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Armes nucléaires : Mgr Gallagher appelle à la responsabilité, la sécurité et la solidarité

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Pour « une paix globale, vraie et durable »

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Pour « une paix globale, vraie et durable », Mgr Paul Richard Gallagher souligne « l’urgente nécessité d’une éthique moderne globale de la responsabilité, de la solidarité et de la sécurité coopérative, qui doit prendre la place des vieilles façons de penser, si souvent guidées par son propre intérêt et par la méfiance », dans le domaine nucléaire.
Le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats intervenait, le 17 septembre 2018, à la 62e conférence internationale de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA). « Les armes nucléaires sont des armes de destruction de masse et environnementale », a-t-il averti dans son discours.
Mgr Gallagher a aussi affirmé que le « rôle de la science, de la technologie et de l’innovation dans le cadre des objectifs de développement durable des Nations unies peut être soutenu par diverses technologies nucléaires ». Et d’encourager à œuvrer pour « la non-prolifération et le désarmement nucléaire, ainsi que pour le développement et l’emploi sûr, protégé et pacifique des technologies nucléaires ».
Voici notre traduction de cette intervention.
Discours de Mgr Gallagher
Monsieur le président,
J’ai le grand honneur de vous apporter, à vous et à tous les participants distingués de cette 62e Conférence de l’Agence internationale de l’énergie atomique les meilleurs voeux et les salutations les plus cordiales de Sa Sainteté le pape François.
Monsieur le président, au nom de la délégation du Saint-Siège, je vous félicite, ainsi que les membres du Conseil, pour votre élection par cette illustre Conférene. Je désire aussi saisir l’occasion d’exprimer notre appréciation et notre gratitude au Directeur général Yukiya Amano et au Secrétariat pour leur travail attentif au bénéfice de toute la famille de l’Aiea.
A cette occasion, le Saint-Siège, avec différents Etats, vous souhaite la bienvenue et félicite Grenade d’être devenue membre de l’Aiea.
Monsieur le président,
Le Saint-Siège salue et soutient les nombreuses initiatives de l’Aiea qui ont renforcé la coopération internationale et contribué de façon significative à la prévention de la prolifération nucléaire. Ces activités, de fait, contribuent aussi à favoriser le développement humain intégral, en promouvant la coopération technique dans les sciences nucléaires et dans leurs applications, et en soutenant l’utilisation pacifique des technologies nucléaires.
Je désire désormais aborder quelques-uns des aspects importants du travail fondamental de l’Aiea.
Le régime de non-prolifération nucléaire est fortement soutenu par les garanties de l’Aiea, qui sont concentrées pour en renforcer l’efficacité et l’améliorer. Par exemple, la participation de l’Aiea aux vérifications et au suivi des engagements de l’Iran sur la base du Plan d’action conjoint global (PACG) nous offre un élément indispensable pour vérifier que tout le matériel nucléaire soit utilisé à des fins pacifiques, et ainsi contribue à une plus grande paix et une plus grande sécurité au Moyen-Orient.
En outre, le Saint-Siège soutient les efforts constants et patients de la communauté internationale pour reprendre les négociations relatives au programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée, qui menace l’intégrité du régime de non-prolifération. Il n’existe pas de solution militaire à cette menace. Les garanties de l’Aiea, reflétant le rôle fondamental de l’Agence dans les surveillances nucléaires de la région, représentent une contribution essentielle pour la promotion de la paix et de la sécurité et contribuent à la construction d’un climat de confiance plutôt que de récriminations réciproques. Le recours aux garanties de l’Aiea est un instrument important pour procéder vers l’objectif de la dénucléarisation.
Le régime de non prolifération doit oeuvrer inlassablement pour le bannissement total des tests nucléaires, comme il le fait déjà pour le désarmement nucléaire. Pour cette raison, le Saint-Siège a signé et ratifié le Traité sur la prohibition des armes nucléaires, afin d’aller au-delà de la dissuasion nucléaire vers un monde entièrement libéré des armes nucléaires (cf. Pape Françis, Message à la Conférence de l’ONU pour négocier un instrument juridiquement contraignant sur la prohibition des armes nucléaires, qui conduise à leur élimination totale, 23 mars 2017).
Les tests nucléaires comportent la libération substantielle et incontrôlée de matériaux radioactifs directement dans l’environnement. Ils ont généré la plus grande dose cumulative de radiations produites par l’homme jusqu’alors libérée sur les populations et l’environnement global (Rapport du Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants, à l’Assemblée générale Expositions du public à des radiations de sources humaines, Volume I, Annex C, pag. 158-180, New York, 2000). Comme l’a affirmé le pape François : « L’environnement est un bien collectif, patrimoine de toute l’humanité, sous la responsabilité de tous. Celui qui s’approprie quelque chose, c’est seulement pour l’administrer pour le bien de tous. Si nous ne le faisons pas, nous chargeons notre conscience du poids de nier l’existence des autres. » (Pape François, encyclique Laudato Si’, n.95, 24 mai 2015). C’est pourquoi nous soutenons que les armes nucléaires sont des armes de destruction de masse et environnementale.
Le pape François a aussi fait observer que « la spirale de la course aux armements ne connaît pas de pause et que les coûts de modernisation et de développement des armes, pas seulement nucléaires, représentent un poste de dépenses considérable pour les nations, au point de devoir laisser au second plan les priorités réelles de l’humanité souffrante : la lutte contre la pauvreté, la promotion de la paix, la réalisation de projets éducatifs, écologiques et sanitaires et le développement des droits humains » (Pape François, Discours aux participants au Symposium international sur le désarmement, intitulé « Perspectives pour un monde sans armes nucléaires et pour un désarmement intégral », 10 novembre 2017)
Le Saint-Siège reconnaît l’importante contribution de l’Aiea à la création d’un monde libéré des armes nucléaires. Ce rôle est caractérisé par la combinaison efficace des mesures prévues par les accords de garanties et des divers protocoles additionnels. En outre, les efforts pour assurer la sécurité et la protection nucléaire, ainsi que pour promouvoir une culture de la sécurité, ont été notablement améliorés grâce aux stratégies de l’Aiea de renforcer les réseaux et les forums globaux, régionaux et nationaux, et en élargissant les compétences et les capacités relatives à la sécurité dans le domaine nucléaire, aux radiations, aux transports et aux déchets radioactifs, ainsi qu’à la rapidité de la réponse aux urgences. Les objectifs les plus larges de la non-prolifération nucléaire, du désarmement nucléaire et de l’utilisation pacifique des technologies nucléaires, dépendent tous de ces stratégies fondamentales de l’Aiea.
Le Saint-Siège apprécie et salue les efforts de l’Agence pour instituer une « task force interdépartementale sur les changements climatiques » et organiser le Forum scientifique Aiea de cette année, en l’axant sur « Technologies nucléaires pour le climat : migration, contrôle et adaptation ». Le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation dans le cadre des objectifs de développement durable des Nations unies peut être soutenu par diverses technologies nucléaires et par leur application définies dans les protocoles de développement de l’Aiea, et ainsi promouvoir le développement intégral, en améliorant notre protection de la création de Dieu. De fait, les projets de coopération technique de l’Aiea dans les domaines de la santé humaine, de l’eau et de l’environnement, des changements climatiques, de la sécurité alimentaire et de l’agriculture intelligente, entre autres, ont contribué de façon significative à alléger la pauvreté et à la capacité des pays à répondre à leurs objectifs de développement de façon durable.
L’Agence jour un rôle pro-actif à tous les niveaux du développement de stratégies pour le Programme d’action pour la thérapie contre le cancer (Pact) et pour instituer et améliorer les programmes de radiothérapie. A cet égard, le Saint-Siège exprime à l’Agence sa gratitude et son appréciation pour l’aide aux Etats membres à bas et moyens revenus, pour améliorer l’efficacité de leurs services de médecine radiologique de fonds destinés à promouvoir des programmes et des activités pour le contrôle des tumeurs.
A cette occasion, le Saint-Siège rappelle l’urgente nécessité d’une éthique moderne globale de la responsabilité, de la solidarité et de la sécurité coopérative, qui doit prendre la place des vieilles façons de penser, si souvent guidées par son propre intérêt et par la méfiance. Nous devons reconnaître que notre paix et notre sécurité en dernière analyse dépendent de la paix et de la sécurité de tous.
Par conséquent, le Saint-Siège appelle tous les leaders et les nations à travailler pour les objectifs communs de promouvoir la non prolifération et le désarmement nucléaire, le développement et l’utilisation pacifique des technologies nucléaires et le développement humain intégral, spécialement dans les pays les plus pauvres. La poursuite de ces objectifs contribuera pour une bonne mesure à une paix globale, vraie et durable.
Monsieur le président,
Pour conclure, le Saint-Siège confirme sa gratitude sincère et confirme son ferme soutien aux nombreux contributeurs de l’Aiea pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire, ainsi que pour le développement et l’emploi sûr, protégé et pacifique des technologies nucléaires.
Merci.
Traduction de Zenit, Anne Kurian

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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