« Ceux qui ont faim ne peuvent plus attendre, et ne devraient pas se contenter d’une action inadéquate », écrit le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin – de la part du pape François – à l’occasion du 30e Sommet de l’Union africaine qui se tient à Addis Abeba (Ethiopie) du 27 au 29 janvier 2018.
Dans une lettre adressée au président de la République de Guinée, Alpha Condé, président en fonction de l’Assemblée de l’union africaine, le « numéro 2 » du Vatican souligne que « la situation difficile croissante en Afrique exige une attention et une coopération renouvelée en faveur de ces peuples qui, pour différentes raisons, ne peuvent pas satisfaire leurs besoins humains fondamentaux ».
Le pape François, ajoute-t-il encourage « une action renouvelée afin de libérer les peuples africain de la menace de la faim par une activité agricole et la production de nourriture dans tous les pays, et à travers une coopération efficace entre tous les Gouvernements africains et les organisations intergouvernementales ».
Le cardinal Parolin souhaite que les efforts en ce sens « ne soient pas négligés par des intérêts particuliers ou vus comme une conséquence indésirée de politiques injustes ou de mécanismes qui empêchent un juste accès aux fruits de la terre ».
Voici notre traduction intégrale de la lettre du secrétaire d’Etat.
AK
Lettre du cardinal Parolin
Excellence
Sa Sainteté le pape François vous adresse ses chaleureuses salutations ainsi qu’aux représentants de différents pays, rassemblés à Addis Abeba pour participer à l’événement de haut niveau organisé par l’Union africaine avec le soutien de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Il tient à vous assurer tous de son soutien dans la prière alors que vous discutez des progrès faits dans la mise en œuvre de la Déclaration de Malabo sur la Croissance agricole accélérée et la transformation pour une prospérité partagée et pour l’amélioration des moyens de subsistance.
Alors qu’on cherche des moyens d’éradiquer la faim sur le continent africain, nous sommes conscients que l’ « engagement à mettre un terme à la faim en 2025 » est déterminé, entre autres, par les changements climatiques et ses effets sur les activités agricole, ainsi que par l’augmentation des conflits qui déstabilise de vastes zones du continent. Nous devons cependant nous demander quel rôle joue le manque de solidarité dans cette situation tragique où des millions de vie sont en jeu.
La situation difficile croissante en Afrique exige une attention et une coopération renouvelée en faveur de ces peuples qui, pour différentes raisons, ne peuvent pas satisfaire leurs besoins humains fondamentaux. La dignité de toute personne humaine exige à juste titre que les barrières à la satisfaction de ces besoins soient surmontées par la détermination de tous, en particulier en ce qui concerne les principes de la justice distributive, à allouer des ressources par le biais de stratégies et de projets appropriés. Ceci inclut le plein soutien des mesures prises par l’Union africaine en étroite collaboration avec la FAO. Ceux qui ont faim ne peuvent plus attendre, et ne devraient pas se contenter d’une action inadéquate.
Le pape François encourage un retour à l’esprit de la Déclaration de Malabo qui a inspiré un vigoureux appel pour une action renouvelée afin de libérer les peuples africain de la menace de la faim par une activité agricole et la production de nourriture dans tous les pays, et à travers une coopération efficace entre tous les Gouvernements africains et les organisations intergouvernementales. Cet objectif nécessite l’implication d’États et d’institutions internationales d’autres continents afin d’assurer une solidarité et une responsabilité mondiales.
Une mise en œuvre partagée et tangible de la Déclaration est nécessaire pour garantir que vos efforts ne soient pas négligés par des intérêts particuliers ou vus comme une conséquence indésirée de politiques injustes ou de mécanismes qui empêchent un juste accès aux fruits de la terre. Comme l’a souligné Sa Sainteté lors de sa récente visite à la FAO : « Il faut un dialogue large et sincère à tous les niveaux, afin que les meilleures solutions puissent émerger et qu’une nouvelle relation parmi les différents acteurs sur la scène internationale puisse mûrir, caractérisée par la responsabilité mutuelle, la solidarité et la communion » (Discours à l’occasion de la Journée mondiale pour l’alimentation, 16 octobre 2017).
Le pape François demande au Dieu tout-puissant de bénir le travail de tous ceux qui promeuvent le développement et qui joignent leurs efforts afin d’éradiquer la famille et la pauvreté en Afrique. Il prie pour que tous les hommes, femmes et enfants, bénéficient pleinement des abondante ressources de la création.
Excellence, j’espère que cette réunion portera beaucoup de fruit et je vous adresse mes meilleurs vœux les plus cordiaux à cette occasion.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat