traduction du discours que le pape leur a adressé.

HG

Discours prononcé par le pape François

Chers frères et sœurs, bonjour !

C’est une joie de vous voir ici nombreux, 90 ans après la naissance de votre association. Maria Motta, une femme aveugle mais très courageuse, née en Argentine dans la belle ville de Rosario, se consacra avec une passion humaine et chrétienne à l’enseignement, lorsqu’elle revint en Italie avec ses parents ; mais cela ne lui suffisait pas : en 1928, elle a donné vie à une communauté spirituelle pour les non-voyants – déjà active en France – sur le modèle de l’Apostolat de la prière. De cette petite graine, s’est développée une association qui s’est diffusée sur tout le territoire italien et qui a été approuvée par le pape saint Jean XXIII.

De manière prophétique, votre fondatrice a pensé à mettre ensemble les aveugles de son époque, de sorte qu’ils puissent se rencontrer et se soutenir mutuellement. La présence des voyants, dès les premières années, a progressivement renforcé le mouvement, afin qu’ils ne se replient pas sur eux-mêmes et sur les problèmes liés au manque de vue. Maria Motta voulait former des personnes autonomes et capables de témoigner de leur foi y compris à travers leur propre handicap. Aujourd’hui, tout ceci est évident. Vous êtes fortement unis, aveugles et voyants, ayant en commun un même cheminement de partage et de promotion de la personne avec un handicap, non seulement parce que c’est prévu par vos Statuts, mais surtout en raison de cette amitié chrétienne naturelle qui caractérise vos parcours de foi.

Je redis que la meilleure réponse à offrir à notre société qui a parfois tendance à marginaliser les personnes porteuses d’un handicap, est « l’ ‘arme’ de l’amour, non pas le faux amour, sentimental et fait de pitié, mais cet amour vrai, concret et respectueux. Dans la mesure où l’on est accueilli et aimé, inclus dans la communauté et accompagné pour regarder l’avenir avec confiance, un vrai parcours de vie se développe et l’on fait l’expérience d’un bonheur durable » (Discours au Congrès sur la catéchèse et les personnes porteuses de handicap, 21 octobre 2017).

C’est une source de joie pour la communauté ecclésiale de savoir qu’encore aujourd’hui, en vrais disciples missionnaires de l’Évangile, vous êtes ouverts aux besoins des plus pauvres et de ceux qui souffrent le plus dans le monde. Au lieu de vous replier sur vous-mêmes et sur votre handicap, vous avez courageusement répondu à l’invitation de Jésus : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, […] j’étais nu et vous m’avez habillé, j’étais malade et vous m’avez visité » (cf. Mt 25, 35-36). Depuis que le pape saint Paul VI a publié l’encyclique historique Populorum progressio, le MAC a répondu activement et aujourd’hui, vous évoquez aussi les cinquante années de coopération avec les pays pauvres du sud du monde, où les aveugles sont plus nombreux et vivent dans des conditions encore très difficiles.

Le chemin de ces 90 ans a permis au Mouvement apostolique des aveugles de comprendre toujours mieux quel est le charisme spécifique qui lui est confié dans l’Église, un charisme sui se compose essentiellement de deux éléments. Le premier est le partage entre aveugles et voyants, fruit de la solidarité dans la réciprocité, dans la perspective d’un cheminement fécond d’inclusion ecclésiale et sociale. Le second est le choix des pauvres, choix qui, de manières et sous des formes diverses, est le propre de toute l’Église. Vous coopérez ainsi à faire grandir une Église pauvre pour les pauvres, expérimentant qu’eux aussi ont beaucoup à nous enseigner et que les mettre au centre est une voie privilégiée d’évangélisation. Votre engagement concret d’aide et de soutien aux pauvres fait de vous les protagonistes de l’œuvre d’évangélisation que réalise l’Église dans les pas des plus pauvres. Nous sommes tous, en effet, « appelés à découvrir le Christ en eux, à prêter notre voix à leurs causes, mais aussi à être leurs amis, à les écouter, à les comprendre et à accueillir la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, 198).

Surtout après le Concile Vatican II, votre Mouvement s’est ouvert généreusement à l’effort de promotion humaine en Italie comme dans les pays les plus pauvres. Le premier secteur d’activité qui s’est rapidement constitué a été précisément celui de la solidarité avec les aveugles des pays plus pauvres. Il a pris forme au sein de l’association, au point d’impliquer tous vos groupes et différents diocèses italiens. Avec vous, je me félicite de l’œuvre réalisée pendant ces 50 années de coopération avec des centaines de missionnaires et de professionnels du monde de la santé, de l’instruction et de l’intégration sociale. Et ce travail missionnaire de proximité concrète à l’égard de nos frères plus pauvres a stimulé et fait grandir en vous l’attention aussi aux plus petits et à ceux qui sont le plus loin sur le territoire national, en faveur des personnes âgées aveugles, des étudiants aveugles, des personnes ayant des handicaps multiples, des parents et de leurs enfants qui vivent le problème de la cécité. Tout cela contribue à diffuser une culture de l’accueil, en aidant de nombreuses personnes et de nombreuses familles. Même si nous sommes petits face à l’énormité des problèmes du monde, nous sommes forts dans l’amour de Dieu et tous « appelés à prendre soin de la fragilité du peuple et du monde dans lequel nous vivons » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, 216).

Chers amis, continuez votre cheminement avec une confiance constante, conscients du fait que l’avenir de l’humanité est dans le partage et dans l’amitié, surtout avec les plus pauvres et ceux qui sont abandonnés. Merci pour votre témoignage. Et s’il vous plaît, souvenez-vous de prier pour moi. Merci.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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