« Les fausses nouvelles … naissent du préjugé et de l’incapacité d’écouter », affirme Mgr Dario Edoardo Viganò. Il invite les journalistes à « ramener au centre du débat la responsabilité de la communication : cette valeur, explique-t-il, jointe à la liberté d’expression, est capable de rendre la communication même un lieu d’écoute, de dialogue ».
Le préfet du Secrétariat pour la communication a en effet présenté le message du pape François pour la Journée mondiale des communications sociales 2018 : « ‘La vérité vous rendra libres’ (Jn 8,32) Fausses nouvelles et journalisme de paix ».
Mgr Vigano est intervenu dès mercredi 24 janvier 2018, dans l’après-midi, lors de l’ouverture des 22e Journées internationales Saint-François de Sales, qui se tiennent cette année à Lourdes (24-26 janvier) sous la houlette de la Fédération des médias catholiques (FMC) de France et du Secrétariat du Saint-Siège pour la communication, avec la participation de l’évêque de Tarbes-Lourdes, Mgr Nicolas Brouwet et des Sanctuaires de Lourdes, de SIGNIS et de la Conférence des évêques de France. Le thème de ces Journées est justement « Médias et vérité ».
« L’efficacité dramatique » des fake news, estime Mgr Vigano, « réside » « dans le fait de masquer son propre mensonge, de sembler plausible pour certains, en agissant sur les compétences, attentes, préjugés enracinés à l’intérieur de groupes sociaux plus ou moins larges ». « Dotées d’une capacité de prise et de retenue notables », propagées sur les réseaux sociaux et unies « à une utilisation manipulatrice », les fake news « finissent par provoquer des formes d’intolérance et de haine », souligne-t-il.
« Dans les fake news, poursuit le préfet, le problème n’est pas la non-véracité, qui est une évidence, mais la vraisemblance. »
« Dans son message, fait-il observer, le Saint-Père en parle abondamment » et propose « l’antidote le plus radical » qui consiste à « se laisser purifier par la vérité » : « Il n’y a que comme ça que nous pourrons combattre, dès leur apparition, les préjugés et la surdité, qui ne font que stopper toute forme de communication, enfermant tout le monde dans un cercle vicieux. »
« La communication, précise-t-il, n’est pas seulement de transmettre des nouvelles : c’est être disponible, s’enrichir réciproquement, la relation. » La communication, ajoute le préfet, « peut construire des ponts, des occasions de paix sans faux-fuyants » seulement si on agit « avec un cœur libre et capable d’une écoute attentive et respectueuse ».
Mgr Vigano affirme que le message du pape « repose sur une forte racine biblique ». Le texte « renvoie aux épisodes de Caïn et Abel et de la Tour de Babel » pour expliquer que quand « l’homme suit son propre égoïsme orgueilleux, il peut faire un usage déformé de la faculté de communiquer ». La manifestation du Christ, note-t-il, « est la pierre milliaire du message, sur laquelle s’appuient ensuite les réflexions et l’invitation finale du pape à « promouvoir un journalisme de paix ». « Je suis la vérité » (Jn 14,6) n’est pas une affirmation conceptuelle ou une connaissance abstraite, souligne le préfet. La révélation de Dieu en Jésus Christ conserve l’altérité en rendant la vérité marquée par la relation. Elle seule libère l’homme : « La vérité vous rendra libres » (Jn 8,32).
En concluant, Mgr Vigano appelle les journalistes et les institutions à « reconstruire le contexte afin que les faits rapportés possèdent une vraie lumière sans ombres de demi-vérités ou de vraisemblances ». « C’est aux institutions, estime-t-il, de trouver de nouvelles formes d’alliances qui vont de l’école à la politique jusqu’aux fédérations professionnelles. Sinon, la profession du journaliste perdra non seulement sa crédibilité, mais aussi son identité. »
Avec une traduction d’Océane Le Gall
