FR Consolmagno (c) Specola vaticana

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"Dieu veut que l'univers existe", affirme le frère Consolmagno

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Le point sur la vie extraterrestre et le Big Bang

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« Dieu n’est pas une force qui, avec la gravité ou l’électricité, fait se produire les choses dans l’univers. La création de Dieu est plutôt la raison du pourquoi il existe un univers, et pourquoi il y a toutes ces lois», affirme le frère Guy Consolmagno, directeur de l’Observatoire astronomique du Vatican (Specola Vaticana). « Dieu veut que l’univers existe… cette volonté de Dieu se manifeste à chaque instant, dans l’espace et dans le temps. »
Dans une grande interview au quotidien italien Avvenire publiée le jeudi 4 janvier 2018, l’astronome jésuite parle de la vie extraterrestre, de la pollution lumineuse et du Big Bang. Natif de Détroit (États-Unis), le frère Consolmagno est considéré comme l’un des plus grands experts mondiaux des météorites. L’Union Astronomique Internationale a baptisé un astéroïde du nom de ‘4597 Consolmagno’. Il est aussi membre du Comité consultatif scientifique de l’Institut Seti fondé pour la recherche de l’intelligence extraterrestre.
« Quand une personne athée pense pouvoir aujourd’hui rendre compte du moment du Big Bang en utilisant les lois de la physique, elle peut difficilement démentir le rôle de Dieu », estime le frère Consolmagno. Le Big Bang « est un point très important, car il y a méprise chez tant de personnes sur ce que nous entendons, nous chrétiens, par le mot ‘création’.».
Pourtant, explique-t-il, l’astrophysicien Georges Lemaître, auteur de la théorie du Big Bang, « a bien compris que la création n’est pas un événement survenu uniquement au moment du Big Bang. Dieu est en dehors de l’espace et du temps puisqu’Il a créé l’espace et le temps ! Cela signifie que sa création a lieu en tout point de l’espace, à chaque moment. »
Ce n’est qu’en embrassant l’obscurité que nous pouvons vraiment voir la lumière 
Cependant, l’homme endommage considérablement la création divine, souligne le jésuite américain : « Je vois aussi, hélas, toutes les étoiles que les laides lumières de la ville que nous, humains, avons jetées dans le ciel, et qui offusquent ma vue. La pollution lumineuse – comme a souligné le pape Benoît XVI le samedi saint, en 2012 – est une parfaite analogie pour décrire comment nous tentons de cacher Dieu et sa gloire à nos yeux. C’est comme si nous avions peur de Dieu et avions peur des étoiles au lieu d’avoir peur des ténèbres. Or, ce n’est qu’en embrassant l’obscurité que nous pouvons vraiment voir la lumière. »
Le frère Consolmagno exprime aussi son point de vue sur la situation actuelle dans la recherche de la vie extraterrestre : « Nous avons appris que pour découvrir la vie nous devions avoir une compréhension beaucoup plus ample des lieux, mais aussi des choses que nous cherchons. »
« Nous mettre en contact avec les extraterrestres ? s’interroge-t-il. Je crois que cela n’arrivera pas avant longtemps. Nous avons le problème des distances, très grandes. Plus nous regardons loin de la Terre, plus grandes sont les probabilités qu’il existe une planète avec intelligence ; mais il sera plus difficile de communiquer avec eux de manière significative. »
L’exploration, déclare le directeur de l’Observatoire, devrait se faire « pas-à-pas » dans « des lieux probables de notre système solaire ». « Nos sondes sur Mars ont exploré la surface de l’orbite de façon très détaillée, puis nous avons envoyé robot rover pour explorer la géochimie de certaines régions particulières. Après chaque mission nous nous arrêtons pour déterminer ce que nous avons appris et nous poser de nouvelles questions. Il faudra au moins encore 20 ans avant que nous puissions vraiment dire quelque chose de définitif sur la vie sur Mars. Les autres lieux probables pour chercher la vie sont l’eau des océans qui, maintenant nous le savons, existent sous les croûtes glacières des lunes comme Europe et Encelade. Hélas, ces endroits sont plus loin et plus difficiles à explorer, si bien que nous avons seulement commencé à y envoyer les sondes spatiales qu’il nous faut là-bas. Je n’attends pas de réponse de leur part avant au moins cinquante ans. Mais nous devons faire ce travail pour donner à nos enfants et petits-enfants les données dont ils auront besoin pour poursuivre les recherches. Il faudra des décennies avant de faire des affirmations solides. Mais nous avons commencé. »
Même la présence de la vie microbienne dans notre système solaire ne peut pas être confirmée aujourd’hui, juge le savant : « Nous l’ignorons, dit-il.  À ce stade, nous ne sommes même pas en mesure de la reconnaître si nous devions la trouver. Voilà pourquoi nous devons procéder lentement, à petits pas, comme je disais. C’est ennuyeux, mais nécessaire.»
Actuellement, à l’Institut Seti, raconte le frère Consolmagno, « travaillent plus de 70 scientifiques, tous sur ces petits passages nécessaires. Aucun ne cherche à trouver un clair signal univoque qui dise ‘ici il y a de la vie ‘ ».
Avec une traduction d’Océane Le Gall

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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