L’espérance, c’est « avoir confiance en l’amour de Dieu », explique Mgr Francesco Follo dans ce commentaire des lectures de dimanche prochain, 17 juin 2018 (XIème dimanche Temps ordinaire).
« Avec le souhait de comprendre que l’espérance ne se fonde pas sur notre désir, mais sur le don d’amour de Dieu », ajoute l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris (France).
Comme Lecture patristique, le philosophe italien propose un Sermon de saint Pierre Chrysologue (+ 450) sur « La graine devient un grand arbre« .
L‘espérance : avoir confiance en l’amour de Dieu
1) L’homme sème avec foi, Dieu fait grandir avec amour.
L’Evangile de ce dimanche (Mc 4, 26-35) nous propose deux brèves paraboles: une sur la semence qui grandit toute seule, et l’autre sur le grain de moutarde. Semé à terre, le plus petit des grains produit le plus grand des royaumes : le règne de Dieu. Jésus présente le Royaume de Dieu[1] en recourant à des images de la vie champêtre, et indique les raisons de notre engagement plein d’espérance.
Dans la première parabole Jésus montre le miracle de la croissance. Il écrit la dynamique de la semence : le grain est jeté au sol puis, que le paysan dorme ou veille, celui-ci se met à germer et à grandir tout seul.
L’homme ne fait que semer et attendre. Nous avons devant nous le mystère de la création, de l’action de Dieu dans l’histoire, qui doit susciter notre étonnement. C’est lui le Seigneur du Royaume, l’homme n’est qu’un simple collaborateur, qui assiste à l’œuvre créatrice de Dieu, en la contemplant et s’en réjouissant, qui attend la récolte à laquelle il souhaite participer.
Voici ce que dit Saint Grégoire le Grand : « L’homme répand la semence, quand il conçoit dans son âme une bonne intention. Le grain germe et grandit, sans qu’il le sache, et tant que l’heure de moissonner n’est pas venue le bien conçu continue à pousser. La terre produit toute seule, car par la grâce qui est prévenante, l’esprit de l’homme va spontanément vers le fruit d’une bonne œuvre. La terre agit progressivement : d’abord l’herbe, puis l’épi, et le blé. Produire de l’herbe signifie commencer à faire le bien. L’herbe devient épi quand la vertu progresse. Le blé remplit l’épi, quand la vertu atteint vigueur et perfection dans la pratique des bonnes œuvres. Mais quand le fruit est mûr, arrive la faucille car l’heure est venue de faucher. En effet, Dieu Tout-Puissant, après avoir fait le fruit, envoie la faucille et ordonne la moisson, car quand il a conduit chacun de nous à la perfection de l’œuvre, il interrompt sa vie temporelle, pour qu’il porte son grain dans les greniers du ciel » (In Exod., II, 3, 5 s.)
Dans la seconde parabole Jésus parle encore de semailles. Mais, il fait état d’un grain précis, le grain de moutarde, considéré comme le plus petit des grains (1,6 millimètres selon les experts). Bien que petite, cette graine possède une force vitale et un dynamisme inimaginables. Le Royaume de Dieu aussi : une réalité vraiment petite humainement parlant et formée de personnes généralement simples, pauvres, de gens sans importance au regard de la société monde. C’est pourtant à travers eux qu’agit la force du Christ qui transforme toute chose relativement mineure et apparemment insignifiante. Le petit grain de moutarde devient un grand et solide arbuste, capable d’accueillir les oiseaux sur ses branches. Le Royaume de Dieu, d’un point de vue humain, est comparable à un grain minuscule, méprisable dans son apparence, mais portant en lui le mystère d’une force divine prodigieuse qui est pour nous inimaginable.
Saint Ambroise, pour commenter cette parabole, disait ceci : « Voyons pourquoi le royaume très élevé des cieux est comparé au grain de sénevé ; car il me souvient d’avoir aussi rencontré le grain de sénevé dans un autre passage où il est comparé à la foi, quand le Seigneur dit : Si vous avez de la foi gros comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne : « Va te jeter dans la mer. » (Mt 17, 20). Ce n’est pas là une foi mesquine, mais grande, pour être capable de commander à une montagne de se déplacer ; et de fait ce n’est pas une foi médiocre que le Seigneur exige de ses apôtres, sachant qu’ils ont à combattre l’élévation et l’exaltation de l’esprit du mal. Si donc le royaume des cieux est comme le grain de sénevé, et la foi comme le grain de sénevé, la foi est assurément le royaume des cieux, et le royaume des cieux est la foi. » (Exp. in Luc., 7, 176-180; 182-186).
La première leçon à tirer de ce passage de l’Evangile c’est qu’il faut regarder la nature des similitudes, et non leur apparence. En effet, malgré les maigres débuts de l’action de Dieu dans la personne et dans l’œuvre de Jésus comme dans les personnes et l’œuvre des chrétiens, grâce aux semailles chrétiennes l’humanité toute entière grandira dans la pleine justice, la paix et la liberté grâce à l’amour prévoyant de Dieu.
2) Espérance et patience.
La seconde leçon à tirer des deux paraboles d’aujourd’hui, surtout dans une société pressée où l’on appelle « temps réel » une nouvelle qui arrive en quelques secondes, c’est qu’il faut du temps et de la patience pour que le grain, donné gratuitement, puisse produire car il doit d’abord être accueilli et bien soigné.
Ceci nous ramène à la grâce de Dieu et à notre liberté humaine, lesquelles caractérisent toute notre histoire personnelle. D’un côté, nous sommes appelés à vivre avec étonnement la croissance de la petite semence jetée au sol (première parabole). De l’autre, on nous enseigne que la patience est nécessaire dans l’attente et les soins prêtés à la terre pour que celle-ci la protège et la nourrisse, et qu’elle murisse au contact du soleil.
L’Evangile est une école qui éduque à l’attente. Jésus a vécu dans le temps et la finitude d’une vie brève et aux horizons visiblement limités et étroits, mais n’avait pour toute attente que le Royaume de Dieu dans ce monde. C’est pourquoi nous pouvons recueillir des images évangéliques de l’attente avec lesquelles apprendre à vivre le « déjà et pas encore », l’attente paradoxale de la vie chrétienne.
Attendre n’est pas facile, surtout aujourd’hui. Mais le verbe « attendre » a deux significations: s’appliquer, se consacrer à une tâche. Je m’explique en renvoyant à la vie ordinaire, à la vie « domestique », où il est demandé de « s’occuper » des taches quotidiennes les plus banales: donner à manger, veiller sur la vie de ceux qui lui sont confiés, préparer la table, entretenir le feu, veiller aux dangers qui lui incombent. On s’applique donc en prenant soin des frères qui nous sont confiés, en ne se laissant pas aller à la lassitude des simples taches quotidiennes, c’est-à-dire en ne pensant pas d’abord à soi-même, mais aux besoins des autres.
Attendre demande une ascèse, un effort à ne pas se laisser aller.
On attend en veillant la lumière allumée (dans la prière), en ayant une vie active (charité), la vie de ceux qui ont les hanches ceintes d’un tablier de service. Prière et charité sont les deux exercices qui nous apprennent à attendre. Celui qui prie apprend que le Seigneur ne parle pas et n’entre pas tout de suite en dialogue avec le priant. Il y a tout un silence à passer, mais c’est ce silence précisément qui éduque à l’attente et donne de la portée aux mots. Ceux qui aiment et servent, ont conscience de l’écart qui sépare entre eux le service rendu et les fruits produits, la reconnaissance, car il faut servir « gratuitement », en « serviteurs inutiles », en honorant sa propre tâche sans aucune autre préoccupation.
Il s’agit avant tout d’ « apporter sa pierre », de ne pas se soustraire aux efforts les jours où on a l’impression d’un « travail inutile », sans résultats immédiats.
L’autre signification du verbe « attendre » est « voir venir » qui suppose espérance et patience.
Avoir de la patience c’est « subir le temps qui passe » (Marìa Zambrano) et le vide d’une œuvre qui n’est ni complètement ni uniquement entre nos mains, dont la durée échappe à notre empressement et à notre besoin de tout contrôler et d’être rassurés. Mais c’est pour cette raison précisément, après avoir joué notre rôle, que nous pouvons reposer en paix, car il y a un temps qui vient à notre rencontre « spontanément », indépendamment de nous. De même qu’on ne saurait « forcer » la croissance d’une semence, sans risquer d’abimer la plante, on ne peut forcer notre croissance et celle de nos frères et sœurs. Nous devons donc apprendre à attendre de longs moments, à travailler sans limites de temps, sans imposer de délais à la croissance.
A l’école de l’Evangile nous apprenons la vraie patience qui rythme le temps. Et dans ce rythme le sens vient du futur, le temps de la plénitude donne raison au temps de l’attente. Si nous la regardons de notre point de vue, l’histoire part du début, si nous la regardons du point de vue de Dieu, elle part de la fin. Ainsi, dans la « plénitude du temps » le Fils est venu, et les hommes ont compris que le temps avait atteint sa plénitude grâce à sa présence qui l’avait accompli. Il vient parce que longuement attendu par le travail patient d’infinies générations qui, dans la foi ont semé, dans l’espérance de voir un jour ce moment arriver. Mais sa venue est une vraie surprise : l’attente se dénoue dans la joie de contempler l’abondance du champ de Dieu et son royaume, l’ombre d’une arbre sous lequel trouver le repos comme des oiseaux après avoir échappé à un danger.
L’espérance consiste à s’abandonner, de manière filiale et confiante, dans les mains de Dieu. Lui sait de quoi nous avons besoin (cf. Mt 6,8), et « donne à tous sans réserve et sans faire de reproches » (Jc 1,5). Comme le Rédempteur qui abandonna sa vie dans les mains du Père (cf. Lc 23,46), le chrétien est ancré à l’Eternel, c’est son espérance à laquelle il s’agrippe comme à une ancre sûre et solide, jetée dans l’au-delà, où Jésus est déjà entré pour nous (cf. Hé. 6,19-20).
Mais il faut se rappeler que l’espérance chrétienne est l’espérance de l’accomplissement de cette vie, et non d’une autre vers laquelle fuir. Cela comporte l’acceptation de l’histoire comme lieu à l’intérieur duquel se manifeste la présence de Dieu. Sans que cela entraine du mépris mais produise gratitude et satisfaction, tout en reconnaissant sa limite. Et que la force intérieure de la foi qui fait en sorte que les hommes marchent avec Dieu, recherchent Sa présence, s’engagent à travailler pour l’avènement du royaume: « C’est seulement lorsque l’avenir est assuré en tant que réalité positive que le présent devient aussi vivable »[2]. L’espérance chrétienne voit et aime ce qu’elle sera: c’est l’élément dynamique de la vie morale, qui fait grandir progressivement la lumière de la foi et l’énergie de l’amour. Celle-ci – l’espérance – est la petite sœur qui tient par la main et guide ses deux grandes sœurs, la foi et la charité, vers leur destination[3]. Alors que nous avançons, au milieu des épreuves et difficultés personnelles et collectives, l’espérance, générée par la foi, génère la charité, entretient son mouvement[4].
3) Le grain de moutarde des vierges consacrées dans le monde.
La parabole du grain de moutarde montre que la méthode de Dieu est celle de l’humilité : c’est la méthode réalisée dans l’Incarnation dans la grotte de Bethléem, dans la simple maison de Nazareth et tout au long de la vie « terrestre » de Jésus. Dans la liturgie d’aujourd’hui cette méthode nous est transmise par la parabole du grain de moutarde.
Il faut ne pas avoir peur de l’humilité des petits pas et avoir confiance que le petit (en apparence) grain grandira en nous et que de nous il sera donné aux autres. Les Vierges consacrées dans le monde, en montrant que « l’on obtient la Vie en donnant sa vie avec simplicité » (Pape François), sont un exemple de comment on peut imiter cette méthode de l’humilité.
En se consacrant à l’amour, ces femmes ont mis leur espérance non pas en quelque chose qui vient de Dieu, mais en Dieu lui-même. Saint Augustin dit à ce propos : « Que le Seigneur ton Dieu soit toujours ton espérance: n’attends de lui rien autre chose, mais qu’il soit lui-même ton espérance. Le grand nombre attend de Dieu de l’argent, d’autres espèrent que Dieu leur donnera des honneurs fragiles et périssables, toute autre chose que Dieu lui-même; pour toi, ne demande à Dieu que lui seul; méprise tout ce qui n’est pas lui, ne cherche que lui; oublie tout le reste pour te souvenir de lui; laisse tout en arrière pour courir à lui. Il sera ton amour » (Enarrationes in Psalmos, 39, 7-8).
Le grain de moutarde n’est pas seulement une comparaison de l’espérance chrétienne, il met en évidence que le grand naît du petit non par des moyens exceptionnels mais grâce au comportement chrétien de personnes simples qui vivent de l’amour de Dieu et de patience, le grand souffle de l’amour.
Lecture Patristique
Saint Pierre Chrysologue (+ 450)
Sermon 98, 1-2 4-7, CCL 24 A, 602-606.
La graine devient un grand arbre.
Mes frères, vous avez appris aujourd’hui comment le Royaume des cieux, dans toute sa grandeur, est comparé à une graine de moutarde. Le Royaume des cieux, dit le Seigneur, est comparable à une graine de moutarde (Mt 13,31). Est-ce là tout ce que les croyants espèrent? Est-ce là tout ce que les fidèles attendent? Est-ce là le bonheur auquel les vierges parviennent après une longue pratique de la virginité? Est-ce là la gloire à laquelle aspirent les martyrs, lorsqu’ils versent jusqu’à la dernière goutte de leur sang? Est-ce là ce que l’oeil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au coeur de l’homme (1Co 2,9)? Est-ce là ce que promet l’Apôtre et qui est tenu en réserve dans l’ineffable mystère du salut, pour ceux qui aiment?
Mes frères, ne nous laissons pas facilement déconcerter par les paroles du Seigneur. Si, en effet, la faiblesse de Dieu est plus forte que l’homme, et si la folie de Dieu est plus sage que l’homme (1Co 1,25), cette toute petite chose, qui est le bien de Dieu, est plus splendide que toute l’immensité du monde.
Puissions-nous seulement semer dans notre coeur cette graine de moutarde, de sorte qu’elle devienne le grand arbre de la connaissance, s’élevant de toute sa hauteur pour élever notre pensée jusqu’au ciel, et déployant toutes les branches de la science. Son fruit brûlant réchaufferait notre bouche de son goût vivifiant, son grain allumerait en nous un feu qui enflammerait notre coeur et, en savourant le fruit de cet arbre, nous cesserions de dédaigner ce qui nous était inconnu.
Comme le dit le Christ, le Royaume de Dieu est semblable à la graine de moutarde. Le Christ est le Royaume. A la manière d’une graine de moutarde, il a été jeté dans un jardin, le corps de la Vierge. Il a grandi et il est devenu l’arbre de la croix qui couvre la terre entière.
Après qu’il eut été broyé par la Passion, son fruit a produit assez de saveur pour donner du bon goût et de l’arôme, d’une manière égale, à tous les êtres vivants qui le touchent. Car, tant que la graine de moutarde demeure intacte, ses vertus restent cachées, mais elles déploient toute leur puissance quand la graine est broyée. De même le Christ a-t-il voulu que son corps fut broyé pour que sa force ne reste pas cachée.
Mes frères, il nous faut broyer cette graine de moutarde pour éprouver toute la force, figurée dans cette parabole. Le Christ est roi, car il est le principe de toute autorité. Le Christ est le Royaume, car en lui réside toute la gloire de son royaume. Le Christ est homme, car l’homme tout entier est renouvelé en lui. Le Christ est la graine de moutarde, l’instrument dont Dieu se sert pour faire descendre toute sa grandeur dans toute la petitesse de l’homme.
Que dirai-je encore? Lui-même est devenu toute chose pour renouveler tous les hommes en lui. Le Christ homme a reçu la graine de moutarde qui est le Royaume de Dieu. Le Christ homme l’a reçue, alors que le Christ Dieu la possédait depuis toujours. Il a jeté la semence dans son jardin.
Le jardin est la terre cultivée qui s’est étendue au monde entier, labouré par la charrue de la Bonne Nouvelle. Il est clôturé par les bornes de la sagesse. Les Apôtres ont peiné pour en arracher toutes les mauvaises herbes. On prend plaisir à y contempler les jeunes pousses des croyants, les lis des vierges et les rosés des martyrs. Des fleurs y donnent toujours leur parfum.
Le Christ a donc semé la graine de moutarde dans son jardin. Elle a pris racine quand il a promis son Royaume aux patriarches, elle est née avec les prophètes, elle a grandi avec les Apôtres, et elle est devenue l’arbre immense qui étend ses innombrables rameaux sur l’Église, en lui prodiguant ses dons.
Prends les ailes d’argent de la colombe évangélique dont parle le prophète (cf. ps 67,14). Prends ses plumes brillantes sous l’éclat du soleil divin. Envole-toi dans ton vêtement d’or pour jouir d’un repos sans fin, désormais hors de l’atteinte des filets, parmi tant de magnifiques frondaisons. Sois assez fort pour prendre ainsi ton vol, et va habiter en sécurité dans cette vaste demeure!
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[1] Une intéressante réflexion de Joseph Ratzinger (aux pages 176-7 de « Jésus de Nazareth ») peut nous aider à comprendre correctement la page évangélique: « Royaume de Dieu » signifie « Seigneurie de Dieu » et cela signifie que l’on adopte sa volonté comme critère. Cette volonté est dispensatrice de justice… Voilà pourquoi Salomon demande à Dieu « un cœur docile » pour être en mesure de rendre justice et de distinguer le bien du mal; « un cœur docile » pour que ce soit Dieu et non lui qui règne, car si on n’est pas en parfaire harmonie avec Dieu, on ne peut pas exercer la vraie justice…… Le royaume de Dieu passe donc par un « cœur docile ». Et la plus grande des prières que l’on puisse faire pour que le royaume de Dieu vienne est : « Fais de nous les tiens, Seigneur ! Vis en nous ! Fais en sorte que « Dieu soit tout en tous » (cf. 1 Co 15,26-28).
[2] Benoilt XVI, Lett. enc. Spe salvi, n.2.
[3] Cf. Charles Peguy, Le porche de la seconde vertu.
[4] Cf. Saint Thomas d’Aquin, Summa theologica, 2-2 q. 17,a 8; 1-2, q. 62, a.4.)
Mgr Follo, 2016 © courtoisie de la Mission du Saint-Siège à l'UNESCO
L'espérance: avoir confiance en l’amour de Dieu, par Mgr Francesco Follo
« La graine devient un grand arbre »