La photo d’un évêque, fleurie, était disposée dans la cathédrale catholique Saint-Jacques de Riga (Lettonie) lorsque le pape François est venu s’y recueillir et rencontrer les « anciens » qui sont restés fidèles au Christ dans la persécution, ce lundi matin, 24 septembre 2018.
Il s’agit du vénérable Boļeslavs Sloskāns, ordonné clandestinement en 1926 et arrêté l’année suivante, déporté en Sibérie et torturé. Il sera échangé en 1933 contre un espion soviétique… puis… déporté en Allemagne par les nazis. Il est décédé en Belgique où il s’est dépensé pour les exilés lettons.
Le pape l’a cité dans son homélie au sanctuaire marial d’Aglona, lundi après-midi: « Monseigneur Slokans, qui repose ici, une fois arrêté et envoyé au loin, écrivait à ses parents : « Je vous demande du fond du cœur : ne permettez pas à la vengeance ou à l’exaspération de se faire un chemin dans votre cœur. Si nous le permettions, nous ne serions pas de vrais chrétiens, mais des fanatiques ». »
Son itinéraire de foi et sa mission en disent long sur les souffrances des chrétiens de Lettonie qui ont vécu les deux occupations nazie et soviétique.
Le site du diocèse de Riga indique qu’il est né le 31 août 1893 près de Stirniene. Il a été ordonné prêtre le 21 janvier 1917. Le 10 mai 1926, au nom du pape Pie XI, l’évêque Michel d’Herbigny (1880-1957), un jésuite français, théologien orientaliste et évêque catholique clandestin en Russie, l’a secrètement consacré comme évêque, dans l’église française Saint-Louis de Moscou.
Le 13 août 1926, Mgr Sloskāns fut nommé administrateur apostolique de Moguilev et de Minsk.
En septembre 1927, il est arrêté et envoyé aux travaux forcés sur les îles Solovetski, sur la Mer Blanche. Plus tard, il est envoyé en Sibérie. Accusé à tort, l’évêque est torturé dans 17 prisons soviétiques, brutalement humilié et battu jusqu’au sang.
Il reste couché dans une chambre sombre pendant des semaines, exposé à la cruauté brutale des gardes, à la faim et à la soif. Une foi profonde l’aide à supporter son chemin de croix.
Il est rapatrié en Lettonie le 22 janvier 1933 en échange d’un espion soviétique accusé détenu par le gouvernement letton. L’évêque arrive à la gare centrale de Riga où il est accueilli par le nonce apostolique Antonino Zecchini, des représentants du gouvernement, des députés de Saeima, des étudiants et d’autres.
Après sa libération, l’évêque Sloskāns est professeur au Séminaire de Riga, plus tard la faculté de théologie de l’Université de Lettonie. Les gens qui le rencontrent sont profondément impressionnés par sa vraie sainteté. Il émane de lui la paix, l’humilité, la simplicité et l’amour profond.
À la fin de la seconde guerre mondiale, les nazis déportent trois évêques Boļeslavs Sloskāns, Jāzeps Rancāns et Antonijs Urbšs, en Allemagne.
Grâce aux évêques allemands, les trois évêques lettons sont cependant libérés et arrivent en Bavière où ils restent jusqu’à la fin de la guerre.
Fin 1946, Mgr Sloskāns déménage à Schilde, en Belgique, où il prend la direction du nouveau séminaire letton. Il s’occupe d’une quarantaine d’étudiants de l’Université catholique de Louvain.
L’évêque vit ensuite au monastère de Mont-César à Louvain, où il s’occupe du bien-être spirituel et matériel des Lettons locaux.
Sa profonde piété, sa sincérité et son humilité étonnent. Chaque rencontre avec lui est comme une aventure spirituelle spéciale. Il est un exemple de patience et de volonté de supporter la souffrance. Surtout, il pardonne à ses persécuteurs et il prie pour eux.
Mgr est mort le samedi 18 avril 1981, à l’âge de 87 ans. On raconte qu’au moment de sa mort, il a été témoin de la Divine Miséricorde: lors du chant du Salve Regina, son visage a été transformé, devenant extrêmement brillant. Il leva les yeux au ciel. Les témoins l’ont comparé à la Transfiguration de Jésus. Aux derniers mots «… post hoc exilium … O Clemens», il a quitté cette vie.
La messe a été célébrée par l’évêque Jānis Pujats – devenu ensuite cardinal – en présence de tous les évêques lettons et de représentants officiels de Lettonie et de Belgique.
Le 14 avril 2000, Rome a accepté d’ouvrir le procès de béatification. Les matériaux collectés ont été envoyés à Rome où une commission spéciale composée de 9 théologiens les a examinés. Le 8 novembre 2004, ils ont voté à l’unanimité pour la vie et les œuvres admirables de l’évêque letton. Le 14 décembre 2004, le vote a été approuvé par une commission spéciale composée de 24 cardinaux et l’évêque a été nommé serviteur de Dieu.
Le 20 décembre 2004, le décret sur l’héroïcité de ses vertus a été approuvé par le saint pape Jean-Paul II : l’évêque Sloskāns a été déclaré « Vénérable ».
Un miracle permettra sa béatification. Un cas a été signalé en Belgique et la commission de 3 médecins belges a déclaré que la guérison était incompréhensible scientifiquement. Actuellement, une commission composée de 5 médecins enquête sur le cas à Rome.