Cardinal Kurt Koch holding a conference in the Abbey of Heiligenkreuz

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La Semaine de prière pour l'unité 2018 et le mois missionnaire 2019, par le card. Kurt Koch (traduction complète)

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« L’évangélisation doit avoir une clé musicale œcuménique »

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Sous le titre « L’oecuménisme comme mission. Vers la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens », L’Osservatore Romano en italien de ce 17 janvier 2018 publie une réflexion du cardinal Kurt Kochprésident du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, sur « le lien indissociable entre l’engagement missionnaire et la responsabilité œcuménique », la Semaine de prière pour l’unité (18-25 janvier 2018) et le mois missionnaire 2019.

Affirmant que « le manque d’unité entre les chrétiens » représente « l’obstacle majeur pour la mission dans le monde », le cardinal retrace les différents chemins empruntés par le mouvement œcuménique depuis ses origines au début du siècle dernier, mouvement qui « a aussi été un mouvement missionnaire ».

« Une Église engagée oecuméniquement est le pré-requis fondamental d’une Église missionnaire », déclare encore le président du Conseil pontifical.

Le motif « le plus profond » du lien indissociable entre mission et œcuménisme, explique le cardinal suisse, réside « dans la dimension eschatologique de la mission chrétienne » : « En insérant la tâche missionnaire de l’Église dans l’horizon plus large du dessein salvifique universel de Dieu pour l’humanité, qui tend au rassemblement eschatologique de toutes les nations promis par les prophètes vétérotestamentaires, le concile montre la mission comme signe et instrument de l’unité. »

Il conclut: «L’évangélisation doit avoir une clé musicale œcuménique, afin que sa mélodie ne soit pas cacophonique mais symphonique. Si la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens nous aide à approfondir ce qui tenait à cœur à Jésus en prière et à percevoir mission et œcuménisme comme des jumeaux inséparables, alors elle sera elle aussi une contribution importante à la préparation pour le Mois missionnaire extraordinaire. »

Voici notre traduction de l’article du card. Kurt Koch.

 HG

La semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2018
et le mois missionnaire d’octobre 2019

Octobre 2019 sera le mois missionnaire extraordinaire, comme cela a été déclaré par le pape François « afin de réveiller davantage la conscience de la “missio ad gentes” et de reprendre avec un nouvel élan la transformation missionnaire de la vie et de la pastorale ». Cette décision a été rendue publique dans le message du Saint-Père à l’occasion du centenaire de la promulgation de la lettre apostolique du pape Benoît XV, Maximum illud, sur l’activité des missionnaires dans le monde. Le pape François a rappelé que l’on pourra aussi bien se disposer au Mois missionnaire extraordinaire à travers le mois missionnaire d’octobre 2018. C’est à une préparation similaire que veut aussi contribuer cette réflexion sur le lien indissociable entre l’engagement missionnaire et la responsabilité œcuménique.

Le lien étroit entre mission et œcuménisme est évident depuis l’aube du mouvement œcuménique qui, dès ses origines, a aussi été un mouvement missionnaire. Cette approche fondamentale trouva déjà une expression concrète lors de la première Conférence mondiale sur la mission qui eut lieu en Écosse, à Edimbourg en 1910. Les participants étaient conscients du scandale inhérent au fait que les différentes Églises et communautés chrétiennes en concurrence entre elles dans le travail missionnaire, avaient ruiné la crédibilité de l’annonce de l’Évangile de Jésus-Christ, surtout sur les continents les plus lointains, parce qu’elles avaient aussi apporté aux autres cultures, avec l’Évangile, les divisions dans l’Église en Europe.

Pour eux, le fait douloureux que le manque d’unité entre les chrétiens représentait l’obstacle majeur pour la mission dans le monde était donc clair. Un témoignage crédible de l’œuvre salvifique de Jésus-Christ dans le monde n’est en effet possible que lorsque les Églises réussissent à guérir leurs divisions dans la foi et dans la vie. À Edimbourg, ce fut surtout l’évêque anglican missionnaire Charles Brent qui exigea des efforts plus intenses pour dépasser ces différences relatives à la doctrine de la foi et au système des Églises, qui s’interposaient sur le chemin vers l’unité.

En gardant à l’esprit cette conscience du lien indissociable entre mission et œcuménisme, il sera facile de comprendre pourquoi se sont développés à partir d’Édimbourg deux nouveaux mouvements qui ont accompagné l’œcuménisme jusqu’à nos jours. Le premier, le « mouvement pour le christianisme pratique », appelé Life and Work, fut fondé en 1914 à Constance, dans l’objectif de promouvoir une collaboration œcuménique étroite pour affronter les grands défis de la société parmi lesquels figurait à l’époque, en particulier, l’engagement en faveur de l’entente et de la paix entre les peuples. Les priorités de ce mouvement consistaient surtout à contribuer à la résolution de problèmes sociaux et à conférer « une âme chrétienne » aux  efforts politiques d’unité à l’époque, comme ceux, par exemple, consentis par la Société des Nations, dans la conviction que, dans un monde menacé par des divisions et des conflits, les chrétiens et les Églises devaient s’employer pour la paix, unis dans une communion œcuménique.

En 1910, une seconde ramification du mouvement œcuménique partit d’Édimbourg : Faith and Order, le « mouvement pour la foi et pour la constitution de l’Église » qui, en 1948, devint une Commission autonome à l’intérieur du Conseil œcuménique des Églises. Après Édimbourg, il devint de plus en plus évident que l’objectif pratique de la collaboration œcuménique aurait pu se réaliser uniquement si les Églises s’étaient avant tout mises d’accord sur les problèmes à l’origine de leurs divisions dans la doctrine de la foi et sur les questions théologiques plus importantes liées à la constitution de l’Église. Cette seconde ramification du mouvement œcuménique a pour objectif prioritaire la recherche de l’unité dans la foi.

Les trois mouvements mentionnés ci-dessus représentent des défis différents à l’intérieur de l’œcuménisme. Faith and Order s’occupe de questions théologiques spécifiques relatives à la foi, afin de promouvoir la recherche de la recomposition de l’unité visible dans la confession de la foi, dans la communion de culte, dans la constitution de l’Église et dans le ministère. Life and Work aborde les défis séculiers de l’œcuménisme, en se concentrant sur la collaboration entre les Églises au service du monde. Le mouvement missionnaire promeut en particulier le témoignage commun des chrétiens dans le monde et devant le monde.

Le bref excursus historique à peine présenté montre que le mouvement œcuménique s’est développé, dès le début, sur ces différents chemins et que c’est sur ceux-ci qu’il faut continuer d’avancer. Mais, encore davantage, cela souligne combien le mouvement œcuménique et le mouvement missionnaire sont indissociables. Cette constatation reste absolument actuelle aujourd’hui encore. Comme l’a fait observer de manière incisive le pape François dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium, aujourd’hui aussi la division entre les chrétiens représente l’obstacle majeur pour une évangélisation crédible. Le Saint-Père insiste sur le fait que la crédibilité de l’annonce chrétienne serait beaucoup plus grande « si les chrétiens dépassaient leurs divisions » qui lui nuisent inévitablement : « Étant donné la gravité du contre-témoignage de la division entre les chrétiens, particulièrement en Asie et en Afrique, la recherche de parcours d’unité devient urgente. Les missionnaires, sur ces continents, mentionnent à maintes reprises les critiques, les plaintes et les dérisions dont ils font l’objet à cause du scandale des chrétiens divisés ». C’est pourquoi, selon le pape François, « l’engagement pour une unité qui facilite l’accueil de Jésus-Christ cesse d’être simple diplomatie ou accomplissement forcé, pour se transformer en une voie incontournable de l’évangélisation » (Evangelii gaudium, 246).

Mission et œcuménisme s’exigent et se soutiennent mutuellement. Une Église missionnaire et en effet, par nature, une Église œcuménique, et une Église engagée oecuméniquement est le prérequis fondamental d’une Église missionnaire. Déjà le concile Vatican II l’avait reconnu, comme cela transparaît dans la constitution pastorale sur l’Église dans le monde contemporain Gaudium et spes : « après s’être efforcé de pénétrer plus avant dans le mystère de l’Église, le deuxième Concile du Vatican n’hésite pas à s’adresser maintenant, non plus aux seuls fils de l’Église et à tous ceux qui se réclament du Christ, mais à tous les hommes. À tous il veut exposer comment il envisage la présence et l’action de l’Église dans le monde d’aujourd’hui » (n. 2). Avec l’indication de ce programme, la constitution pastorale, dès le début, non seulement introduit le thème fondamental de la mission de l’Église dans le monde, mais montre aussi son lien indissociable avec la constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium, dans laquelle la mission de l’Église est présentée par cercles concentriques : l’Église tourne son attention avant tout vers les « fidèles catholiques », puis « ceux qui, étant baptisés, sont marqués du nom de chrétiens » et enfin « ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile (n.14-16). Ceci montre combien le concile voit étroitement liés mission et œcuménisme : tandis que le second cercle concentrique concerne le dialogue œcuménique, le troisième cercle, celui plus extérieur, concerne l’œuvre missionnaire de l’Église.

Le motif le plus profond à la base du lien indissoluble entre engagement missionnaire et engagement œcuménique en faveur du rétablissement de l’unité des chrétiens est reconnu dans la dimension eschatologique de la mission chrétienne. Dans la description que le second chapitre de Lumen gentium fait de l’Église, surtout comme peuple de Dieu qui, pèlerin sur la terre entre le « déjà » et le « pas encore », est en chemin dans l’histoire et assume sa tâche missionnaire dans l’histoire, l’Église elle-même est comprise comme un mouvement eschatologique. S’inscrivant dans cette dynamique, le mouvement œcuménique se lie au mouvement missionnaire.

Œcuménisme et mission se présentent comme les deux formes fondamentales du chemin eschatologique de l’Église. En insérant la tâche missionnaire de l’Église dans l’horizon plus large du dessein salvifique universel de Dieu pour l’humanité, qui tend au rassemblement eschatologique de toutes les nations promis par les prophètes vétérotestamentaires, le concile montre la mission comme signe et instrument de l’unité. La mission chrétienne ne peut se concevoir que comme poursuite de la mission de Jésus-Christ qui a donné sa vie par amour des hommes ; c’est pourquoi elle peut être seulement le témoin de cet amour qui s’est révélé dans le Christ. Parce qu’elle vise à réunir les hommes dans l’amour de Dieu et se réalise dans l’amour, la mission même de l’Église et un signe d’unité.

Mais l’Église peut être le signe et l’instrument crédible « de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Lumen gentium, 1) et donc le sacrement du salut pour le monde, uniquement si elle n’offre pas au monde le déplorable spectacle de sa division. En ceci réside le motif le plus profond pour lequel le concile a eu le courage de présenter la division persistante du christianisme comme sa condition la plus anormale. Le fait que les chrétiens, qui croient en Jésus-Christ comme rédempteur et réconciliateur du monde et qui lui sont incorporés par le baptême, continuent de vivre dans des Églises séparées représente jusqu’ici le plus grand scandale du christianisme devant le monde, un scandale que le concile n’hésite pas à appeler par son vrai nom : « Une telle division non seulement s’oppose ouvertement à la volonté du Christ, mais elle est aussi un scandale pour le monde et elle ruine la plus sainte des causes : la prédication de l’Évangile à toutes les créatures » (Unitatis redintegratio, 1). S’il est vrai que la discorde entre les chrétiens est un contre-témoignage de l’annonce de l’Évangile, alors il est aussi vrai que la réconciliation œcuménique est un prérequis essentiel de la mission.

Ceci nous mène à une autre question essentielle, à savoir comprendre comment, selon le concile, l’Église doit entendre et réaliser sa mission pour rendre un témoignage crédible de l’amour de Dieu sur lequel elle est fondée, un amour qu’elle doit transmettre au monde. La première condition fondamentale consiste dans le fait que l’Église peut vivre la dynamique missionnaire de l’amour uniquement si elle jaillit de la joie de l’Évangile, si elle témoigne de l’Evangelii gaudium, dans le désir de partager avec les autres le don précieux qui nous est fait par Dieu. C’est précisément en raison de ce désir que l’Église ne peut garder l’Évangile pour elle, en étant satisfaite d’elle-même, mais elle doit aller au-delà d’elle-même et rejoindre les hommes puisqu’elle est envoyée aux hommes.

 De même que les chrétiens ne peuvent garder pour eux l’Évangile, ils ne peuvent pas non plus l’imposer aux autres. Ils devront plutôt le donner généreusement, dans une pleine liberté, invitant les autres à l’accueillir. La mission chrétienne s’accomplit uniquement si le cœur des chrétiens, plein de la joie de la foi, touche le cœur d’autres hommes et si la raison éclairée par la foi parle à leur raison. La mission chrétienne est un processus tout à fait libre : c’est la libre invitation, adressée à la liberté de l’autre, à entrer en communication et à entreprendre un dialogue libre et vital, comme l’a fait observer le pape Benoît XVI lorsqu’il a décrit par des mots concis la mission de l’Église pendant l’homélie donnée à Aparecida en mai 2007, lors de la messe d’inauguration, à l’occasion de la cinquième Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes : « L’Église ne fait pas de prosélytisme. Elle se développe plutôt “par attraction” : comme le Christ “ attire tout le monde à lui” par la force de son amour, qui a culminé dans le sacrifice de la Croix, ainsi l’Église remplit sa mission dans la mesure où, associée au Christ, elle réalise chacune de ses œuvres dans une conformité spirituelle et concrète avec la charité de son Seigneur ».

Ce qu’affirme le concile à propos du lien étroit entre mission et œcuménisme vaut encore plus en référence à ce défi historique devant lequel se trouve aujourd’hui le christianisme, à savoir la nouvelle évangélisation. Par “missio ad gentes”, on entend la tâche pastorale de créer pour la première fois dans l’histoire un espace vital pour l’Évangile de Jésus-Christ dans ces cultures qui ne sont pas encore entrées en contact avec le christianisme, tâche qui est donc appelée première évangélisation ; en revanche, la nouvelle évangélisation consiste dans l’effort renouvelé d’annoncer l’Évangile surtout dans ces sociétés, présentes principalement en Europe, qui, tout en ayant expérimenté la culture chrétienne depuis des siècles, ont connu, dans le processus de la modernité, une profonde sécularisation – en Europe occidentale – ou une campagne dure d’anéantissement de la foi chrétienne et une répression systématique des Églises chrétiennes – en Europe de l’est.

Il y a encore une différence importante aussi en ce qui concerne la dimension œcuménique de la tâche missionnaire : tandis que la première évangélisation a donné naissance, sur le continent européen, à un christianisme qui vivait dans une unique Église, la nouvelle évangélisation s’adresse à un christianisme qui vit encore dans des Églises séparées et ne pourra par conséquent être réalisé de manière crédible que si elle a une clé musicale œcuménique. Il y a déjà longtemps, le père jésuite allemand Alfred Delp était bien conscient de ce défi, lui qui fut tué à cause de son opposition à l’idéologie du national-socialisme le 2 février 1945 à Plötzensee à Berlin. Déjà à l’époque, il était arrivé à la conclusion que, surtout en Europe, nous sommes devenus une terre de mission et que nous devons en prendre acte. Dans un article écrit au début de la dernière année de sa vie sur le « Destin des Églises », il avait prophétisé que la capacité, de la part de l’Église, de trouver encore une fois une voie qui la rapprocherait des hommes dépendrait d’une question fondamentale : « si les Églises font subir de nouveau à l’humanité l’image d’un christianisme litigieux, elles ont fermé. Nous devons accepter de porter le poids de la division à la fois comme destin historique et comme une croix. Personne, parmi ceux qui sont encore en vie aujourd’hui, ne voudrait le refaire. En même temps, la division doit être aussi notre honte permanente, parce que nous n’avons pas été en mesure de conserver intact l’héritage du Christ, son amour ». Delp avait clairement compris qu’une nouvelle évangélisation fructueuse doit s’accompagner de la recherche persévérante de la pleine unité des chrétiens, réalisée avec toutes les forces et qu’inversement le mouvement œcuménique doit affronter le défi de la nouvelle évangélisation.

À la lumière de ce qui a été dit, nous pouvons constater avec gratitude qu’après le concile Vatican II, tous les pontifes qui se sont engagés en faveur de la recherche de l’unité des chrétiens ont mis au centre de la vie ecclésiale aussi la tâche missionnaire de l’Église, surtout du point de vue de la nouvelle évangélisation, encourageant ainsi la réception du thème de la mission, cher au concile, avec une cohérence et une continuité exceptionnelles. À l’occasion du dixième anniversaire de la conclusion du concile, en 1975, le pape Paul VI publia, devant l’émergence de nouveaux défis, son extraordinaire exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, où il reconnaissait l’identité fondamentale de l’Église dans son activité d’évangélisation : « Évangéliser, en effet, est la grâce et la vocation propre de l’Église, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser » (n.14). Afin que cette tâche d’évangélisation puisse être réalisée de manière crédible, l’Église elle-même a continuellement besoin d’une auto-évangélisation qui comprenne aussi la conversion à la recherche œcuménique de l’unité des chrétiens.

Au cours de son long pontificat, le pape Jean-Paul II a promu une nouvelle évangélisation de grande envergure, comme un chemin pastoral de l’Église vers l’avenir. Avec son appel, « l’heure est venue d’entreprendre une nouvelle évangélisation », il entendait donner une réponse surtout aux changements décisifs qui s’étaient vérifiés dans les pays européens après le tournant de 1989. C’est pourquoi il était aussi convaincu du fait que le christianisme devait être plus disposé à « emprunter le chemin de cette unité pour laquelle le Christ pria la veille de sa passion » (Entrer dans l’espérance, p. 164).

Au centre de son engagement en faveur de la nouvelle évangélisation, le pape Benoît XVI a mis le kérygme christologique comme contenu fondamental, afin de donner un élan vivifié au témoignage de Jésus-Christ dans la société actuelle. Et pour approfondir ce programme, il a institué un nouveau conseil pontifical : le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Sa conviction que le témoignage chrétien de Jésus-Christ peut être rendu de manière crédible uniquement s’il présentait une clé musicale œcuménique dans le monde d’aujourd’hui, a été déterminante. La nouvelle évangélisation, en effet, « nous demande aussi de poursuivre avec engagement la recherche de la pleine unité entre les chrétiens » (Homélie du 28 juin 2010).

Sur les traces de ses prédécesseurs, le pape François poursuit aujourd’hui avec cohérence l’œuvre de la nouvelle évangélisation, se référant à ces impulsions missionnaires mentionnées dans le message de la cinquième Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes auquel le cardinal Bergoglio de l’époque avait beaucoup contribué et qui, par la suite, a été décrit par lui comme « l’Evangelii nuntiandi de l’Amérique latine », en référence à l’élan missionnaire du pape Paul VI. Avec son exhortation apostolique Evangelii gaudium, le pape François invite les fidèles chrétiens à « une nouvelle étape évangélisatrice » (n.1) marquée par la joie et à une « transformation missionnaire de l’Église » dans une « Église en sortie » (n. 19-23) à laquelle participe aussi la communion œcuménique avec son témoignage et son service.

À la lumière des orientations fournies pour la nouvelle évangélisation par les différents pontifes, il apparaît évident que le témoignage de l’amour de Dieu, qui fait partie intégrante et constitutive de l’identité de la foi chrétienne, doit être rendu, dans le monde d’aujourd’hui, dans une communion œcuménique. Ce lien indissociable entre évangélisation et recherche de l’unité des chrétiens dont l’Église, depuis le concile, est devenue toujours plus consciente, est au fond aussi vieux que le christianisme et remonte au cénacle où Jésus, à la veille de sa passion et de sa mort, pria pour l’unité de ses disciples, avec une intention précise : « pour que le monde croit que tu m’as envoyé » (Jean 17,21). Avec cette proposition finale dans la prière du Seigneur, l’évangéliste Jean nous dit que l’unité des disciples n’est pas une fin en soi mais qu’elle est au service de la crédibilité de la mission de Jésus-Christ et de son Église et représente l’indispensable prérequis d’un témoignage convaincant dans le monde.

L’évangélisation doit avoir une clé musicale œcuménique, afin que sa mélodie ne soit pas cacophonique mais symphonique. Si la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens nous aide à approfondir ce qui tenait à cœur à Jésus en prière et à percevoir mission et œcuménisme comme des jumeaux inséparables, alors elle sera elle aussi une contribution importante à la préparation pour le Mois missionnaire extraordinaire.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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