Mgr Giacomo Morandi secrétaire de la Doctrine de la foi © RV

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Placuit Deo: l’Église, le lieu du salut, par Mgr Giacomo Morandi

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« Des relations concrètes »

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« Où pouvons-nous recevoir le salut ? » interroge Mgr Giacomo Morandi, secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi: « Le lieu où nous recevons le salut apporté par Jésus est l’Église », répond-il en citant la lettre Placuit Deo.

Mgr Giacomo Morandi a présenté la lettre Placuit Deo, de la Congrégation de la doctrine de la foi aux évêques du monde sur le salut chrétien, au Vatican, ce jeudi 1er mars 2018, aux côtés de Mgr Luis Ladaria Ferrer, préfet du même dicastère. Il a développé la partie ecclésiologique (chapitres V et VI).

« En tant que nouveau peuple que Dieu appelle à lui », a-t-il poursuivi, l’Église est « le lieu où tous les hommes de tous les temps peuvent trouver le Sauveur et le Salut ». Elle n’est pas seulement « une institution humaine », mais elle est « inséparablement unie au Christ ».

« La grâce que le Christ nous donne », a-t-il expliqué, « nous introduit dans les relations concrètes que lui-même a vécues ; elle nous incorpore dans l’Église qui est une communauté à la fois visible et invisible, dans laquelle, tandis que nous nous approchons de nos frères, spécialement de ceux qui sont le plus dans le besoin, nous touchons réellement la chair de Jésus.

Voici notre traduction de l’intervention du secrétaire de la Congrégation, de l’original en italien.

HG

Intervention de Mgr Giacomo Morandi

Je voudrais brièvement présenter la partie ecclésiologique que nous retrouvons dans les chapitre V-VI de notre Lettre et qui constitue un corollaire de ce qui a été exposé précédemment. Selon la foi chrétienne, en effet, le salut consiste à être en communion avec le Christ grâce au don de son Esprit, pour pouvoir nous unir au Père comme fils dans le Fils et devenir un seul corps dans le « premier-né d’une multitude de frères » (Rm 8,29). En effet, le Seigneur Jésus « est, en même temps, le Sauveur et le Salut » (n.11).

En d’autres termes, nous devons nous demander : où et comment pouvons-nous recevoir ce salut ? « Le lieu où nous recevons le salut apporté par Jésus est l’Église, communauté de ceux qui, ayant été incorporés au nouvel ordre de relations inauguré par le Christ, peuvent recevoir la plénitude de l’Esprit du Christ (cf. Rm 8,9). Comprendre cette médiation salvifique de l’Église est une aide essentielle et indispensable pour dépasser toute tendance réductionniste » (n.12).

Comme nous le rappelle la Constitution dogmatique Lumen Gentium du Concile Vatican II, l’Église est « le sacrement universel du salut » (n.48), elle est dans le Christ « signe et instrument de l’intime union avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (n.1). L’Église n’est pas seulement et avant tout une institution humaine. Elle est inséparablement unie au Christ – comme le corps à la Tête et l’épouse à l’Époux. Elle est, en tant que nouveau peuple que Dieu appelle à lui, le lieu où tous les hommes de tous les temps peuvent trouver le Sauveur et le Salut. « Le salut que Dieu nous offre, en effet, ne s’obtient pas par les seules forces individuelles, comme le voudrait le néo-pélagianisme, mais à travers les relations qui naissent du Fils de Dieu incarné et qui forment la communion de l’Église » (n.12). En outre, étant donné que la grâce que le Christ nous donne n’est pas, comme le prétend la vision néo-gnostique, un salut purement intérieur, mais qui nous introduit dans les relations concrètes que lui-même a vécues ; elle nous incorpore dans l’Église qui est une communauté à la fois visible et invisible, dans laquelle, tandis que nous nous approchons de nos frères, spécialement de ceux qui sont le plus dans le besoin, nous touchons réellement la chair de Jésus. Le salut, médié par l’Église, consiste par conséquent « dans l’incorporation dans une communion de personnes, qui participe à la communion de la Trinité » (n.12).

La vision individualiste néo-pélagienne et celle, purement intérieure, néo-gnotique, contredisent ouvertement aussi l’économie des sacrements, par le moyen desquels Dieu a voulu sauver toutes les personnes humaines. « La participation, dans l’Église, au nouvel ordre de relations inaugurés par Jésus advient par le biais de sacrements, dont le baptême est la porte et l’eucharistie la source et le sommet. On voit ainsi, d’une part, l’inconsistance des prétentions de salut par soi-même qui comptent sur les seules forces humaines. La foi confesse, au contraire, que nous sommes sauvés par le baptême, qui imprime en nous le caractère indélébile de l’appartenance au Christ et à l’Église, d’où découle la transformation de notre manière concrète de vivre les relations avec Dieu, avec les hommes et avec la création (cf. Mt 28,19). Ainsi, purifiés du péché originel et de tout péché, nous sommes appelés à une nouvelle existence conforme au Christ (cf. Rm 6,4) » (n.13).

L’économie des sacrements s’oppose aussi aux tendances néo-gnostiques qui proposent un salut simplement intérieur, compris comme libération du corps et des relations concrètes dans lesquelles vit la personne. Au contraire, « le vrai salut, loin d’être la libération du corps, inclut aussi sa sanctification (cf. Rm 12,1). Le corps humain a été modelé par Dieu, qui a inscrit en lui un langage qui invite la personne humaine à reconnaître les dons du Créateur et à vivre en communion avec ses frères. Le Sauveur a rétabli et renouvelé, par son Incarnation et son mystère pascal, ce langage originel et il nous l’a communiqué dans l’économie corporelle des sacrements. Grâce aux sacrements, les chrétiens peuvent vivre dans la fidélité à la chair du Christ et, en conséquence, dans la fidélité à l’ordre concret de relations qu’il nous a donné » (n.14).

Celui qui a trouvé Jésus Sauveur est toujours missionnaire et vit d’une grande espérance. C’est pourquoi la brève conclusion de la Lettre mentionne la dimension missionnaire et eschatologique de la vie chrétienne.

Envoyée par Dieu à tous les peuples, l’Église s’efforce d’annoncer l’Évangile, la vraie Bonne Nouvelle du salut, à tous les hommes. Elle relie cette annonce à la disponibilité à établir un dialogue sincère et constructif avec les croyants d’autres religions, dans la confiance que Dieu peut conduire vers le salut dans le Christ « tous les hommes de bonne volonté, dans lequel desquels la grâce travaille invisiblement » (Gaudium et spes, 22).

Tout en se consacrant de toutes ses forces à l’évangélisation, l’Église invoque la venue définitive du Sauveur, puisque « nous avons été sauvés dans l’espérance » (Rm 8,24). Contemplant cet horizon eschatologique, nous savons que « le salut de l’homme sera accompli seulement quand, après avoir vaincu le dernier ennemi, la mort (cf. 1 Cor 15,26), nous participerons pleinement à la gloire de Jésus ressuscité, qui portera à sa plénitude notre relation avec Dieu, avec nos frères et avec toute la création. Le salut intégral, de l’âme et du corps, est le destin final auquel Dieu appelle tous les hommes. Fondés dans la foi, soutenus par l’espérance et agissants dans la charité, à l’exemple de Marie, la Mère du Sauveur et la première des sauvés, nous sommes certains que “nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance active qui le rend même capable de tout mettre sous son pouvoir” (Ph 3,20-21) » (n.15)..

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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