Réunion pré-synodale avec les jeunes © Vatican Media

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"Dieu est jeune": "Des jeunes ambitieux, courageux, anticonformistes et révolutionnaires avec tendresse"

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Le souhait du pape François dans son livre-entretien

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« Je voudrais voir des jeunes ambitieux, courageux, anticonformistes et révolutionnaires avec tendresse. » C’est le souhait du pape François, exprimé dans son livre-entretien « Dieu est jeune », publié le 20 mars 2018 aux Editions Robert Laffont/Presses de la Renaissance. « Faire le bien doit devenir une dépendance, une dépendance d’où l’on ne doit jamais sortir », déclare-t-il.
L’ouvrage de 160 pages, écrit en perspective du synode sur les jeunes qui aura lieu en octobre 2018, est construit en trois parties : « Jeunes prophètes et vieux rêveurs » ; « En ce monde » ; « Enseigner et apprendre ». Durant cet entretien avec Thomas Leoncini, journaliste et écrivain italien de 32 ans, le pape évoque de nombreux thèmes, comme la protection de l’environnement qui « devrait être inscrite en lettres majuscules et en tête de tout agenda politique », ou encore les armes nucléaires, les migrants, les réseaux sociaux, le progrès technologique.
Les jeunes, les prophètes les plus importants du monde 
En conclusion de l’entretien, le pape adresse cet encouragement : « À tous les jeunes, mais pas seulement à eux, je dis : n’ayez pas peur de la diversité et de vos fragilités ; la vie est unique et on ne peut pas la reprendre. Dieu nous attend chaque matin à notre réveil pour nous refaire ce don. Gardons-le avec amour, avec grâce et naturel. »
Pour le pape François, « un jeune a quelque chose d’un prophète et il faut qu’il en prenne conscience » : « Il a les ailes d’un prophète, l’attitude d’un prophète, la capacité à prophétiser, à dire, mais aussi à faire ». « Les jeunes sont des prophètes, peut-être les prophètes les plus importants du monde », insiste-t-il.
Et « Dieu veut que les jeunes aient une mission » : « d’être ces prophètes, et pour l’être ils doivent ‘se salir les pieds’ sur les routes, aller parmi les autres jeunes qui cherchent un sens à leur vie et les aider, se faire porteurs d’espérance et de rupture par rapport aux adultes ».
« Dieu est jeune ! », s’exclame aussi le pape argentin, donnant lieu au titre de l’ouvrage qu’il a écrit de sa main en français et dans les autres langues. Il explique : « Les traits caractéristiques des jeunes sont aussi les siens. Il est jeune parce qu’’Il fait se mouvoir toutes choses’ et qu’Il aime les nouveautés ; parce qu’Il stupéfie et qu’Il aime la stupéfaction ; parce qu’Il s’est révélé et qu’Il a le désir de nos songes ; parce qu’Il est fort et enthousiaste ; parce qu’Il construit des relations et qu’Il nous demande d’en faire autant, parce qu’Il est social. »
Trouver l’espoir, trouver la liberté, les conseils du pape
Au fil de la conversation, le pape formule des conseils aux jeunes, notamment pour trouver « l’espoir » : « en cherchant Jésus, en sachant qu’Il nous écoute, en sachant que tout a un sens à Ses yeux. » Et d’inviter : « Ce regard que vous tenez fixé sur votre téléphone portable, vous pouvez le tenir aussi fixé quelques minutes sur le rosaire. Ou encore, vous pouvez télécharger une application avec un rosaire virtuel et prier comme ça : la Vierge ne se soucie pas des formes, seulement de la substance, alors ce n’est pas un problème. La Vierge est attentive aux cœurs sincères. »
Quand peut-on se sentir vraiment libre ? « On n’est libre que si on est en harmonie avec soi-même », répond le pape François : « La liberté, et donc l’harmonie, ne peuvent pas se construire en laboratoire : elles font partie d’un parcours humain d’introspection, d’un cheminement. Cela peut être ardu et fatiguant, la pente peut être raide, mais si on suit ce parcours avec sincérité et pureté, la ligne d’horizon est celle de l’harmonie. »
Il évoque Internet comme une « bénédiction » qui permet « la sensibilisation des jeunes » sur de nombreux thèmes actuels et qui fait « communiquer entre eux des gens défavorisés ». Cependant il souligne le paradoxe des réseaux sociaux : « il est facile de faire passer une fausse nouvelle pour une nouvelle véritable. Mais surtout… même quand cette nouvelle a été déclarée ‘fausse’ en tous points, la conversation à son propos continue sur sa lancée… Pour beaucoup d’entre eux, peu importe si la nouvelle est vraie ou fausse, ce qui compte c’est qu’elle a été imaginée par quelqu’un, ce qui compte c’est l’émotion qu’elle a suscitée. »
Il n’existe pas d’être humain qui ne puisse faire du bien
Le pape partage son regard optimiste sur l’humanité : « Une lueur d’espérance dans le cœur suffit pour y faire entrer Dieu. » Il affirme en ce sens : « Il n’existe pas d’être humain qui ne puisse faire du bien à son prochain, nous sommes tous des constructeurs potentiels de bien. Chaque être humain perdu est un être humain en moins pour faire ‘la révolution du bien’. Chaque être humain gâché est une défaite pour l’humanité tout entière. »
Il met en garde contre le consumérisme : « il semble que pour ‘être quelqu’un’ il faille posséder quelque chose, bien plus qu’être quelque chose », mais « ce que l’on ne peut pas acheter a beaucoup plus de valeur… Ce que l’on ne peut pas acheter, comme l’amour, l’affection, l’amitié, l’estime, il faut le cultiver avec soin, l’entretenir avec une attention extrême, il faut s’y investir avec le cœur ».
Evoquant le sujet des migrants, qui lui tient à cœur, le pape François invite à se mettre « à leur place » : « Tu sais ce que je pense, moi, quand je vois un migrant ? … je me pose cette question : pourquoi eux et pas moi ? … Nous pourrions tous être à leur place : nous devons toujours nous mettre à la place des autres, apprendre à nous glisser dans leurs chaussures, imaginer ce que serait notre vie si nous n’avions même pas l’argent pour les acheter, ces chaussures. »
Une phrase qu’un éducateur ne devrait jamais prononcer
Encourageant une nouvelle fois « le dialogue entre anciens et jeunes », le pape s’adresse aussi aux adultes, pointant du doigt leur responsabilité envers les jeunes : « nous devons demander pardon aux jeunes parce que nous ne les prenons pas toujours au sérieux. Nous ne les aidons pas toujours à trouver leur voie ni les moyens qui leur permettraient de ne pas finir dans l’exclusion. Souvent, nous ne savons pas les faire rêver et nous ne sommes pas capables de les enthousiasmer ».
Les adultes sont « cruels », estime-t-il : « Souvent ils déracinent les jeunes et, au lieu de les aider à être des prophètes pour le bien de la société, ils en font des orphelins et des exclus. Les jeunes d’aujourd’hui grandissent dans une société sans racines », c’est-à-dire « une société composée de gens, de familles, qui peu à peu perdent leurs liens ».
Pour le pape un « bon éducateur » doit se poser chaque jour cette question : « ai-je aujourd’hui le cœur assez ouvert pour y laisser entrer la surprise ? » Et s’il existe « une phrase qu’un bon éducateur ou un bon parent ne devrait jamais prononcer », ce serait : « mon enfant, pourquoi veux-tu savoir cela ? Passe ton bac d’abord et on en reparlera ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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