« Non à une économie qui tue… », c’est le titre de l’éditorial écrit par le père Daniel Régent, sj, directeur du Réseau Mondial de prière du Pape en France, pour l’intention de prière du pape François d’avril 2018.
L’intention est la suivante : « Prions pour que les penseurs et acteurs de l’économie mondiale trouvent le courage de dire non à une économie de l’exclusion, en ouvrant de nouveaux chemins. »
Non à une économie qui tue…
Qui sont donc les penseurs et les acteurs de l’économie mondiale pour lesquels le Pape propose de prier ce mois-ci afin qu’ils rejettent une économie de l’exclusion ? Spontanément, j’imagine quelques gros bonnets de l’économie ou de la finance internationale prêts à tout pour optimiser les profits, et dont les petits sont les premières victimes. Ils ressemblent aux ogres des histoires que l’on raconte aux enfants et qui éveillent en eux la peur d’être dévorés.
Si certains ont davantage de pouvoir et donc d’influence, l’économie mondiale est un réseau d’entraînements, de rivalités, de compétitivité, de stimulations, de progrès technologiques, d’exploitation des ressources et de la fragilité des personnes, de générosité et de coups bas dont personne ne tire ultimement les ficelles. Chacun à sa mesure, qu’il soit patron, employé ou chômeur participe à ce réseau qui peut être au service de l’homme ou peut l’écraser.
Il en est ainsi depuis l’origine du monde. Cependant, les outils que nous avons aujourd’hui à notre disposition sont d’une puissance sans commune mesure avec ceux d’hier et les décisions prises ont des conséquences qui peuvent toucher l’ensemble du monde en positif ou en négatif.
N’y aurait-il que les enfants à avoir peur de l’ogre ? Les adultes d’aujourd’hui ont-ils exorcisé cette peur ? Si l’ogre n’existe que dans les histoires, la réalité d’une rivalité sans merci des entreprises est bel et bien présente. La peur de se faire manger peut être le moteur essentiel de bien des décisions. Dès lors, l’économie n’est plus au service du bien-être des habitants de la maison du monde mais, préoccupée de se protéger des dangers, elle perd sa finalité première. La peur se propage alors comme la gangrène. Un petit filet d’eau de méfiance en suscite un autre. Ils feront vite un fleuve infranchissable.
Il faut beaucoup de courage pour ne pas agir par peur. Il faut du courage pour dire non aux images trompeuses qui se présentent et renoncer aux orientations qui mènent à l’exclusion. Il faut du courage pour imaginer et ouvrir de nouveaux chemins, pour vivre en vrais vivants.
Ouvrir de nouveaux chemins est une aventure de foi en la vie. Des hommes et des femmes, croyants ou non, le font. Le Christ dans son chemin pascal traverse la peur et nous en délivre. A nous de marcher sur ses traces. A nous d’oser le suivre pour vivre, chacun à notre place, l’économie de communion !
Belle fête de Pâques !