La doctrine de la dissuasion est « inacceptable » car elle est fondée « sur une logique de peur » et elle risque le suicide de l’humanité, affirme Mgr Silvano Maria Tomasi. L’Osservatore Romano daté du 3 février 2018 rapporte des extraits de l’interview du prélat du Dicastère pour le Service du développement humain intégral, au Huffington Post Italia.
La volonté de chefs d’Etat concernant « la modernisation et l’agrandissement des arsenaux nucléaires existants », a confié l’archevêque, est « une source de grande inquiétude… Je tiens à répéter le message que le pape François a redit plusieurs fois : ‘L’humanité risque de se suicider !' »
En effet, a-t-il affirmé, « la menace d’une explosion n’est pas un épouvantail hypothétique mais une possibilité concrète » : « Par calcul ou par accident, si l’une des quinze mille têtes nucléaires existantes explose, on risque que la chaîne de réaction qui s’ensuivra détruise la planète… dans ce climat de tension renouvelée entre les États dotés de l’arme nucléaire, on ne peut exclure des erreurs de calcul ou un incident de n’importe quel type. »
C’est pourquoi la doctrine de la dissuasion est « inacceptable » : c’est « un appareil idéologique » fondé « sur une logique de peur », « sur la démonstration de la force au lieu du dialogue, du respect des droits humains et du développement intégral des individus et des peuples ».
En outre pour l’archevêque, « tout investissement dans des instruments mortels et inacceptables comme les armes de destruction de masse, dilapide la richesse des nations, déstabilise la confrontation internationale et jette dans la détresse l’humanité souffrante ».
Mgr Tomasi a insisté sur « la nécessité de passer rapidement de l’équilibre de la dissuasion à l’éthique de la responsabilité », en citant les chiffres des dépenses militaires qui en 2016 étaient « de 1676 milliards de dollars, équivalent à 2,2 pour cent du Pib mondial ou à 227 dollars par personne » ; tandis que « pour les aides humanitaires, on n’atteint pas le chiffre des besoins de 23,5 milliards de dollars, qui seraient suffisants pour répondre aux besoins de 141,5 millions de personnes dans 37 pays du monde en état d’urgence ».
Enfin, l’ancien observateur du Saint-Siège à l’ONU a évoqué la question de l’immigration, dont la prévention « est plus complexe que l’érection de murs » : « il faut affronter les causes à la racine des mouvements de population. Des politiques économiques et militaires qui poussent à l’exploitation et au conflit et qui élargissent le fossé entre les pays et les groupes du bien-être et ceux de la pauvreté, doivent être revus et offrir des alternatives à l’émigration. Le premier droit est celui de vivre dignement dans son propre pays. »
Avec une traduction de Constance Roques