Cardinal Parolin © capture de Zenit / CTV

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"Si notre comportement n’est pas fidèle, nous sommes des menteurs, une sorte de ‘fake news’", par le card. Parolin

22e Journées internationales Saint François de Sales à Lourdes

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« Si notre comportement n’est pas fidèle, nous sommes des menteurs, une sorte de ‘fake news’ », fait observer le cardinal Parolin qui a présidé la messe matinale des Journées internationales Saint François de Sales, à Lourdes, ce vendredi 26 janvier 2018, en la basilique supérieure. Ces 22e Journées ont pour thème « Media et liberté ».
« Bien plus qu’un concept intellectuel, insiste-t-il en commentant saint Jean, la vérité est un comportement fidèle. Et l’épître de Saint Jean nous rappelle que si notre comportement n’est pas fidèle, nous sommes des menteurs, une sorte de ‘fake news’. »
Le Secrétaire d’Etat, qui s’est exprimé en français, a souligné la substance de ces Journées : « En communion avec le pape, vous explorez les diverses facettes des métiers de la communication sous l’angle du service de la vérité » car c’est « ce qui distingue ceux qui se consacrent au service de l’information ».
Le cardinal a évoqué les « agressions subies par les professionnels de la communication, certains sont tués » : « Aujourd’hui, prions spécialement pour tous ceux qui sont agressés ou tués dans l’accomplissement de leur engagement à rechercher la vérité et de leur effort pour la partager. »
« Votre métier, a reconnu le cardinal Parolin, est complexe mais votre rôle est fondamental pour une société libre et pluraliste. »
Et de citer le pape François qui souligne la responsabilité du journaliste : « D’une certaine façon, vous écrivez ‘la première ébauche de l’histoire’, en construisant l’agenda des nouvelles et en introduisant les personnes à l’interprétation des événements » (Discours au Conseil National de l’ordre des journalistes italiens, 22 septembre 2016).
Commentant l’Ecriture, le cardinal a ensuite expliqué le lien entre piété, charité, vérité : « Les hommes vraiment pieux ne séparent pas culte et amour du prochain, en particulier des plus pauvres (…). La piété biblique ne sépare jamais le culte et l’amour du prochain, et Saint Paul enseigne même qu’un comportement contraire à la véritable piété, en l’occurrence l’amour de l’argent, « coupe de la vérité » (…). »
Plus encore, « pour le chrétien, la ‘piété’, c’est l’imitation du Christ ; c’est une vie où l’amour vécu permet de manifester le visage aimant du Père, révélé en son Fils unique ‘plein de grâce et de vérité’. »
Pour le cardinal, la question de Pilate – « Qu’est-ce que la vérité ? » – « lancée de façon ironique le matin de la crucifixion, n’a rien perdu de son actualité » : « Scruter ce monde, observer l’actualité, l’interpréter, repérer les initiatives constructives c’est aussi le travail attendu des journalistes, surtout de ceux qui travaillent dans les médias catholiques. »
A propos du sens du mot vérité dans la bible hébraïque, le cardinal Parolin a rappelé son lien avec la solidité de l’alliance de Dieu créateur avec l’humanité : « En hébreu, la vérité se dit « emet » ; c’est à cette racine qu’appartient l’acclamation liturgique « Amen ». Pour l’homme de la Bible, est « vrai » ce sur quoi il peut s’appuyer pour orienter sa vie. »
« Il ne s’agit pas seulement, explique le Secrétaire d’Etat, d’être convaincu de ce qui est dit ou convaincant lorsque cela est dit, mais d’affirmer qu’il en est réellement ainsi. »
Puis il a fait observer que ce travail de la vérité se fait dans les limites humaines et révèle le besoin de miséricorde: « Le chemin de la vérité passe à travers la reconnaissance de nos limites. C’est également un moyen pour nous de nous laisser visiter par la miséricorde divine. »
Il pose une question fondamentale : « La relation à Dieu, est-elle un chemin de vérité et de liberté ? »
Il répond : « Dieu n’empêche pas l’autonomie de l’homme ; bien mieux l’humain ne se réalise pleinement que dans ce rapport au divin. »
Pour le cardinal Parolin, le journaliste chrétien est habité par la « passion » : « Ainsi sommes-nous invités à conjuguer l’obéissance à la volonté de Dieu avec la passion pour la vérité et la liberté de la recherche, conjuguer discernement de la volonté de Dieu et liberté d’opinion, en unissant la passion pour Dieu et la passion pour l’Homme, la vérité et le respect de la dignité des personnes. »
Puis le cardinal Parolin a propulsé son auditoire au cœur de la foi : « La vérité, pour nous chrétiens, ce n’est pas d’abord et surtout un corpus de doctrines, c’est une personne : le Christ. Jésus dit : « Je suis le chemin et la vérité et la vie » (Jn 14, 6). »
Il a dessiné un chemin : « On n’y accède pas en proclamant des slogans et en appliquant des principes, mais en marchant – humblement – à sa suite, en vivant en communion avec lui, en communion avec nos frères les hommes. »
Le pape François écrit: « Aimer la vérité signifie non seulement affirmer, mais vivre la vérité, en témoigner par son travail. Vivre et travailler, donc, de façon cohérente par rapport aux paroles qui s’utilisent pour un article de journal ou un reportage télévisé. La question ici n’est pas être ou ne pas être un croyant. La question ici est être ou ne pas être honnête avec soi-même et avec les autres. La relation est le cœur de toute communication. » (Discours au Conseil National de l’ordre des journalistes italiens, 22 septembre 2016).
Le cardinal Parolin est revenu à l’actualité paradoxale et tragique et aux hommes et aux femmes « qui prétendent connaître Dieu et cependant détruisent, tuent et commettent toutes sortes de mal en son nom, au nom de la vérité… »
Il n’a pas hésité à ajouter : « Prions pour les victimes et pour les bourreaux en proclamant avec force qu’on ne peut tuer au nom de Dieu, ni détruire l’homme créé à son image et ressemblance. »
Cette fois le cardinal Parolin évoque la Passion, du Christ, et sa résurrection : « L’ultime parole de vérité de Dieu, c’est le Christ en croix. La passion, mort et résurrection de Jésus est l’expression suprême de l’amour de Dieu en Jésus qui nous donne son esprit de vérité et de liberté, esprit de discernement, esprit de pardon e d’amour inconditionnel. »
Il interprète le silence du Christ devant la question de Pilate, renvoyant « le gouverneur romain à lui-même », à un « examen de conscience ». Voilà donc où passe le chemin du baptisé : « C’est souvent la même chose dans nos vies : la vérité de l’Evangile nous révèle qu’il y a tout un chemin à faire. »
Le cardinal Parolin a conclu par cette prière :
« Seigneur Jésus, Tu es le chemin, la vérité et la vie. Souvent nous éprouvons de la difficulté à te suivre, à demeurer avec Toi pour connaitre la vérité, tentés de choisir la facilité et ce qui nous est commode. Accorde-nous de savoir reconnaitre comme un don de ta grâce, notre liberté de rechercher et de communiquer la vérité. Que ton Esprit de vérité nous assiste dans le discernement quotidien de ce qui est bien, de ce qui est bon, de ce qui est beau, pour « communiquer cette triade existentielle que forment vérité, bonté et beauté » (Pape François, Discours aux représentants des médias, le 16 mars 2013). Que cette célébration eucharistique nous renouvelle dans nos promesses baptismales pour t’aimer par-dessus tout et toujours rejeter le mal, le péché et Satan, le tentateur.
Notre-Dame de Lourdes, accorde-nous d’ajuster nos engagements professionnels à la volonté de Dieu notre Père.
Amen. »
La première lecture avait été faite en espagnol, par une journaliste de Signis du Paraguay et le psaume a été chanté par le chœur et les musiciens d’Hilarium d’Angers qui soutient les liturgies de ces journées, pour Bayard Music.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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