Mgr Paul Richard Gallagher, capture Salt&Light

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OSCE: un rôle décisif à jouer pour la paix, par Mgr Gallagher (traduction complète)

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Le lien entre le respect des droits de l’homme et la paix

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Soulignant d’emblée les « nombreux » « défis à la stabilité et à la sécurité des États participants de l’OSCE », ainsi que les défis au sein de l’Organisation, Mgr Gallagher a redit la confiance du Saint-Siège à l’égard de cet organisme qui « peut et doit jouer un rôle décisif » « dans sa région et au-delà ».

Le secrétaire pour les Relations avec les États du Vatican, Mgr Paul R. Gallagher, a prononcé un discours au cours du XXIVème Conseil ministériel de l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, qui s’est réuni à Vienne les 7 et 8 décembre 2017. Mgr Gallagher est intervenu le jeudi 7 décembre 2017.

« La sécurité et la coopération entre les États ne peuvent être durables que si elles reposent non pas sur des capacités politiques et stratégiques, mais sur la justice, la solidarité et le respect des droits de l’homme universels et des libertés fondamentales », a-t-il déclaré. « Si nous voulons rechercher la vraie paix, la dignité inhérente à toute personne humaine, à partir de laquelle découlent ses droits inaliénables, doit rester notre point de départ. »

Voici notre traduction du discours en anglais prononcé par Mgr Gallagher.

HG

Intervention du Saint-Siège à l’OSCE

Monsieur le Président,

Je voudrais commencer par adresser à cette 24e réunion du Conseil ministériel les meilleurs vœux de Sa Sainteté le pape François, qui assure toute la famille de l’OSCE de sa proximité et de ses prières.

En outre, je tiens à exprimer ma gratitude et celle de ma délégation au Président en exercice, Son Excellence Sebastian Kurz, Ministre fédéral de l’Europe, de l’Intégration et des Affaires étrangères de la République d’Autriche, ainsi qu’à toute la Présidence en exercice autrichienne de l’OSCE de 2017, pour ses efforts au cours de cette année et pour sa généreuse hospitalité pendant ces journées dans la ville de Vienne. Espérons que l’esprit diplomatique qui tire son nom de cette capitale guide nos délibérations vers un aboutissement réussi.

Défis et opportunités renouvelées

L’année en cours a confirmé que les défis à la sécurité et à la stabilité des États participants de l’OSCE sont nombreux, notamment les conflits « gelés » qui durent depuis des décennies, les conflits plus récents mais non moins graves, les attentats terroristes et autres épisodes de violence alimentée par le VERLT (1). Le Saint-Siège s’inquiète de ce qu’il considère comme un durcissement des cœurs envers « l’étranger » (2), notamment envers les migrants et les réfugiés, mais aussi envers ceux qui, à cause de « la race, le sexe, la langue ou la religion » (3), deviennent victimes de discrimination injuste.

Il faut également reconnaître qu’il existe des défis au sein de notre Organisation. Les discussions ardues sur la nomination des quatre hauts fonctionnaires, combinées avec les défis continus à l’adoption en temps opportun du budget unifié annuel, et les progrès nécessaires sur la révision des barèmes de contribution de l’OSCE et le cadre juridique de l’Organisation, montrent clairement que tout n’est pas comme il se doit dans le travail et les activités quotidiennes de l’OSCE.

Cependant, même si les défis sont nombreux et que rien ne semble gagné pour nous, je suis heureux de confirmer une fois de plus que le Saint-Siège croit en l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. L’OSCE peut et doit jouer un rôle décisif pour assurer la sécurité et la stabilité dans sa région et au-delà, fidèle à sa nature et à sa mission en tant qu’arrangement de sécurité régionale. Son vaste ensemble d’engagements adoptés de manière consensuelle et sa boîte à outils de prévention et de résolution des conflits, qui est sans égal, permettent aux 57 États participants d’analyser, de débattre et de relever les défis.

Confiance et dialogue

La confiance du Saint-Siège dans l’OSCE est fondée sur son adhésion incessante à l’Evangile de la paix et à sa proclamation de celui-ci (Ep 6,15). Cela signifie que le Saint-Siège est toujours prêt à coopérer avec toutes les autorités nationales et internationales, ainsi qu’avec toutes les autres parties prenantes, pour sauvegarder l’immense bien universel qu’est la paix. Comme l’affirmait le pape Paul VI, « la paix ne se construit pas uniquement par la politique et l’équilibre des pouvoirs et des intérêts. En fait, construire et consolider la paix est une obligation morale, une responsabilité urgente qui doit être renforcée par une culture de confiance fondée sur un véritable dialogue ».

Pour parvenir à la paix, il faut quelque chose de plus fondamental que de simplement retirer des armes : « Pour parvenir au bien de la paix, il faut d’abord éduquer à la paix et bannir une culture de conflit axée sur la peur des autres » (5). Ma délégation soutient donc que la sécurité ne sera efficace et durable que si les initiatives de contrôle des armements et de prévention et de règlement des conflits, qui sont propres à l’OSCE, vont de pair avec les progrès plus importants qui s’imposent dans chacune des trois corbeilles de l’OSCE.

La compréhension mutuelle, qui exige avant tout une évaluation réaliste des conditions actuelles de divergence ou de conflit, est essentielle à la promotion de la paix, afin de confier sa solution à un dialogue patient et constructif. Cela exige des sacrifices de la part des participants, pour assurer le succès des meilleures options. Si le dialogue semble moins glorieux que le combat sur le champ de bataille, son résultat – une paix juste et durable – est bien plus bénéfique pour toutes les parties concernées, y compris les milliers, voire les millions, qui pourraient être affectés, directement ou indirectement, par un conflit armé.

L’approche globale de la sécurité et le dialogue inclusif, ouvert et transparent qui caractérisent l’OSCE sont vitaux pour le Saint-Siège et ils demeurent l’une des principales raisons de notre engagement continu avec la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) et, par la suite, avec l’OSCE. La nature politique de l’Organisation et ses règles de prise de décision se sont avérées être une grande force et ont permis aux 57 États participants de parvenir à un consensus sur un grand nombre de questions qui, autrement, auraient simplement été impossibles à résoudre.

Cependant, pour que l’approche globale de la sécurité devienne une réalité, la confiance doit être le principe clé dans l’évolution des relations entre les États, et certainement parmi les États participants de l’OSCE. Ma délégation reste convaincue que sans une compréhension adéquate de cette réalité, notre Organisation rencontrera de grandes difficultés pour trouver les solutions et voies d’avenir nécessaires, compte tenu de nos nombreux défis.

La dimension humaine de la sécurité globale

Depuis l’Acte final d’Helsinki, les droits de l’homme universels et les libertés fondamentales ont été reconnus comme « un facteur essentiel pour la paix, la justice et le bien-être nécessaires au développement de relations amicales et de coopération entre tous les États » (6).

La philosophie éthique de l’AFH (Acte final d’Helsinki) est concernée et à juste titre préoccupée par l’élément humain de la paix et des relations internationales. C’est pourquoi le Saint-Siège souhaite souligner à nouveau la centralité de la « troisième corbeille », afin de développer des relations amicales et une coopération entre les États participants comme entre tous les États, reflétant la complémentarité, l’interdépendance et le renforcement mutuel entre les droits de l’homme et les libertés fondamentales d’une part, et la sécurité de l’autre.

La sécurité et la coopération entre les États ne peuvent être durables que si elles reposent non pas sur des capacités politiques et stratégiques, mais sur la justice, la solidarité et le respect des droits de l’homme universels et des libertés fondamentales. Si nous voulons rechercher la vraie paix, la dignité inhérente à toute personne humaine, à partir de laquelle découlent ses droits inaliénables, doit rester notre point de départ. Certes, les droits de l’homme et les libertés fondamentales ne peuvent être séparés du devoir de chaque citoyen de respecter les droits des autres et de coopérer en faveur du bien commun. Les droits sans les obligations correspondantes ne sont pas des droits du tout.

Ma délégation souhaite également rappeler que tous les signataires de l’AFH se sont engagés à reconnaître l’importance universelle des droits de l’homme et des libertés fondamentales et ils sont tenus de mettre en œuvre les engagements pertinents, avec l’aide des structures de l’OSCE, conformément à leurs mandats. À cet égard, le Saint-Siège demeure confiant que l’OSCE et ses structures concentreront leurs énergies, leurs efforts et leurs ressources sur la poursuite des engagements déjà pris, dont beaucoup doivent encore être mis en œuvre, en gardant à l’esprit qu’une « interprétation » unilatérale ou non basée sur un consensus ne peut pas être utilisée d’une manière qui entraîne une modification substantielle, une annulation ou une transformation des engagements existants de l’OSCE.

D’autre part, il serait souhaitable de reconnaître que les appels à élargir les engagements de l’OSCE, sans tenir compte de l’approche spécifique de l’OSCE, pourraient entraîner une dilution des programmes et projets de l’OSCE, ainsi qu’une duplication possible des activités d’autres organisations.

En conclusion, je souhaite renouveler ma gratitude à la Présidence autrichienne pour sa direction et les efforts déployés au cours de l’année écoulée et exprimer mes sincères vœux de succès à la future Présidence italienne, tout en assurant la coopération et le soutien continus du Saint-Siège.

Merci, Monsieur le Président.

___________________________

1 “Violent Extremism and Radicalization that Lead to Terrorism” (Extrémisme violent et radicalisation menant au terrorisme).

2 Cf. Pape François, Message pour la 104ème Journée mondiale des migrants et des réfugiés, 14 janvier 2018.

3 Acte final d’Helsinki

4 Pape Paul VI, Discours à l’Organisation des Nations Unies, 4 octobre 1965.

5 Pape François, Discours au Conseil de l’Europe, 25 novembre 2014.

6 Acte final d’Helsinki

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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