Pour lutter efficacement contre la mafia, le pape François recommande vivement de prendre soin de l’éducation des jeunes.
A l’occasion du 25e anniversaire de la visite – et de la « colère » – de saint Jean-Paul II à Agrigente, en Sicile (Italie), le cardinal secrétaire d’État, Pietro Parolin, a adressé un télégramme au cardinal Francesco Montenegro, archevêque de Agrigente.
« À l’occasion du 25e anniversaire de la visite de saint Jean-Paul II à Agrigente, quand, à la fin de la messe, dans la vallée des Temples, il a prononcé une invective prophétique contre la mafia et un appel aux mafieux à se convertir, le Saint-Père François adresse une salutation fraternelle aux pasteurs et aux fidèles de cette Eglise particulière et de toute la Sicile, rassemblés pour prier et pour réfléchir », écrit le cardinal Parolin.
Le pape François, ajoute-t-il, recommande d’avoir un souci particulier de l’éducation des jeunes: le pape les « encourage à marcher, unis, sur le chemin du bienheureux don Pino Puglisi et par ceux qui, comme lui, ont témoigné que les plans du mal se combattent par la mise en pratique quotidienne, humble et courageuse, de l’Evangile, spécialement par un travail d’éducation auprès des adolescents et des jeunes ».
Le pape invoque l’ « intercession maternelle de la Vierge Marie », il les assure de son « souvenir spécial dans la prière pour les Eglises de Sicile » et il adresse à ses frères évêques, aux prêtres et à « tout le peuple de Dieu » sa bénédiction apostolique.
La vidéo de la visite du pape Jean-Paul II, le 9 mai 1993, révèle (même si on ne comprend pas l’italien!) sa véritable colère contre les violences perpétrées par la mafia. En effet, après la messe et la bénédiction finale, le pape Jean-Paul II a prononcé une allocution spontanée, imprévue, à partir du nom de l’un des temples grecs de cette vallée qui port le nom de « Concorde ».
Il a rappelé le commandement de Dieu de ne pas tuer: « L’un [de ces temples] a eu pour nom la « Concorde »: voilà, que ce nom emblématique soit prophétique. Qu’il y ait la concorde sur votre terre! Concorde sans morts, sans assassinats, sans peurs, sans menaces, sans victimes! Qu’il y ait la concorde! Cette concorde, cette paix à laquelle aspire chaque peuple et toute personne humaine et toute famille! Après tant d’époques de souffrances, vous avez finalement le droit de vivre en paix. Et ceux qui sont coupables de troubler cette paix, ceux qui portent tant de victimes humaines sur la conscience, doivent comprendre, doivent comprendre qu’il n’est pas permis de tuer des innocents! Dieu a dit une fois: « Tu ne tueras pas »: aucun homme, aucune association humaine, aucune mafia, ne peut changer et fouler aux pieds ce très saint droit de Dieu! »
Comme emporté par une sainte colère et la vision du jugement dernier, Jean-Paul II a dénoncé la « civilisation de la mort » et annoncé, au nom du Christ, la venue du « jugement de Dieu »: « Ce peuple sicilien, tellement attaché à la vie, un peuple qui aime la vie, qui donne la vie, ne peut pas vivre toujours sous la pression d’une civilisation contraire, la civilisation de la mort. Ici, il faut la civilisation de la vie! Au nom du Christ crucifié et ressuscité, de ce Christ qui est la vie, chemin, vérité et vie, je le dis aux responsables, je le dis aux responsables: convertissez-vous! Un jour viendra le jugement de Dieu! » La foule applaudissait et scandait: « Vive le Pape! »
Don Giuseppe Puglisi (1937-1993), prêtre diocésain de Palerme, que lape François cite dans son télégramme, a été assassiné par la mafia le jour de son 56e anniversaire, vers 20h45, le 15 septembre 1993, devant sa maison, piazza Anita Garibaldi, dans le quartier Brancaccio de Palerme.
Il dérangeait, ce qui se dit en italien « casser les boîtes » (rompere le scatole). Il l’avait expliqué aux jeunes en apportant une boîte en carton et en sautant dessus: « Je suis un casse-boîtes », un casse-pied!
Et lorsque le tueur lui a tiré une balle dans la nuque don Puglisi a murmuré en souriant: « Je m’y attendais ». Le médecin qui a effectué l’autopsie a été marqué par ce sourire inscrit sur son visage.
Comme c’est la procédure avant une béatification, lors de la « reconnaissance canonique » son corps a été faite: il a été exhumé et trouvé intact, vingt ans après. Il a été transféré du cimetière de Sant’Orsola à la cathédrale de Palerme.
Le pape François lui a alors rendu hommage et il a affirmé que c’est lui qui en fin de compte a gagné, notamment par son impact sur les jeunes: « Don Puglisi a été un prêtre exemplaire, spécialement dévoué à la pastorale des jeunes. En éduquant les adolescents selon l’Evangile, il les soustrayait au milieu, et ainsi, celui-ci a cherché à le vaincre en le tuant. Mais en réalité, c’est lui qui a vaincu grâce au Christ ressuscité. »
Le pape a aussi saisi cette occasion pour dénoncer l’exploitation des êtres humains par les « mafias »: « Je pense à tant de souffrances d’hommes et de femmes, d’enfants aussi, qui sont exploités par tant de mafias qui les exploitent en leur faisant faire un travail qui les rend esclave, par la prostitution, avec tant de pressions sociales. Derrière ces exploitations, derrière ces esclavages, il y a des mafias. »
Et il a invité à prier pour la conversion des responsables de cet esclavage: « Prions le Seigneur pour qu’il convertisse le coeur de ces personnes. Ils ne peuvent pas faire cela! Ils ne peuvent pas de nos frères des esclaves! Nous devons prier le Seigneur! Prions pour que ces mafieux et ces mafieuses se convertissent à Dieu et louent Dieu pour le lumineux témoignage de don Giuseppe Puglisi et faisons trésor de son exemple! »
Béatification de don Pino Puglisi @ Facebook
