Le card. Koch (à droite) et le pasteur Tveit @ COE

Le card. Koch (à droite) et le pasteur Tveit @ COE

"L’engagement personnel du Saint-Père dans l’objectif de l’unité chrétienne", par le card. Koch (traduction complète)

La visite du pape au COE à Genève

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La visite du pape François au Conseil œcuménique des Églises en juin 2018 sera l’« expression de l’engagement personnel du Saint-Père dans l’objectif de l’unité chrétienne », affirme le cardinal Koch. « Ce geste œcuménique signifiera la volonté continue de l’Église catholique de promouvoir de bonnes relations avec les Églises membres et avec les partenaires œcuméniques du COE et de continuer à relever ensemble les défis de notre temps », explique-t-il.

Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens est intervenu aux côtés du Révérend Olav Fykse Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, à la conférence de presse de présentation des initiatives pour les célébrations du 70èmeanniversaire du Conseil œcuménique des Églises (World Council of Churches), vendredi 2 mars 2018 dans la salle de presse du Saint-Siège.

Entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises, il existe déjà « une collaboration soutenue dans le domaine de la justice et de la paix, des droits de l’homme, des œuvres de charité et de l’aide humanitaire, en particulier en ce qui concerne les migrants et les réfugiés, la protection de la création, les jeunes, le dialogue interreligieux, la mission et l’évangélisation », réjouit le cardinal.

Voici notre traduction du discours, en anglais, du card. Koch.

HG

 Discours du card. Kurt Koch

Relations entre l’Église catholique et le Conseil oecuménique des Églises

La visite de Sa Sainteté le pape François au Centre œcuménique à Genève, pendant l’année du 70ème anniversaire de la fondation du Conseil œcuménique des Églises (COE) sera un signe de reconnaissance de la contribution unique du COE au mouvement œcuménique moderne. Ce sera une expression de l’engagement personnel du Saint-Père dans l’objectif de l’unité chrétienne, comme cela a été exprimé en de nombreuses occasions. En visitant le Centre œcuménique à Genève, le pape François suivra les pas de ses deux prédécesseurs, Paul VI qui a visité le COE en 1969 (le 10 juin) et Jean-Paul II qui a fait la même chose en 1984 (le 12 juin). La visite sera une occasion de rendre grâce à Dieu pour une collaboration riche et de longue date que l’Église catholique maintient avec le COE depuis plus d’un demi-siècle. En effet, nos relations ont commencé pendant la préparation du Concile Vatican II. Vatican II a confié à l’Église catholique le mouvement œcuménique moderne et ouvert une nouvelle page dans l’histoire de nos relations avec le Conseil œcuménique des Églises, engendrant un esprit de rapprochement et de compréhension mutuelle. Bien que l’Église catholique ne soit pas un membre du COE, différents dicastères de la Curie romaine et diverses organisations catholiques ou communautés religieuses collaborent étroitement avec ses différents programmes. Il y a une collaboration soutenue dans le domaine de la justice et de la paix, des droits de l’homme, des œuvres de charité et de l’aide humanitaire, en particulier en ce qui concerne les migrants et les réfugiés, la protection de la création, les jeunes, le dialogue interreligieux, la mission et l’évangélisation. La plus développée est la collaboration entre le COE et le Conseil pontifical pour la Promotion de l’unité entre les chrétiens (PCPCU), qui se réalise aussi à travers différents canaux.

L’un des plus importants et le Groupe de Travail conjoint (GTC). Depuis son établissement en 1965, le GTC a été un catalyseur pour une collaboration fructueuse dans les domaines du dialogue doctrinal, de la formation œcuménique, de la mission et de l’évangélisation, de la jeunesse, de la justice et de la paix et des nouvelles questions émergentes liées à la vie des sociétés modernes. En 2015, à l’occasion de son 50èmeanniversaire, célébré ici à Rome, y compris avec la participation du secrétaire générale du COE, le Saint-Père, dans son message, a encouragé l’Église catholique et le COE à explorer de nouveaux moyens de témoigner ensemble de notre réelle, bien qu’elle soit encore incomplète, unité.

Des catholiques sont aussi membres ou consultants de différentes commissions du COE. La plus importante d’entre elles est la Commission sur Foi et Ordre (Fa) qui aborde les questions concernant la foi apostolique et la structure de l’Église, ainsi que des problèmes éthiques et sociaux sur lesquels les chrétiens continuent d’être divisés. En 2013, la Commission a publlié une remarquable déclaration de convergence sur l’ecclésiologie intitulée : « L’Église : Vers une vision commune ». C’était le résultat de nombreuses années de travail par des théologiens représentant presque toutes les traditions chrétiennes avec une importante contribution de la part de théologiens catholiques. Depuis, le PCPCU a été impliqué dans le processus de la préparation d’une réponse catholique officielle.

Pendant les 50 dernières années, cette riche collaboration s’est exprimée dans la préparation et la publication conjointe des ressources annuelles pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

Un autre groupe du COE qui inclut des catholiques comme membres de plein droit est la Commission sur la mission et l’évangélisation mondiale (CMEM). Établie en 1961, la CMEM poursuit la tradition du mouvement missionnaire international, qui a apporté, dans la première moitié du XXème siècle une importante contribution pour promouvoir l’unité parmi les chrétiens. La prochaine Conférence sur la mission et l’évangélisation mondiale, intitulée : « Avancer dans l’Esprit : Appelés à transformer l’apostolat » se tiendra à Arusha, en Tanzanie, dans une semaine. Une délégation de presque trente missionnaires et évangélisateurs catholiques, religieux et laïcs, participera à la Conférence.

Il existe aussi une coopération fructueuse entre le PCPCU et le COE dans le domaine de l’éducation et de la formation œcuménique. Depuis de nombreuses décennies, un professeur catholique sponsorisé par le PCPCU est membre à plein temps de la faculté de l’Institut œcuménique de Bossey, près de Genèse, qui est rattaché au COE. Chaque année, le PCPCU offre aussi deux bourses complètes à Bossey pour des étudiants non-catholiques. En janvier de chaque année, des étudiants et des membres du personnel de l’Institut viennent à Rome pour une visite d’étude d’une semaine, organisée et sponsorisée par le PCPCU. Le programme inclut des visites dans les différents dicastères de la Curie romaine, des rencontres avec des représentants d’ordres religieux et avec des mouvements laïcs catholiques, des visites dans des facultés de théologie et une visite guidée sur les lieux importants de l’histoire chrétienne. Le programme culmine par une audience avec le Saint-Père et la participation du groupe aux vêpres œcuméniques présidées par le pape le jour de clôture de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

La collaboration inclut aussi d’autres initiatives ad hoc entre le PCPCU et le COE.

Le 70ème anniversaire du COE

Cet anniversaire important crée une occasion, non seulement pour les Églises membres mais aussi pour le mouvement œcuménique en tant que tel, de marquer les réalisations du COE en rapprochant les Églises par le cheminement, la prière et le travail ensemble. Le pèlerinage œcuménique de Sa Sainteté le pape François au Centre œcuménique à Genève exprime son désir d’être personnellement associé en marquant l’anniversaire de la part de toute la communauté de l’Église catholique. Ce geste œcuménique signifiera la volonté continue de l’Église catholique de promouvoir de bonnes relations avec les Églises membres et avec les partenaires œcuméniques du COE et de continuer à relever ensemble les défis de notre temps.

Devise de la visite du Saint-Père au COE

La devise de la visite « Marcher – Prier – Travailler ensemble » fait écho au thème du pèlerinage de Justice et de paix, qui a été adopté par la dernière assemblée du COE comme leitmotiv de toutes ses activités actuelles. Elle reflète aussi ce qui a été défini par le pape François comme un « œcuménisme de marcher ensemble ». À plusieurs occasions, le Saint-Père a encouragé les églises à cheminer ensemble en témoignant de leur foi et en affrontant nos défis contemporains. En marchant ensemble sur le chemin vers la pleine et visible unité, les chrétiens peuvent mieux apprécier leur héritage commun et devenir plus conscients de ce qu’ils partagent déjà. En même temps, ils peuvent mieux aborder les différences qui doivent encore être surmontées, en particulier concernant les questions doctrinales et morales. Bien que la résolution des divergences théologiques soit essentielle pour l’objectif de l’unité, l’œcuménisme ne consiste pas uniquement dans le dialogue théologique. Cela doit aussi inclure la collaboration pour ceux qui sont dans le besoin et pour les nombreuses victimes de la guerre, de l’injustice et des catastrophes naturelles. Comme l’a fait observer le pape François dans un discours aux secrétaires des Communions mondiales chrétiennes : « Ensemble, nous devons aider. L’amour pour notre prochain. C’est l’œcuménisme. C’est déjà l’unité. Une unité en cheminant avec Jésus » (2).

Le dialogue théologique et la collaboration pratique sont importants pour atteindre le but de la pleine unité. Mais ils ne sont pas suffisants. Une partie essentielle de notre cheminement œcuménique doit être la prière. Comme l’a dit le Saint-Père : « Le cheminement est simple : il consiste dans la prière, avec l’aide des autres. Prier ensemble : l’œcuménisme de la prière les uns pour les autres et pour l’unité ». Il a aussi fait observer qu’il y a encore une autre forme d’œcuménisme qui caractérise notre temps : celui du sang. Ceux qui persécutent les chrétiens ne demandent pas si ils sont luthériens orthodoxes, catholiques, réformés ou pentecôtistes. Ils les reconnaissent seulement comme chrétiens. Notre cheminement ensemble a donc besoin d’embrasser l’œcuménisme dans la prière, l’œcuménisme dans le dialogue, l’œcuménisme dans l’action et l’œcuménisme dans la souffrance, y compris l’œcuménisme du sang.

Programme de la visite du Saint-Père au COE

La visite d’une journée est prévue pour le jeudi 21 juin 2018. Le programme détaillé est encore en phase de discussion. Il est prévu qu’à son arrivée à Genève, le Saint-Père rencontrera brièvement le président de la Confédération suisse pour une visite de courtoisie. Il visitera ensuite le Centre œcuménique. La visite aux quartiers généraux du COE inclura un temps pour une prière œcuménique dans la chapelle du Centre et le Saint-Père participera à une session spéciale du Comité central commémorant l’anniversaire. À l’invitation de la Conférence des évêques suisses, le Saint-Père célèbrera une messe pour la communauté catholique de Genève et pour les autres pèlerins. Le retour à Rome est prévu dans la soirée du même jour.

Conclusion

Depuis plus d’un demi-siècle, les relations entre l’Église catholique et le COE peuvent être décrites comme un « chemin commun » ou un « pèlerinage ». En dépit de visions différentes sur certaines questions doctrinales, morales ou sociales, ce pèlerinage œcuménique continue puisque les deux partenaires affirment encore leur engagement dans la recherche de la pleine et visible unité. On peut espérer que la visite du Saint-Père au COE pendant le 70ème anniversaire de sa fondation renforcera notre collaboration œcuménique pour réaliser la volonté de Jésus que tous soient un, pour que le monde croie (Jn 17,21).

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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