Association de la Police d'Etat italienne © Vatican Media

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«La charité change le monde et l’histoire», message du pape à la Police italienne (traduction complète)

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«S’opposer à tout ce qui blesse ou détruit l’homme»

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« La charité change le monde et l’histoire », un jour ou l’autre on en voit les fruits, fait observer le pape François dans un message à la Police italienne.
Le pape François a reçu en audience l’Association nationale de la police d’Etat italienne dans la Salle Paul VI du Vatican, ce samedi 29 septembre 2018, en la fête des archanges Michel, Gabriel et Raphaël.
Le pape a salué l’engagement de l’association au service de toute personne : « C’est ce que vous contribuez à faire en tant qu’Association nationale de la police d’Etat à chaque fois, suivant l’exemple de votre patron, l’Archange saint Michel, vous vous opposez à tout ce qui blesse ou détruit l’homme. »
Le pape a fait observer que « lorsque la légalité et la sécurité font défaut, les plus faibles sont toujours les premiers à en souffrir, car ils ont moins de moyens de se défendre et de subvenir à leurs propres besoins ».
Voici notre traduction intégrale de l’allocution du pape François, prononcée en italien.
AB

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Discours du Pape François
Chers frères et soeurs, bonjour!
Je suis heureux de vous rencontrer aujourd’hui et de partager, avec l’ensemble de votre Association nationale, vœux et résolutions. Je remercie votre président, le chef de la Police nationale, pour ses paroles et je salue tous ceux qui font partie de l’Association. Elle réunit les membres de la police encore en activité et ceux qui, même après avoir terminé leur service, s’en sentent toujours membres et en promeuvent les idéaux. L’Association se propose en effet de « transmettre les traditions de la Police d’Etat » (Statuts, article 2.1) en favorisant l’union de tous ses membres, à la retraite ou en service. Ainsi, l’expérience des membres âgés et leur patrimoine historique et culturel sont fortifiés : il n’est pas dispersé, mais transmis et augmenté, et on contribue ainsi à renforcer le lien entre les générations, parfois malheureusement compromis dans le contexte des relations sociales.
Il est très significatif que peuvent aussi en être membres de simples citoyens, même s’ils n’ont pas été ni ne sont membres de la police, mais s’ils en assument les valeurs et l’engagement. Vous constituez ainsi une grande famille: une famille ouverte à tous ceux qui veulent s’engager pour le bien commun à partir de vos principes; une famille qui voudrait impliquer et accueillir tout citoyen pour diffuser une culture de la légalité, du respect et de la sécurité.
Sans ces fondements, aucun contexte social ne peut réaliser le bien commun, mais il deviendra tôt ou tard un enchevêtrement d’intérêts personnels, détachés les uns des autres, voire opposés. Le bien d’une société, en effet, ne résulte pas du bien-être de la majorité ou du respect des droits de «presque tous». Il est au contraire donné par le bien de la collectivité en tant qu’ensemble de personnes, en sorte que, tant que quelqu’un souffre, « tous les membres souffrent avec lui » (cf. 1 Co 12,26).
Lorsque la légalité et la sécurité font défaut, les plus faibles sont toujours les premiers à en souffrir, car ils ont moins de moyens de se défendre et de subvenir à leurs propres besoins. En effet, toute injustice affecte surtout les plus pauvres et tous ceux qui peuvent être appelés de diverses manières «derniers». Les derniers de notre monde ce sont ceux qui quittent leurs terres à cause de la guerre et de la misère et doivent repartir de zéro dans un tout nouveau contexte. Les derniers ce sont ceux qui ont perdu leur maison et leur emploi et qui ont du mal à subvenir aux besoins de leur famille; les derniers ce sont ceux qui vivent marginalisés et malades ou qui sont victimes d’injustices et d’abus. De tous ceux-ci, vous vous faites proches lorsque vous essayez de prévenir la criminalité et que vous travaillez à lutter contre l’intimidation et aux fraudes; lorsque vous consacrez votre temps et votre énergie à la formation des jeunes et à la surveillance des écoles, à la protection du territoire et du patrimoine artistique; en organisant des conférences et des formations pour une citoyenneté plus active et plus consciente.
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C’est un motif de satisfaction et d’espérance que de voir les nombreux milieux rejoints par vos initiatives, qui sont mues non pas par l’attention à un seul aspect de la coexistence civile, mais par la sollicitude pour les personnes, que vous rejoignez en toute situation de besoin, ou dans les embûches dans lesquelles elles peuvent se trouver, comme le fait un bon parent, qui ne se contente pas dire à son enfant une fois pour toutes qu’il doit faire attention aux dangers, mais s’intéresse aux différents pièges qu’il pourrait rencontrer, et essaie au fur et à mesure de l’instruire et de l’accompagner.
Je vous remercie donc pour le message de partage et de solidarité que vous transmettez, par un engagement souvent caché. Devenez de plus en plus des promoteurs de ce souci plein d’amour pour les personnes, qui est la synthèse de vos idéaux, sachant qu’elle est capable de générer de nouvelles relations et de donner vie à un ordre plus juste. En effet, par votre engagement, vous contribuez à l’insertion, dans la pâte de la société, du ferment de l’égalité et de la fraternité, qui ne manque jamais de produire ses fruits.
On le voit bien si l’on considère les premiers siècles du christianisme : les valeurs transmises par l’Evangile ont radicalement transformé la vie et la mentalité de toute la société humaine. C’est ainsi que l’annonce de la fraternité de tous les hommes, apportée par les premiers disciples de Jésus et par leurs successeurs, a progressivement sapé les bases sur lesquelles on justifiait l’esclavage, au point de la faire percevoir comme une institution injuste et à ne provoquer l’abolition. De même, le message d’un Dieu qui meurt sur la croix sans accuser, mais en pardonnant, et en acceptant par amour la souffrance et l’humiliation, il a renversé la hiérarchie des valeurs, et a donné une nouvelle dignité aux démunis et aux exclus. Et ceci encore : l’action de Jésus envers les femmes, les malades et les enfants a marqué un tournant culturel profond par rapport à tout ce qui était « avant Jésus-Christ » et a stigmatisé comme injuste, pour les siècles à venir, toutes les attitudes de violence ou désintérêt pour ces catégories de personnes.
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J’ai rappelé brièvement quelques fruits de la diffusion du message évangélique dans la société humaine, pour toujours garder à l’esprit comment l’introduction des valeurs de la solidarité et de la paix, qui trouvent dans la Personne et dans le message de Jésus leur plus haute perfection, a pu, et peut encore aujourd’hui renouveler les relations interpersonnelles et sociales. C’est précisément ce que nous souhaitons pour notre temps, sachant que lorsque nous pratiquons la charité, elle change le monde et l’histoire, même si nous ne remarquons pas immédiatement ses effets.
Tel est notre objectif, c’est ce que vous contribuez à faire en tant qu’Association nationale de la police d’Etat à chaque fois, suivant l’exemple de votre patron, l’Archange saint Michel, vous vous opposez à tout ce qui blesse ou détruit l’homme.
En vous saluant, je vous remercie pour le travail que vous accomplissez avec un tel dévouement, et, en demandant votre prière pour moi, j’invoque sur votre Association et tous ses membres la bénédiction et la protection de Dieu. Merci.
© Traduction de ZENIT, Anita Bourdin 
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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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