« La première éducation civique se reçoit … au sein de la famille », a souligné le pape François devant quelque 6000 personnes de la Préfecture de Rome et du Département de la Sécurité publique venues au Vatican avec leurs familles.
Dans la salle Paul VI, le pape a mis en valeur le rôle de la famille, « première communauté où l’on enseigne et où l’on apprend à aimer » : un cadre privilégié « où s’enseigne et où s’apprend la foi, où l’on apprend à accomplir le bien ».
« La bonne santé de la famille est décisive pour l’avenir du monde et de l’Eglise, en considérant les multiples défis et difficultés qui aujourd’hui se présentent dans la vie de tous les jours, a-t-il insisté. En effet, lorsqu’on rencontre une réalité amère, lorsqu’on ressent de la souffrance, lorsque fait irruption l’expérience du mal ou de la violence, c’est dans la famille, dans sa communion de vie et d’amour, que tout peut être compris et dépassé. »
Une bonne famille, a-t-il ajouté, « transmet aussi les valeurs civiles, éduque à se sentir comme partie du corps social, à se comporter en citoyens loyaux et honnêtes. Une nation ne peut pas se gouverner si les familles n’accomplissent pas ce devoir. » La famille est le lieu de la tendresse. S’il vous plaît, ne perdez jamais la tendresse ! Et cette époque manque de tendresse, il faut la retrouver, et la famille peut nous y aider.
Voici notre traduction du discours prononcé par le pape François au cours de cette audience à laquelle ont participé des familles de victimes du terrorisme et de forces de l’ordre décédées dans l’exercice de leurs fonctions.
Discours du pape François
Monsieur le Chef de la Police,
Distinguées Autorités,
Chères familles de victimes du terrorisme et de leur devoir,
Chers fonctionnaires, agents et personnel civil de la Police d’Etat !
Je vous souhaite la bienvenue et je remercie le Chef de la Police pour ses paroles. A lui et à vous tous, je renouvelle l’expression de ma reconnaissance à l’égard de la Police d’Etat pour le service qu’elle rend au pape et à l’Eglise.
Quand votre aumônier m’a demandé une audience pour le personnel de la Police d’Etat de la Préfecture de Rome et de la Direction Centrale de Santé du Département de la Sécurité publique avec leurs familles, je m’en suis immédiatement réjoui. Vous rencontrer avec vos enfants, vos épouses, vos maris, vos parents, cela me donne de la joie ! Vous regarder dans les yeux, vous serrer la main, caresser vos enfants ouvre le cœur, nous rapproche et nous unit dans la louange et dans l’action de grâce au Seigneur. Merci d’être venus avec vos familles, merci !
La famille est la première communauté où l’on enseigne et où l’on apprend à aimer. Et c’est le cadre privilégié où s’enseigne et où s’apprend la foi, où l’on apprend à accomplir le bien. Et la foi, l’amour, faire le bien, s’apprennent seulement “en dialecte”, le dialecte de la famille. Dans une autre langue, ils ne se comprennent pas. Ils se comprennent en dialecte, le dialecte de la famille. La bonne santé de la famille est décisive pour l’avenir du monde et de l’Eglise, en considérant les multiples défis et difficultés qui aujourd’hui se présentent dans la vie de tous les jours. En effet, lorsqu’on rencontre une réalité amère, lorsqu’on ressent de la souffrance, lorsque fait irruption l’expérience du mal ou de la violence, c’est dans la famille, dans sa communion de vie et d’amour, que tout peut être compris et dépassé.
La famille aussi, comme toute réalité humaine, est marquée par la souffrance ; de nombreuses pages de la Bible l’attestent : la violence fratricide de Caïn sur Abel, les disputes entre les enfants et les épouses d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, les tragédies qui touchent David, la souffrance de Tobie, la douleur de Job. La vie de la Sainte Famille aussi a connu des contradictions douloureuses, comme la fuite de Marie et de Joseph qui se sont exilés en Egypte avec le petit Jésus. Marie méditait toutes ces expériences dans son cœur ; et Jésus, Fils de Dieu et Fils de Marie, à son tour, voit, écoute, souffre et se réjouit, en expérimentant dans son cœur les vicissitudes des personnes qu’il rencontre : la belle-mère de Pierre qui est au lit malade, Marthe et Marie qui pleurent la mort de leur frère Lazare, la veuve de Naïm qui a perdu son fils unique, le centurion éprouvé par la grave maladie de celui qui lui est cher… Jésus est toujours capable de se mesurer aux personnes qui l’implorent pour la santé ou qui pleurent, inconsolables.
A l’exemple de Jésus, l’Eglise aussi, dans son chemin quotidien, connaît les inquiétudes et les tensions des familles, les conflits générationnels, les violences domestiques, les difficultés économiques, la précarité du travail… En reflétant chaque jour l’Evangile, l’Eglise est conduite par l’Esprit-Saint à être proche des familles, comme compagne de voyage, surtout pour celles qui traversent quelque crise ou vivent quelque douleur, et aussi pour indiquer la destination finale, où la mort et la souffrance disparaîtront pour toujours.
Sur le chemin de la vie, Jésus ne nous abandonne jamais : Il suit et accompagne avec miséricorde tous les êtres humains ; de façon particulière les familles, qu’il sanctifie dans l’amour. Sa présence se manifeste à travers la tendresse, les caresses, l’étreinte d’une maman, d’un père, d’un enfant. La famille est le lieu de la tendresse. S’il vous plaît, ne perdez jamais la tendresse ! Et cette époque manque de tendresse, il faut la retrouver, et la famille peut nous y aider. C’est pour cela que dans les Ecritures Dieu se montre père mais aussi mère qui prend soin et qui se penche dans le geste d’allaiter et de donner à manger.
L’Eglise, comme mère prévenante, nous enseigne à rester solidement en Dieu, ce Dieu qui nous aime et qui nous soutient. A partir de cette expérience intérieure fondamentale, il est possible d’arriver à supporter toutes les contrariétés et les vicissitudes de la vie, les agressions du monde, les infidélités et les défauts, les nôtres et ceux des autres. C’est seulement en partant de cette solide expérience intérieure que nous pouvons être saints dans la persévérance dans le bien, qui avec la grâce de Dieu vainc tout mal.
La foi aussi se transmet en famille. C’est là que l’on apprend à prier : la prière humble, simple et en même temps ouverte à l’espérance, accompagnée de la joie, la joie véritable, qui vient d’une harmonie entre les personnes, de la beauté d’être ensemble et de nous soutenir mutuellement sur le chemin de la vie, tout en ayant conscience de toutes nos limites.
L’époque où nous vivons est parcourue de changements profonds. Vous l’expérimentez continuellement dans votre travail, aussi bien dans les enquêtes que sur le terrain, spécialement dans une ville comme Rome. Et l’expérience familiale vous aide aussi en cela, parce qu’elle vous donne équilibre, sagesse, valeurs de référence. Une bonne famille transmet aussi les valeurs civiles, éduque à se sentir comme partie du corps social, à se comporter en citoyens loyaux et honnêtes. Une nation ne peut pas se gouverner si les familles n’accomplissent pas ce devoir. La première éducation civique se reçoit – elle aussi “en dialecte” – dans la famille.
Chers frères et sœurs, je vous remercie pour cette visite et je vous accompagne par la prière avec mon souvenir reconnaissant. Que la Famille de Nazareth et saint Michel Archange, votre Patron, aident toutes vos familles et la grande famille de la Police d’Etat. Merci !
Prions la Vierge Marie notre mère, pour qu’elle bénisse tous les policiers, les familles des policiers, et les aide à continuer avec courage, douceur et tendresse.
[Je vous salue Marie et bénédiction]
Traduction de Zenit, Anne Kurian
Policiers de la Préfecture de Rome © Vatican Media
La première éducation civique se reçoit au sein de la famille, affirme le pape
Audience au personnel de la Préfecture de Rome