« Les pays qui accueillent et hébergent les réfugiés, souvent pendant de longues périodes, apportent une immense contribution au bien collectif et à la cause de l’humanité, et ils le font à partir de leurs propres ressources limitées », a déclaré Mgr Jurkovic pour qui il s’agit « d’ “investissements” dans l’humanité et la paix, pour le bien commun ».
Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies et aux autres organisations internationales à Genève(Suisse), est intervenu à la deuxième consultation officielle pour un Pacte Mondial sur les Réfugiés – Partie III.A, le 21 mars 2018.
Mgr Jurkovic a par ailleurs plaidé pour que le Pacte mondial en cours d’élaboration soit « fermement centré sur la personne humaine, en évitant toute considération idéologique, y compris celles qui concernent “l’âge, le genre et la diversité” ». Il a proposé « que la dignité de chaque personne humaine et de ses droits humains fondamentaux guide et soutienne tous les aspects du Programme d’action ».
Voici notre traduction complète de l’allocution prononcée par Mgr Jurkovic en anglais.
HG
Discours de Mgr Ivan Jurkovic
Merci, Monsieur le Modérateur.
La délégation du Saint-Siège souhaite partager quelques brèves réflexions sur la partie III.A du Programme d’action, qui définit des mécanismes permettant de parvenir à un partage des charges et des responsabilités plus équitable et prévisible.
Comme le soulignait récemment le Pape François, « le Saint-Siège espère que ces efforts […] aboutiront à des résultats dignes d’une communauté mondiale de plus en plus interdépendante et fondée sur les principes de la solidarité et de l’assistance mutuelle. Dans la situation internationale actuelle, les voies et moyens ne manquent pas pour faire en sorte que chaque homme et chaque femme sur terre puissent jouir de conditions de vie dignes de la personne humaine. » (1)
Monsieur le Modérateur,
Accueillir et protéger les réfugiés sont des responsabilités communes de la communauté internationale. En répondant à leurs besoins, nous sommes bien conscients que cette solidarité ne se fait pas sans sacrifice. Dans certains cas, les réfugiés sont même plus nombreux que la population locale, ce qui pose des problèmes évidents.
Les pays qui accueillent et hébergent les réfugiés, souvent pendant de longues périodes, apportent une immense contribution au bien collectif et à la cause de l’humanité, et le font à partir de leurs propres ressources limitées. Ainsi, ma délégation est heureuse de noter que le Projet recommande la distribution de ressources financières pour le développement par les institutions internationales, en accordant une attention particulière aux projets dans les pays accueillant des réfugiés, qui profitent aux réfugiés et récompensent la générosité des familles et des communautés locales. Après tout, ce sont des « investissements » dans l’humanité et la paix, pour le bien commun.
Dans le même temps, cependant, il faut garder à l’esprit que les réfugiés ne sont pas des numéros à distribuer et à attribuer, mais des personnes avec un nom, une histoire, avec des espoirs et des aspirations pour un développement humain intégral, qui ont été forcés de fuir leur pays et ont besoin de protection et d’assistance.
La distribution des fonds et des ressources ne doit pas servir de prétexte pour « sous-traiter » la responsabilité de la protection à certains pays simplement en raison de leur proximité géographique avec des zones instables. Cela ne devrait pas non plus être une justification pour « limiter » la circulation des réfugiés, mais plutôt l’expression d’une coopération et d’une solidarité internationales authentiques avec l’objectif clair de réaliser des solutions durables.
Monsieur le Modérateur,
Enfin, ma délégation se félicite de ce que le Programme d’action fasse référence aux « efforts plus vastes des Nations Unies pour mettre fin à la discrimination fondée sur la race, la couleur, la religion ou la croyance et pour promouvoir et protéger les droits de l’homme ». En effet, il est important que le Pacte mondial soit fermement centré sur la personne humaine, en évitant toute considération idéologique, y compris celles qui concernent « l’âge, le genre et la diversité ». À cet égard, nous souhaitons proposer que la dignité de chaque personne humaine et de ses droits humains fondamentaux guide et soutienne tous les aspects du Programme d’action.
Merci, Monsieur le Modérateur.
NOTE
1.Pape François, Discours au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, 8 janvier 2018.