« Donner gratuitement, pour le Seigneur, sans s’attendre à quelque chose en retour … Faire le bien sans calcul, même si personne ne nous le demande, même si l’on n’y gagne rien, même si cela ne nous fait pas plaisir ». C’est l’exhortation du pape François dans son homélie pour l’Epiphanie, ce 6 janvier 2018.
En célébrant une messe dans la basilique Saint-Pierre, le pape a expliqué qu’à l’exemple des trois mages, « offrir un don gratuit à Jésus c’est soigner un malade, donner du temps à une personne difficile, aider quelqu’un qui ne présente pas d’intérêt, offrir le pardon à qui nous a offensé ». « Regardons nos mains, souvent vides d’amour, et essayons aujourd’hui de penser à un don gratuit, sans contrepartie, que nous pouvons offrir », a-t-il encouragé.
Des émotions fortes qui n’orientent pas
Au fil de son homélie, le pape a mis en garde contre diverses tentations comme celle de « regarder vers le sol : la santé, un peu d’argent et quelques divertissements suffisent ». Le chrétien doit au contraire « lever le regard vers le ciel… rêver, désirer Dieu, attendre sa nouveauté ». « Les Mages ne se sont pas contentés de vivoter, de surnager. Ils ont eu l’intuition que, pour vivre vraiment, il faut un but élevé et pour cela il faut avoir le regard levé ».
Il y a aussi la tentation des « étoiles éblouissantes qui créent des émotions fortes mais qui n’orientent pas la marche. Il en est ainsi du succès, de l’argent, de la carrière, des honneurs, des plaisirs recherchés comme but de l’existence. Ce sont des météores : ils brillent un peu mais ils tombent vite et leur lueur disparaît. Ce sont des étoiles filantes qui désorientent au lieu d’orienter », a souligné le pape : « L’étoile du Seigneur, au contraire, n’est pas toujours fulgurante, mais toujours présente… Elle ne promet pas de récompenses matérielles, mais elle assure la paix et donne… une très grande joie ».
On parle mais on ne prie pas
Le pape a également prévenu contre la « tentation de celui qui est croyant depuis longtemps : il disserte sur la foi, comme d’une chose qu’il sait déjà mais il ne se met pas en jeu personnellement pour le Seigneur. On parle mais on ne prie pas ; on se lamente mais on ne fait pas de bien ». Les Mages, en revanche, a-t-il constaté, « parlent peu et marchent beaucoup. Bien qu’ignorants des vérités de foi, ils ont le désir et ils sont en chemin.. toujours en mouvement ».
Il a invité à « la fatigue quotidienne de la marche… se libérer des poids inutiles et des fastes encombrants qui entravent, et accepter les imprévus qui apparaissent sur la carte de la vie tranquille. Jésus se laisse trouver par qui le cherche, mais pour le chercher il faut bouger, sortir. Ne pas attendre ; risquer. Ne pas rester immobile ; avancer. Jésus est exigeant : il propose à celui qui le cherche de quitter le fauteuil du confort mondain et les tiédeurs rassurantes de nos cheminées ».
« Suivre Jésus n’est pas un protocole poli à respecter mais un exode à vivre, a insisté le pape… Pour trouver Jésus il faut abandonner la peur de se mettre en jeu, la satisfaction de se sentir arrivé, la paresse de ne plus rien demander à la vie. »
Après l’Evangile, le diacre a annoncé, selon la tradition, la date de Pâques et des temps liturgiques de l’année : 14 février, Mercredi des Cendres ; 1er avril, Pâques ; 10 mai, Ascension ; 20 mai, Pentecôte ; 31 mai, fête du Corps et du Sang du Christ ; 2 décembre, premier dimanche de l’Avent.
La fête de l’Epiphanie tombant cette année un samedi, elle sera célébrée le dimanche 7 janvier dans certains pays, comme en France.
Epiphanie © Vatican Media
"Même si personne ne nous le demande, même si l’on n’y gagne rien, même si cela ne nous fait pas plaisir"
Homélie du pape pour l’Epiphanie