« Suite à certaines informations récemment parvenues sur le cas de Mgr Juan de la Cruz Barros Madrid, évêque d’Osorno au Chili », le pape François mandate Mgr Charles J. Scicluna, président du Collège spécial d’appel dans les cas d’abus sexuels sur mineurs de la part de clercs, au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
L’archevêque de Malte, indique un communiqué du Saint-Siège publié le 30 janvier 2018, se rendra ainsi à Santiago du Chili « pour écouter ceux qui ont exprimé la volonté de soumettre des éléments en leur possession ».
Mgr Juan Barros Madrid, nommé évêque d’Osorno en 2015, a été accusé par des laïcs de son diocèse qui réclament son départ, d’avoir été au courant des actes d’abus sexuels de son ancien mentor, Fernando Karadima, alors qu’il était séminariste. Le p. Karadima a été déclaré coupable d’abus sexuels et psychologiques par le Vatican en 2011, et condamné à se retirer dans un monastère pour une vie « de prière et de pénitence », sans aucune mission pastorale, tandis que les faits étaient prescrits pour la justice chilienne.
Le cas de Mgr Barros a fait couler beaucoup d’encre, lors du récent voyage du pape François au Chili et au Pérou (16-21 janvier). La presse chilienne avait interrogé le pape à ce sujet avant la messe qu’il a célébrée le 18 janvier à Iquique. « Il n’y a pas une seule preuve contre lui, tout est de la calomnie », avait-il alors déclaré.
Dans l’avion de Lima-Rome, le pape a confirmé son soutien à l’évêque d’Osorno : « Pour les abus, je poursuis la ligne de tolérance zéro initiée par Benoît XVI. En cinq ans, je n’ai signé aucune demande de grâce… Le cas de l’évêque Juan Barros, je l’ai fait investiguer. Il n’y a pas d’évidences de culpabilité. Aucune victime n’est venue pour l’évêque Barros, elles ne se sont pas présentées, s’il y en avait eu, j’aurais été le premier à les écouter… Si je le juge coupable sans évidence ou sans certitude morale, c’est moi qui commettrais un délit. »
Le pape a aussi présenté ses excuses aux victimes d’abus sexuels : « À Iquique, j’ai répondu à la question d’un journaliste sur l’évêque Barros. J’ai employé le terme « preuve » et j’ai dit : « Le jour où j’aurai une preuve, je parlerai ». Malheureusement, je sais que beaucoup des personnes victimes d’abus ne peuvent montrer des preuves, elles ne les ont pas et ne peuvent les avoir, ou si elles en ont, elles ont honte… Je dois leur demander pardon parce que le mot « preuve » a blessé, mon expression n’a pas été heureuse. Je présente mes excuses si j’ai blessé sans m’en apercevoir, sans le vouloir, cela me fait beaucoup souffrir… C’est pourquoi je ne veux plus utiliser le terme « preuves » mais évidences. »
Mgr Scicluna © thechurchinmalta.org
Abus sexuels : le pape mandate Mgr Scicluna au Chili pour investiguer sur le cas Barros
« Ecouter ceux qui ont exprimé la volonté de soumettre des éléments »