Le cardinal Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques et président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, a choisi le sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré dans son Québec natif, pour faire mémoire du cinquantième anniversaire de son ordination sacerdotale. Le cardinal a présidé l’eucharistie en action de grâce pour le chemin accompli depuis ce 25 mai 1968 où il fut ordonné chez les prêtres de Saint Sulpice, ce 26 juillet 2018.
L’Osservatore Romano en italien daté du 27 juillet a publié, sous le titre « Solidaires avec les migrants », des extraits de l’homélie prononcée à cette occasion par le cardinal que le pape François a décidé de coopter dans l’ordre des cardinaux évêques en juin dernier.
Se faisant le porte-parole du pape François en faveur des migrants et des réfugiés, le cardinal a invité, avec la Sainte Famille, « dont sainte Anne est la grand-mère », à « prendre à cœur le destin de la grande famille humaine ».
Il a aussi invité les familles, et les grands-parents, à transmettre la foi aux jeunes générations : « La foi se transmet surtout par osmose, de personne à personne, et les liens d’affection et de confiance sont indispensables pour une éducation profonde et durable ».
Voici notre traduction de ce texte en italien.
HG
Solidaires avec les migrants, homélie du cardinal Ouellet
Je porte les intentions du pape François, et en particulier sa sollicitude pour les migrants et les réfugiés, une grande priorité de son pontificat. Un père ou une mère de famille se préoccupe pour son enfant qui souffre le plus ou qui est le plus vulnérable. Ainsi le Saint-Père ne cesse pas d’attirer l’attention sur ces populations à la dérive d’un continent à l’autre et d’un pays à l’autre, exposées à toutes sortes de dangers et d’abus.
Lors de sa première visite sur l’île de Lampédouse, en 2013, il a imploré de l’aide pour les Africains qui se noient dans la Méditerranée, abandonnés sur des embarcations de fortune par des trafiquants sans pitié. Le pape est ensuite allé au Bangladesh pour apporter son assistance aux Rohingya et suivre de près le sort des milliers de migrants d’Amérique du sud qui remontent vers les Etats-Unis à la recherche de leur famille.
Souvenons-nous dans notre prière de ces migrants et de ces réfugiés auxquels nous ne sommes pas indifférents, malgré la tentation de les ignorer ou de les repousser pour ne pas être dérangés dans notre pays et dans notre confort.
La famille qui nous accueille dans ce sanctuaire, la Sainte Famille, dont sainte Anne est la grand-mère, nous enseigne à prendre à cœur le destin de la grande famille humaine. Il ne pourrait en être autrement étant donné que l’Enfant-Dieu qui lui a été destiné transcende toutes les frontières de race, de couleur, de culture et de religion. Jésus-Christ apporte à l’humanité, et en premier lieu aux plus pauvres, la bonne nouvelle de l’espérance du salut. Il implique dans sa mission sa propre famille humaine, dont les noms sont vénérés depuis des siècles sur les rives de ce grand fleuve, le Saint-Laurent : sainte Marie et saint Joseph, sainte Anne et saint Joachim, les parents de Jésus.
Le fruit le plus important de tout pèlerinage est la consolation de l’Esprit-Saint, la confirmation de notre foi et de notre espérance, au-delà des faveurs particulières que nous implorons pour nos besoins et pour ceux des autres.
Les motifs de notre présence ici sont aussi nombreux que nous tous qui formons cette assemblée, qui sommes autochtones ou étrangers, qui avons suivi toute la neuvaine de préparation ou qui sommes venus seulement aujourd’hui pour la célébration solennelle de notre patronne, sainte Anne. Un jour, elle a protégé des marins bretons en danger sur le fleuve et elle protège encore fidèlement tous ceux qui viennent ici se confier sous son patronage.
Ce que nous voyons et que nous comprenons de l’unité dans la diversité de cette belle assemblée est un signe de la bénédiction de Dieu qui a semé la foi dans notre peuple qui la garde dans son cœur, d’une manière peut-être plus discrète qu’autrefois, mais toutefois vivante et féconde. De fait, le souvenir de la première évangélisation au Canada et le rayonnement prodigieux d’une Église missionnaire dans le pays restent un patrimoine d’espérance dans la conscience de l’Église universelle. Je le constate régulièrement dans mes rencontres avec les évêques du monde entier qui préparent le prochain synode sur les jeunes. La transmission de la foi aux jeunes générations est un grand défi pour notre époque, qui requiert beaucoup de prière et de créativité.
Aujourd’hui, prions en particulier sainte Anne afin que les familles, et surtout les personnes âgées, les grands-pères et les grands-mères, comprennent qu’elles ont un rôle fondamental à jouer à travers leur témoignage personnel de foi et l’ouverture au dialogue avec les jeunes générations. La foi se transmet surtout par osmose, de personne à personne, et les liens d’affection et de confiance sont indispensables pour une éducation profonde et durable.
Le pape François effectue surtout une révolution dans la communication ; nous le voyons adopter tous les moyens de communication les plus proches du peuple pour annoncer l’Évangile : outre les encycliques et les discours de circonstance, il multiplie les visites, les interviews, les livres, les lettres, les appels téléphoniques… Il rejoint ainsi les plus pauvres et interroge les plus riches, qui oublient facilement les misères et les injustices qui font obstacle à la paix du monde et à la solidarité entre les nations.
Que cette célébration en l’honneur de sainte Anne soit pour nous tous une oasis de paix et d’espérance sur notre chemin et nous rende plus solidaires avec ceux qui sont obligés d’émigrer pour fuir la guerre et la misère, sans savoir où finira leur triste aventure.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat